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ET CRITIQUE

pièces entières, où il avait célébré Odet de Coligny et ses frères, notamment la dédicace du premier livre des Hymnes, le Temple des Chastillons et la Priere à la Fortune, expressions de son éternelle gratitude.

P. 22, l. 6. — sa vertu. Charles de Guise, cardinal de Lorraine, archevêque de Reims, favori de Diane de Poitiers, était le frère cadet du grand capitaine François de Guise. Né en 1525, il avait été le condisciple de Ronsard au Collège de Navarre (v. ci-dessus, p. 71, note sur les mots « des lettres »). Il fut le bras droit de Henri II, sous le règne duquel il eut la direction des Finances et de la Justice, ambitionna la tiare pontificale et se fit donner par Rome en 1558 les pouvoirs de l’Inquisition. Il fut le vrai roi sous le règne de François II, lequel avait épousé sa nièce Marie Stuart, fille de Marie de Lorraine. Mais son crédit diminua peu à peu sous le règne de Charles IX, après la disparition de son frère, tué par Poltrot de Méré en février 1563. Sa résidence ordinaire était le château de Meudon, que Ronsard a célébré en janvier 1559 dans le Chant pastoral sur les nopces de Mgr Charles duc de Lorraine et de Madame Claude (Bl., IV, 54). — Voici en outre les nombreuses pièces que Ronsard lui adressa : 1° une Ode pindarique publiée en 1550 (Bl., II, 51) ; 2° la Harangue du duc de Guise, publiée en 1553 (VI, 28) ; 3° l’Hymne de la Justice, en 1555 (V, 106) ; 4° l’Epître : « Quand un prince en grandeur... », en 1556 (VI, 276) ; 5°, 6° et 7° les Sonnets : « Delos ne reçoit point... ; Le monde ne va pas... ; Prelat bien que nostre age... », écrits de 1556 à 1559 (V, 326 et 327) ; 8° l’Hymne du Cardinal de Lorraine, en 1559 (V, 83) ; 9° la Suite de l’Hymne du Cardinal de Lorraine, même année (V, 270) ; 10° le Sonnet : « Monseigneur je n’ay plus... », en 1560 (I, 426) ; 11° l’Epître intitulée le Proces, publiée en 1565, mais écrite avant avril 1562 (III, 349).

Binet ne semble pas avoir profité de cette dernière pièce, pourtant très intéressante pour la biographie de Ronsard ; ou bien il l’a négligée à dessein, car le poète y reproche précisément au Cardinal de ne pas l’avoir « honoré selon le mérite de sa vertu », ainsi qu’il le lui reprochait déjà indirectement dans l’« Elegie » de 1560 Au Seigneur L’Huillier (Bl., II, 401). Après le Proces, Ronsard n’adressa plus aucun vers à Charles de Lorraine, bien que celui-ci ne soit mort qu’en 1574. Il ne lui a consacré aucune épitaphe, non plus qu’à Odet de Coligny et à Michel de L’Hospital.

p. 22, l. 8 — de Clany. Pierre Lescot ou L’Escot, « Conseiller et aumonier ordinaire du Roi, abbé de Cleremont et seigneur de Clany », tels sont les titres que Ronsard donne à ce célèbre architecte du Louvre, en lui dédiant en 1560 le deuxième livre des Poëmes. Dans l’éd. de 1584, consultée par Binet, l’« Elegie » Puisque Dieu ne m’a fait..., à laquelle il a emprunté l’anecdote qui suit, était encore dédiée « à P. L’Escot, seigneur de Clany ». Les poètes latins appelaient cet architecte Clanius.

P. 22, l. 16. — par tout le monde. Binet a tiré cette anecdote de l’« Elegie » A P. L’Escot, publiée en 1560, en tête du 2e livre des Poëmes :

Il me souvient un jour que ce Prince à la table
Parlant de la vertu comme chose admirable,