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COMMENTAIRE HISTORIQUE

la Poësie soit née : car la Poësie sans les instrumens, ou sans la grace d’une seule ou plusieurs voix, n’est nullement aggreable, non plus que les instrumens sans ostre animez de la melodie d’une plaisante voix ». (Bl.. VII, 320.) Mais Binet s’est également souvenu d’un avis en prose sur les vers saphiques, édité en 1587, où Ronsard dit que les instrumens « sont la vie et l’ame de la Poësie » (II, 376), et peut-être aussi de l’Hymne de France où il exalte « la Poësie et la Musique sœurs », en même temps que les œuvres de nos peintres et de nos sculpteurs (V, 287-88). Voir encore l’ode de ses débuts A son Luc, où il se déclare un admirateur passionné de la musique et de la peinture (II, 395-90) ; les odes Bien que le repli de Sarte, et Tableau que l’eternelle gloire (II, 339 et 410) ; un passage de l’Hymne du Card. de Lorraine sur les concerts donnés par Ferabosco, et un sonnet à la louange du luthiste Vaumeny (V, 96 et 341) ; l’épitaphe d’Albert Ripe, autre luthiste, célèbre à la cour de François Ier, et surtout la préface des Meslanges musicaux (VII, 247 et 337-40). Cf. Ch. Comte et P. Laumonier, art. sur Ronsard et les Musiciens du XVIe s. dans la Rev. d’Hist. litt. de juin 1900 ; J. Tiersot, op. cit.

P. 46, l. 2. — en jugeront. V. ma thèse sur Ronsard p. lyr., première partie, chap. v, § 3 : Ronsard aristarque de ses œuvres. — Binet me semble s’être souvenu ici d’un passage de Quintilien, Inst. Orat., liv. X, § 4 : « Et ipsa emendatio finem habeat. Sunt enim qui ad omnia scripta tanquam vitiosa redeant... Sit ergo aliquando quod placeat aut certe quod sufficiat, ut opus poliat lima, non exterat. »

P. 46, l. 9. — le sien. C’est également l’opinion de l’historien J.-A. de Thou qui estime Ronsard « post Augusti aetatem poeta praestantissimus » (Hist., XXXVII, éd. de 1733, tome II, p. 435).

P. 46, l. 25. — unique. Même opinion dans G. Critton, v. ci-dessus, p. 107, deuxième alinéa ; Du Perron, Or. fun. (voir le Ronsard de Bl., VIII, 191) ; Pasquier, Recherches de la Fr., VII, ch. vi : « Davantage, Petrarque n’écrivit qu’en un sujet, et cetui en une infinité : il a en nostre langue representé uns Homere, Pindare, Theocrite, Virgile, Catulle, Horace, Petrarque, et par mesme moyen diversifié son style en autant de manieres qu’il lui a plu, ores d’un ton haut, ores moyen, ores bas... »

P. 47, l. 5. — recherchées. La plupart de ces expressions et celles que Binet ajoute en B se trouvent dans la préface posthume de la Franciade : « ... les illustrant de comparaisons bien adaptées, de descriptions florides, c’est-à-dire enrichies de passemens, broderies, tapisseries et entrelassemens de fleurs poëtiques » ; « ... l’enrichissant d’epithetes significatifs et non oisifs, c’est-à-dire qui servent à la substance des vers » ; « les autres... d’artifice et d’un esprit naturel, elabouré par longues estudes... descrivent leurs conceptions d’un style nombreux, plein d’une venerable majesté comme a faict Virgile en sa divine Æneide » ; « il ne se faut esmerveiller si j’estime Virgile plus excellent et plus rond, plus serré et parfait que tous les autres » (Bl., III, 16, 18, 22, 23).

P. 47, l. 10. — curieux. Voir ci-dessus, pp. 110 et 111, aux mots « Rose de Pindare ».

P. 47, l. 18. — nombreux et sonoreux. Source : la lettre de Ronsard à