Page:Binet - La Vie de P. de Ronsard, éd. Laumonier, 1910.djvu/207

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
147
ET CRITIQUE

clopédie, art. Clémence Isaure, Jeux Floraux. La prétendue fondatrice ou réformatrice des Jeux Floraux est un personnage légendaire, que tout le monde au xvie siècle croyait réel. — On trouvera nombre de renseignements dans l’Histoire du Languedoc de Dom Vaissete et Cl. Devic, tome X, qui contient une longue et très savante note de M. Chabaneau.

P. 23, l. 8. — premiers rangs. Guy du Faur, sr de Pibrac, né à Toulouse en 1529, élève de Pierre Bunel, de Cujas et d’Alciat, se plaça « au premier rang d’honneur », selon le mot de Du Vair, dès ses débuts au barreau toulousain à vingt ans. En 1554 il était Conseiller au Parlement de sa ville natale ; sa doctrine et son talent de parole faisaient déjà l’admiration des jurisconsultes les plus expérimentés ; on lit dans son Tombeau :

A peine tu avois de la barbe au menton
Que Thoulouse te vit un troisieme Caton.


Juge-mage de la sénéchaussée de Toulouse en mars 1557. commissaire royal aux États de Montpellier en nov. 1558. et délégué à ceux d’Orléans (1560), puis au concile de Trente (1562), il fut nommé par L’Hospital Avocat général au Parlement de Paris en 1565. Conseiller d’État depuis 1570, panégyriste de la Saint-Barthélémy, il fut nommé chancelier de Henri, duc d’Anjou, qu’il accompagna dans son royaume de Pologne en mai 1573. À son retour il devint Président au Parlement de Paris (1577), puis chancelier de Marguerite de Navarre et du dernier fils de Henri II, François d’Anjou. Il mourut en 1584.

V. les Quatrains de Pibrac, éd. J. Claretie, Notice ; Id., éd. H. Guy, Annales du Midi, t. XV et XVI ; E. Frémy, op. cit., chap. iii.

On ignore la part que Pibrac a pu prendre dans l’attribution de la récompense offerte à Ronsard par les Jeux Floraux en 1554. Il avait lui-même obtenu l’Eglantine dès 1543, mais il ne devint « mainteneur », c’est-à-dire juge des concours de cette Académie, qu’à partir du 1er mai 1558, à la place de son oncle, nommé chancelier des Jeux Floraux (communication de M. Henry Guy). Ce qui est certain, c’est que Ronsard n’a pas dit un mot de lui dans ses œuvres jusqu’à l’époque où Pibrac accompagna Henri d’Anjou en Pologne (Hymne des Estoilles, et Tombeau de Marguerite de France, fin, composés en 1574).

P. 23, l. 12. — pris et valeur. Un érudit toulousain, M. Jules de Lahondès, a publié en décembre 1907 des documents officiels qui corroborent et précisent cette affirmation de Binet. On lit dans le résumé de la délibération du Collège de rhétorique de Toulouse[1], à la date du 3 mai 1554, après ce qui concerne l’attribution des fleurs « de la violette et de la soulcie » :

« Et quant à la fleur de l’eglantine, fut aussy par commun advis et deliberation arresté qu’elle seroit adjugée à Monsr Pierre de Ronsard, poëte ordinaire du roy nostre sire, pour excellense et vertu de sa personne, et que la dicte fleur soit augmentée de prix selon ce qui seroit

  1. Ainsi s’appelait alors l’Académie des Jeux Floraux.