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ET CRITIQUE

lieue de là : de maniere que ayant faict cinq ou six telles journées pour venir à bout de quatre ou cinq lieues de chemin qui luy restoient, il arriva finalement à Saint-Cosme un jour de dimanche sur les cinq heures du soir. » (Or. fun., éd. princeps, pp. 91 à 93).

Ce fragment méritait d’autant plus d’être cité qu’il n’est pas connu, Du Perron l’ayant réduit à six lignes dès la rédaction suivante de son Oraison (1597).

P. 34, l. 18. — crimes et meschancetez. Ce discours, très sommairement indiqué par Binet, avait été présenté avec bien plus de développement par Du Perron, qui le place au jour même de la mort du poète, le vendredi 27 décembre, tandis que d’après Binet il aurait été tenu le 26. — Marty-Laveaux a eu raison de reproduire la version de Du Perron, qui, malgré ses allures oratoires, peut servir à compléter celle de Binet, car elle doit avoir « pour fond principal les paroles que Ronsard a prononcées ». (Notice sur Ronsard, p. xcvi.) D’ailleurs le texte que cite M.-L. n’est pas celui de l’édition princeps, non plus que celui que Bl. a reproduit dans son Ronsard (VIII, 209-210), mais les différences ne valent pas la peine qu’on les signale ici.

P. 35, l. 4. — et d’Esprit. Ce sont les sonnets v et vi des Derniers vers : « Quoy, mon ame... », et : « Il faut laisser maisons... » (Bl. VII, 314 ; M.-L., VI, 302).

Du Perron avait écrit de son côté : « Le jeudy environ sur les deux heures apres midy, comme sa chaleur naturelle commençoit à s’esteindre totalement, et à n’estre plus suffisante pour entretenir le sentiment de sa douleur, il commença à tomber en un assoupissement, auquel apres avoir demeuré environ une heure de temps, il se resveilla, et commanda que l’on prist la plume pour escripre ce qu’il nommeroit : et alors il recita deux sonnets, l’un addressant à son ame, là où il l’excitoit courageusement à se preparer à ce bien-heureux departement, lequel il sentoit approcher de jour en jour (suit le délayage du sonnet)... Le second estoit comme une espece d’Adieu qu’il disoit à toutes les choses caduques et perissables, lesquelles il estoit prest de laisser et d’abandonner, et comme une admonition qu’il se faisoit à luy mesme (suit le délayage du sonnet)... : et sur ce qu’il en vouloit encore nommer d’autres, il commanda qu’on luy releust ceux qu’il venoit de prononcer pour veoir comme il les avoit escripts, mais trouvant qu’il y avoit autant de faultes que de mots, pour ce que ceulx qui les recueilloient soubs luy estoient personnes entierement ignorantes, cela le rebutta et le descouragea. » (Or. fun., édit. princeps, pp. 93-96 ; la dernière phrase a été supprimée en 1597.)

P. 35, l. 5. — de Tours. Du Perron avait écrit de son côté : « Le lendemain sur le midy, les plus notables hommes de la ville de Tours, qui l’avoient souvent visité depuis qu’il estoit arrivé à Sainct Cosme, ayant entendu qu’il n’y avoit plus gueres d’esperance qu’il peust passer ce jour-là, s’avancerent de le venir veoir de meilleure heure que les jours precedents. » (Or. fun., édit. princeps, p. 96 )

P. 35, l. 7. — resolution. — Pour tout ce passage, cf. l’épître-préface que Binet a placée en tête des Derniers vers de P. de Ronsard (plaquette publiée dès le 24 févr. 1586), depuis : « Seulement il (le temps) nous a