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ET CRITIQUE

premiers livres, ce que Cl. Garnier m’a confirmé depuis, lorsqu’il me dict que feu Jean Gallandius les gardoit encore parmy ses papiers... » (Vie de Ronsard, p. 74.) On sait que Claude Garnier est le commentateur de la Franciade et en a publié une suite en 1604.

C’est seulement en 1566 que Ronsard se remit à la Franciade. À la fin de 1563 le projet n’était pas encore repris, à preuve la Complainte à la Royne mere et l’« Epistre au Lecteur » des Nouvelles Poësies (Bl., III, 377 ; VII, 138). À la fin de novembre 1565, durant les dix jours que Charles IX passa à Plessis-lez-Tours, Ronsard, qu’il alla voir alors en son prieuré de Saint-Cosme, lui disait encore :

Pource, mon Roy, s’il vous plaist que je face
La Franciade, œuvre de long espace,
Oyez mes vœux : Il seroit bien saison
Qu’eussiez esgard à moy, pauvre grison[1]...

Charles IX encouragea fortement Ronsard à reprendre son ancien projet, en lui faisant obtenir un second prieuré, celui de Croixval (car Amadis Jamin n’en devint alors titulaire que pour le céder le 22 mars 1566 à Ronsard dont il était le secrétaire) ; mais il lui demanda d’écrire la Franciade en vers décasyllabiques, à preuve ces lignes, insérées dans la 2e édition de l’Abbregé de l’Art poët. (achevé d’imprimer le 4 avril 1567) : « Si je n’ay commencé ma Franciade en vers Alexandrins.., il s’en faut prendre à ceux qui ont puissance de me commander et non à ma volonté : car cela est fait contre mon gré, esperant un jour la faire marcher à la cadance Alexandrine : mais pour cette fois il faut obeyr. »

P. 25, l. 12. — genereux Roy. Les Quatre premiers livres de la Franciade, publiés quelques jours après le massacre de la Saint-Barthélémy (l’achevé d imprimer est du 13 septembre 1572), sont en effet dédiés à Charles IX ; et sous un portrait du roi, placé en tête de l’éd. princeps auprès de celui du poète, on lit ce quatrain signé A. I. (Amadis Jamin) :

Tu n’as, Ronsard, composé cest ouvrage,
Il est forgé d’une royale main :
Charles sçavant, victorieux et sage
En est l’autheur, tu n’es que lescrivain.

P. 25, l. 13. — ses Eclogues. Les Eclogues de Ronsard, qu’il appelle encore « chants pastoraux », ont paru à diverses dates. Deux en 1559 : Un pasteur Angevin, et J’estois fasché ; deux en 1560 : De fortune Bellot, et Contre le mal d’amour (ces quatre premières figurent parmi les Poëmes dans l’éd. collective de 1560) ; deux en 1563-64 dans les Nouvelles Poësies : Paissez douces brebis, et Deux freres pastouraux ; une en 1565, la « bergerie » : Les chesnes ombrageux. Ces trois dernières et les quatre premières sont mélangées aux Elegies dans les éd. collectives de 1567, 1571 et 1573. C’est seulement à partir de 1578 qu’elles sont groupées en tête d’une section distincte, intitulée Les Eclogues et Mascarades et dédiée à François de France, duc d’Anjou.

  1. Bl., III, 317 ; le poème d’où j’extrais ces vers parut dans l’éd. collective de 1567.