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ET CRITIQUE

P. 38, l. 34. — Cardinal de Bourbon. Charles de Bourbon, cardinal archevêque de Rouen, était un des frères cadets d’Antoine de Bourbon-Vendôme. Par le traité de Joinville du 31 décembre 1584, entre Henri de Guise et le roi d’Espagne, la succession des Valois lui était assurée. À la mort de Henri III, le duc de Mayenne le fit proclamer roi à Paris sous le nom de Charles X, pendant que son neveu Henri de Navarre était proclamé au camp de Saint-Cloud, sous le nom de Henri IV. Il mourut peu après, le 9 mai 1590, n’ayant été « qu’un roi de théâtre et en peinture, car il n’exerça un seul moment la royauté » (P. de l’Estoile, Mémoires, éd. Brunet, V, 247, et Table, p. 48, au nom de Bourbon (Charles de), cardinalis Borbonius...)

P. 38, l. 44. — honeste labeur. Extrait de l’Epistre au lecteur qui avait servi de préface aux Odes de 1550 : « Si les hommes tant des siecles passés que du nostre, ont merité quelque louange pour avoir piqué diligentement après les traces de ceus qui courant par la carriere de leurs inventions, ont de bien loin franchi la borne : combien davantage doit on vanter le coureur, qui galopant librement par les campaignes Attiques, et Romaines, osa tracer un sentier inconnu pour aller à l’immortalité ? Non que je... Mais quand tu m’appelleras le premier auteur Lirique François, et celui qui a guidé les autres au chemin de si honneste labeur, lors tu me rendras ce que tu me dois... » (Bl., II, 9 ; texte rectifié par M.-L., II, 474.)

P. 39, l. 6. — son Occident. Cf. le Caprice au seigneur Simon Nicolas, poème composé après la mort de François d’Anjou (juin 1584), puisque Ronsard y parle de Henri de Navarre comme de l’héritier du trône. Il se trouvait parmi les manuscrits que le poète laissa aux mains de Galland et de Binet, mais ne fut publié qu’en 1609. Je ne crois pas d’ailleurs que Binet s’en soit inspiré ici, les vers suivants, cités par Mlle Evers, faisant allusion plutôt à la situation politique et sociale de la France qu’à l’état de la langue française :

A peine, helas ! à peine a-t’on chassé
La barbarie, où les gens du passé
Se delectoient (o perverse influance),
Qu’elle revient importuner la France...
(Bl., VI, 327.)

P. 39, l. 15. — le faire crever. Cf. ces passages de la troisième préface de la Franciade : « Tu enrichiras ton poëme par varietez prises de la nature, sans extravaguer comme un frenetique. Car, pour vouloir trop eviter, et du tout te bannir du parler vulgaire, si tu veux voler sans consideration par le travers des nües et faire des grotesques, Chimeres et monstres, et non une naïfve et naturelle poésie, tu seras imitateur d’Ixion, qui engendra des phantosmes au lieu de legitimes et naturels enfans. » — « La plus grande partie de ceux qui escrivent de nostre temps se traisnent enervez à fleur de terre... Les autres sont trop empoulez et presque crevez d’enflures comme hydropiques, lesquels pensent n’avoir rien fait d’excellent, s’il n’est extravagant, creux et bouffy, plein de songes monstrueux et de paroles piaffées... Les autres plus rusez tiennent le milieu des deux, ny rampans trop bas, ny s’esle-