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pour pouvoir sans inconvénient mépriser ou pardonner une injure[1].

Car il est une chose qu’on ne doit jamais perdre de vue, c’est qu’on ne se bat qu’autant qu’on le veut bien ; et si l’opinion publique peut venir jusqu’à approuver ce refus, si on veut convenir qu’on peut, par toute autre raison que par crainte de la mort, décliner le tribunal de la justice personnelle où l’offensé ne peut paraître qu’avec désavantage, il n’y aura plus de duel.

Mais ce duel si abhorré n’a-t-il pas fait quelque bien ?

Il contribue au maintien des égards qu’on se doit dans la société, non comme on a paru le croire par la frayeur qu’il cause ; quoiqu’il y eût bien, quelque chose à dire là-dessus, puisqu’on sait que les plus impolis ne sont pas toujours les plus braves ; mais en rendant plus important et plus général ce principe de l’éducation première, qu’il ne faut offenser personne.

  1. Voyez le §. XVI.