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COMMENTAIRE HISTORIQUE

Toulouse, son Mecene » : mais il ne contenait pas le moindre hémistiche à l’adresse des Toulousains, pas la moindre allusion aux Jeux Floraux ou à la Pallas d’argent. Cela suffirait pour rendre très suspecte l’assertion de Binet.

Il y a plus. Le Cardinal Odet ne résidait pas dans son archevêché. Conseiller d’Etat, il faisait partie de la suite du Roi en ces années-là (v. Rev. d’Hist. litt., 1906, pp. 469 et suiv., lettres de Lambin publiées par H. Potez ; Œuvres de Ronsard, Disc. contre Fortune, Bl., VI, 160). Enfin il est très probable que Ronsard a songé à écrire l’Hymne de l’Hercule Chrestien dès le mois de juin 1553. comme en témoigne ce passage d’une lettre de P. des Mireurs à J. de Morel, écrite à cette date à propos des Folastries, qui avaient paru le 30 avril précédent : « Plane confido (quae est Terpandri nostri humanitas) hunc aliquando Christiani Herculis res praeclare gestas feliciore versu decantaturum » P. de Nolhac, auquel on doit la publication de cette lettre, pense avec une grande apparence de raison, que ce souhait « est inspiré par une information assez certaine sur les projets du poète », et considère le « pieux poème » de l’Hercule Chrestien comme « une sorte de rachat des Folastries » (Rev. d’Hist. litt., 1899, p. 358). Perdrizet partage cette opinion (Rons. et la Réforme, p. 63, note). Mais au lieu d’ajouter avec eux, sur la foi de Binet, qu’il fut « envoyé l’année suivante aux Capitouls de Toulouse » en remerciement de leur statue de Pallas, je verrais plutôt dans la phrase de P. des Mireurs une preuve que Ronsard ne l’a pas écrit à leur intention, et je croirais volontiers que Binet, ne trouvant nulle part l’expression de la reconnaissance du poète, a fait à ce sujet une simple conjecture, fondée uniquement sur ce qu’Odet, auquel l’Hymne en question est dédié, était alors archevêque de Toulouse. Si maintenant cet unique fondement paraissait suffire à rendre sa conjecture plausible, il faudrait au moins avouer que Ronsard eut une singulière façon de remercier les Capitouls et le Collège des Jeux Floraux.

Aussi E. Pasquier s’est-il contenté d’écrire (Rech. de La Fr., VII, ch. vi) : « Sur la recommandation de son nom, aux Jeux Floraux de Tholose, on lui envoya l’eglantine » (ce qui d’ailleurs est inexact), et G. Colletet, qui a tant copié Binet, notamment en ce qui concerne l’opposition de Saint-Gelais, l’anecdote de P. Lescot et la décision des Capitouls, s’est-il bien gardé de lui prendre cette fin de paragraphe.

P. 23, l. 19. — du Roy Henry. Notons ici une lacune de plus de trois années dans l’exposé de Binet, car tout ce dont il a parlé jusqu’ici est antérieur à 1556, et la mort de Henry II est de juillet 1559. Binet passe même sous silence six années, si l’on considère qu’il mentionne seulement le règne de François II et arrive immédiatement aux Remonstrances, qui datent de 1562. Même lacune dans les panégyriques de Du Perron, de Velliard et de Critton.

Au reste, rien de plus vague et de plus trompeur que les dix premières lignes de cet alinéa. On dirait que Binet a daté du règne de François II la publication des Discours politiques de Ronsard et même le pontificat de Pie V ; et il n’a rien fait, ni en B ni en C, pour améliorer sa rédaction. Il est possible qu’il ait fait commencer le règne de Charles IX