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ET CRITIQUE

P. 37, l. 13. — regrettée. Galland était-il au prieuré de St-Cosme au moment de la mort de Ronsard, ou n’y arriva-t-il que pour assister à l’enterrement ? À cet égard le témoignage de Binet est extrêmement vague et ne nous renseigne nullement.

Du Perron raconte que Galland arriva à St-Cosme la veille de la mort du poète, assez à temps pour avoir avec lui un suprême entretien, qu’il expose tout au long (v. ci-dessus, pp. 181 et 184, aux mots « foiblesse du corps » et « quatre vints et cinq » ; et le Ronsard de Bl., VIII, 207-208). Mais on aurait le droit de suspecter son témoignage ; car cet entretien, qui d’après sa première rédaction avait eu lieu à Croixval en novembre, n’a pris place à St-Cosme à la fin de décembre que dans sa seconde rédaction, onze ans après la mort du poète, et peut-être sur la demande de Galland (Du Perron s’est contenté de le transposer). — G. Critton n’y a pas fait la moindre allusion. Seul J. Velliard a laissé à ce sujet un document, qui, lu à la cérémonie funèbre du collège de Boncourt le 24 février 1586, deux mois à peine après la mort de Ronsard, et fondé très probablement sur un récit de Galland, inspire une certaine confiance et nous porte à croire que celui-ci vit bien Ronsard la veille de sa mort. D’abord Velliard commence ainsi son épître-préface à Galland : « Particula muneris ejus adest, Gymnasiarcha sagacissime, quod ad calend. Februari jamjam Turonibus reversus nobis detulisti. » Ceci pourrait simplement prouver que Galland est allé à Tours ; mais voici qui est plus précis : « Cum superioribus diebus cum (Ronsardum) visisti ad divum Cosmum, quò se tanquam ad Æsculapium valetudinis gratia receperat, illis ipsis summis angoribus quibus implicatus omnes ab aspectu, a consortio, a sermone semoverat : vir senio confectus, lecto defixus, gravissimè doloribus totius corporis oppressus, involavit tibi in collum, exiluit gaudio et triumphavit laetitia, te amplexatus est, lateribus quam potuit firmissimis testatus est tui unius causa vitam sibi non esse acerbam, quam tum ita miserè trahebat ut eam mox egerit, te ut antiquum hospitem humanissimè accepit, ut intimum splendidè tractavit, ut filium unicum haeredem ex asse fecit. » (Laud. fun. I, fo 19 ro et vo.)

P. 37, l. 23. — Lundi 24e de février 1586. Cette date de la cérémonie funèbre en l’honneur de Ronsard est confirmée par Du Perron dans son Oraison fun. : « Là où nous pouvons encore remarquer en passant que la prise du Roy François devant Pavie (24 février 1525). qui est l’accident duquel il a voulu illustrer l’année de sa nativité, se rencontre justement en un mesme jour que cestuy-cy, auquel nous celebrons la memoire de sa mort, qui est la feste S. Matthias » (texte princeps, pp. 24 et 25).

Elle est encore confirmée par la fin de la dédicace des Derniers vers de P. de Ronsard. Cf. Marty-Laveaux, Notice sur Ronsard, pp. c à ciii, en ayant soin de lire le début : « Près de deux mois après... », au lieu de : « Près de trois mois après... », et de corriger le lapsus de Du Perron, qui est cause de cette erreur. Ce n’est pas le 18 mars que « le dessein de ces funerailles fut pris » dans un « festin » offert par Desportes à quelques admirateurs de Ronsard ; c’est le 18 février, mardi gras de l’année 1586. Ce lapsus, commis par Du Perron dans la dédi-