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Par l’action de ces causes, et de beaucoup d’autres moins sensibles, mais non moins influentes, on vit disparaître ces prétentions de supériorité qui irritaient tous les amours propres, et ces airs gourmés dont il ne reste plus que quelques vieux modèles ; on quitta ces habits habillés qui habillent si mal ; ces broderies et ces galons si peu séans aux hommes. Les premiers rangs de la société se plurent à se confondre avec les autres citoyens, le même frac les couvrit tous, et avant qu’on se fût sérieusement occupé de liberté, les Français avaient déjà le costume d’un peuple libre.

Dans un tel état de choses les duels devaient être plus rares. Ils le furent en effet ; et nous en avons une preuve incontestable dans le petit nombre de duels qui eurent lieu pendant l’Assemblée constituante[1].

L’urbanité française, les formes d’une bonne éducation et les sentimens d’une considération réciproque, tempérèrent l’exas-

  1. Voyez au §. IX.