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ET CRITIQUE

dans toutes les éd. posthumes des Œuvres de Ronsard, en tête de son Tombeau. On la trouvera dans l’éd. Blanchemain, t. VIII, p. 223.

P. 38, l. 16. — sepulture. On remarquera l’antithèse de mauvais goût contenue dans cette phrase qui clôt la biographie proprement dite. — Pour l’idée contenue dans la fin de la phrase, cf. Du Perron : « Aussi certainement pouvons nous dire maintenant que la poésie Françoise a faict son tour et sa revolution dans le cercle et dans le periode de sa vie. Il l’a veuë en son orient, il l’a veuë en son occident, il l’a veuë naistre, il l’a veuë mourir avec luy : elle a eu un mesme berceau, elle a eu une mesme sepulture. » (Or. fun., éd. princeps, pp. 82 et 83.)

P. 38, l. 20. — au paravant. Assertion contestable en ce qui concerne sa querelle avec les poètes de cour, de 1549 à 1553, notamment avec M. de Saint-Gelais, et peut-être aussi sa querelle avec l’architecte Ph. Delorme, dont la fortune rapide semble lui avoir fait envie. En revanche, ces lignes de Binet paraissent fondées en ce qui concerne sa brouille passagère avec A. de Baïf en 1555 (v. ci-dessus, p. 129, aux mots « qui estoit Baïf »), avec P. de Paschal, historiographe du roi, qui abusa de sa confiance (v. ma thèse sur Ronsard p. lyr., p. 127), sa rupture avec Ch. de Pisseleu, abbé de Bourgueil, qui fut son rival heureux auprès de Marie du Pin (ibid., p. 153), sa querelle avec les huguenots en 1562 et les années suivantes (notamment avec Th. de Bèze, Grevin et Fl. Chrestien), enfin son animosité contre André Thevet, qui railla les héros de la Franciade dans sa Cosmographie universelle (1575) et ne compta pas notre poète dans la galerie de ses Hommes illustres (1584).

Binet me semble d’ailleurs s’être inspiré ici d’un passage de l’épître-préface de la Responce aux injures, où Ronsard dit qu’il a répondu en ce poème « comme par contrainte » aux livres qu’on avait composés contre lui, et ajoute : « J’atteste Dieu et les hommes que jamais je n’eu desir ny volonté d’offenser personne, de quelque qualité qu’elle soit ». (Bl., VII, p. 85.)

P. 38, l. 23. — Choiseul. Cf. Bl., VI, 201 ; M.-L., V, 184. Cette pièce, très importante à tous égards, parut pour la première fois en tête de la traduction des Odes d’Anacréon, par R. Belleau (Paris, A. Wechel, 1556), sous ce titre Elegie de P. de Ronsard à Chretophle de Choiseul abbé de Mureaux ; puis Ronsard l’inséra la même année à la fin du 2e livre des Hymnes (cf. ma thèse sur Ronsard p. lyr., pp. 162 et 170).

Dans toutes les éditions collectives de Ronsard, contemporaines ou posthumes, on la trouve imprimée parmi les Poëmes, et dans toutes, sans aucune exception, elle reste dédiée A Chr. de Choiseul. Mais il n’en va pas de même si l’on consulte les éditions de R. Belleau. Celui-ci, après avoir dédié son Anacréon à Chr. de Choiseul en 1556, trouva bon de le dédier à partir de 1572 Au seigneur Jules Gassot, Secretaire du Roy, et de changer en même temps l’adresse de l’élégie liminaire de Ronsard à Choiseul, qui devint l’Elegie à Jules Gassot, non seulement dans les rééditions de l’Anacréon, mais encore dans les éditions collectives des œuvres de R. Belleau (Paris, Mamert Patisson, 1578, 1585, et éd. dérivées, de Lyon, 1592, de Rouen, 1604).

On voit quel cas il faut faire de cette assertion trompeuse de