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COMMENTAIRE HISTORIQUE

G. Colletet : « Ainsi l’élégie que Ronsard adressoit à Jules Gassot, sur le subject des œuvres de Remy Belleau, passa depuis soubs le nom de Christophle de Choiseul, pour des raisons qui me sont incognues. » (Vie de Ronsard, p. 81.) Colletet aura sans doute consulté l’édition collective de Belleau de 1578, où la susdite élégie est dédiée à Gassot, puis une édition collective de Ronsard postérieure à cette date[1], sans remonter jusqu’à l’édition princeps, sans même consulter les éditions collectives de Ronsard antérieures à celle de Belleau ; de là son erreur. — Sainte-Beuve, qui pourtant connaissait le Ronsard in-folio de 1609, a renvoyé ses lecteurs à « l’élégie ou épître de Ronsard à Jules Gassot au sujet de Remi Belleau » : indication également trompeuse, car on chercherait vainement dans les œuvres de notre poète cette élégie ainsi intitulée. Le fait d’avoir ignoré la date de sa publication a quelque peu faussé le jugement que porte Sainte-Beuve sur le goût littéraire de Ronsard. (Tableau de la p. fr., éd. Charpentier, pp. 98, note 1, 99 et 392. Cf. ma thèse sur Ronsard p. lyr., p. 284, note 2.)

Pour les 28 premiers vers, auxquels Binet fait allusion, Ronsard semble s’être inspiré d’une lettre que lui adressa en 1555 Estienne Pasquier (la 8e du livre I dans les Œuvres complètes de Pasquier, Amsterdam, 1723).

P. 38, l. 25. — Charles de Valois. Il s’agit du fils naturel de Charles IX et de Marie Touchet, qui, d’après le P. Anselme, naquit en avril 1573 et mourut en 1650. Destiné dès sa jeunesse à l’ordre religieux de Malte, nommé abbé de la Chaise-Dieu en 1586, il succéda comme Grand Prieur de France à Henri d’Angoulême, bâtard de Henri II, le 2 août 1587. « Des lors, dit P. de l’Estoile, le roi le retira et fist demeurer à la Cour, pres sa personne, lui faisant grandes demonstrations de bonne affection et bienveuillance. » Mais en 1589 il quitta l’ordre de Malte pour se marier, et c’est alors que Henri III lui donna les comtés de Clermont et d’Auvergne. Après cette donation il prit le titre de comte d’Auvergne, sous lequel on le désigna couramment durant le règne de Henri IV. Il fut créé duc d’Angoulême en 1617. Cf. Anselme, Hist. généal. de la maison de Fr., tome I, p. 202 ; P. de l’Estoile, Mémoires, éd. Brunet, II, 338 ; III, 59, et passim ; Brantôme, Mémoires, éd. Lalanne, V. 275.

Si l’on songe que, lors des obsèques de Ronsard, ce bâtard de Charles IX n’avait pas encore 13 ans et n’occupait aucun rang à la Cour, qu’il était au contraire un puissant personnage lors de la troisième rédaction de Binet, où son nom apparaît pour la première fois, ne peut-on pas trouver cette addition de C suspecte et y voir une flatterie plutôt qu’une vérité ? Oui, d’autant plus que Binet était alors lieutenant général de la Sénéchaussée de Riom.

P. 38, l. 27. — Senat de Paris. Autrement dit le Parlement de Paris, qui est toujours désigné dans les écrits latins du temps par les mots Senatus parisiensis.

  1. Il déclare dans sa Vie de Ronsard qu’il s’est servi de l’édition de 1623 pour juger ses œuvres (p. 57).