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COMMENTAIRE HISTORIQUE

pourtant renvoie à la Gallia Christiana, que Ronsard « fut abbé commendataire de Bellozane jusqu’à sa mort », sans parler de biographes plus récents qui les ont copiés.

P. 27, l. 1. — quelques Prieurez. Sur les cures obtenues par Ronsard du temps de Henri <span title="Nombre 2 écrit en chiffres romains" style="text-transform:uppercase;">II, v. ci-dessus, p. 132, aux mots « pension ordinaire ». De plus il avait été nommé en juin 1560 archidiacre de Château-du-Loir (administrateur des biens temporels) et chanoine de St-Julien du Mans. Il obtint encore le canonicat de St-Martin de Tours en janvier 1566.

Quant aux prieurés, Ronsard en a obtenu cinq, dont quatre au moins sous le règne de Charles IX : 1° le prieuré de St-Cosme-lez-Tours (mars 1565, n. st.) ; 2° celui de Croixval, qui était une baronnie (mars 1566) ; 3° celui de St-Guingalois de Château du-Loir (déc. 1569) ; 4° celui de Mornant (oct. 1573) ; 5° celui de St-Gilles de Montoire (à une date indéterminée). — Mais l’investiture de deux de ces prieurés donna lieu à de vives contestations : pour pouvoir garder celui de St-Guingalois, Ronsard dut céder pendant quelque temps à son compétiteur Florentin Regnard le canonicat de St-Martin de Tours et le prieuré de Croixval ; quant au prieuré de Mornant, Ronsard ne put en prendre possession que le 18 avril 1575 par un « procureur substitué », et il en fut dépouillé dès le 15 avril 1576 par un nommé Claude de Chassagny. Dans les quatorze dernières années de sa vie, Ronsard toucha les revenus des quatre autres prieurés. En outre, comme prieur de St-Gilles, il fut de droit jusqu’en 1584 curé commendataire de Montoire. Enfin, à partir d’une date indéterminée, mais certainement antérieure à 1571, le titulaire de l’abbaye de la Roë (Mayenne) dut, par ordre de Charles IX, prélever chaque année une somme de mille livres sur les revenus de la dite abbaye en faveur de Ronsard, et notre poète jouissait encore de cette rente annuelle en 1582.

Cf. Froger, Rons. eccl., chap. iii et iv ; J.-B. Vanel, art. sur Ronsard prieur de Mornant, paru dans le Bulletin historique du diocèse de Lyon, de janv.-févr. 1905 ; Angot, note sur Ronsard et l’abbaye de la Roë, publié dans les Annales Fléchoises de mai-juin 1906.

P. 27, l. 4. — plus malade que sain. Les mots « environ ce temps », qui ne se rapportent à aucun fait précis, montrent une fois de plus la négligence de Binet pour la chronologie de son sujet. C’est dans la première moitié de 1566 que Ronsard tomba gravement malade, au point que les huguenots de Bourges répandirent le bruit de sa mort (cf. une lettre de Passerat, du 20 août 1566, dans le Ronsard de M.-L., VI, 480). Mais je croirais plus volontiers que Binet a fait allusion ici à la « fievre quarte » qui compromit la santé du poète pendant plus d’un an qu’il ne bougea du prieuré de St-Cosme, en 1568-69, et dont les preuves abondent dans les deux livres de Poëmes publiés en août 1569. Voir M.-L., V, 59, 60, 70, 77, 96, 101, 107, 109, 112, etc., notamment ces vers :

..... Onze mois sont passez
Que j’ay la fievre en mes membres cassez (p. 60).
Voyla, Jamyn, voyla mon souv’rain bien,
En attendant que de mes veines parte
Ceste execrable horrible fiévre quarte,
Qui me consomme et le corps et le cœur,
Et me fait vivre en extreme langueur (p. 77).