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ET CRITIQUE

devint qu’en 1555, par la mort de son père, Henri d’Albret. L’erreur de Binet vient de l’édition des œuvres de Ronsard de 1584 (consultée pour A), qui dans le titre du dit Epithalame qualifiait ainsi Jeanne d’Albret (cf. l’éd. M.-L., II. p. 308). Erreur analogue dans J. Velliard, peut-être également trompé par la dernière édition de Ronsard : « Enimvero tum demum expectationem illius ingenii omnium vicit admiratio, cum summis totius Galliae precibus edidit in lucem specimen artis Epithalamium Antonii Regis Navarrae, et Johannae Albretensis. Ut enim exorto sole stellae occidunt, ita clarissimum hoc jubar poetarum, quos superior tulerat actas, obstruxit luminibus. » (Laud. fun. I, fo 8 ro et vo.)

P. 15, l. 12. — de la Paix. La première de ces œuvres est intitulée Avant entrée du Roi trescrestien à Paris en 1549 ; elle parut dans les premiers jours de juin de cette année (Bl., VI, 297). Quant à la seconde de ces œuvres, Binet a confondu l’Hymne de France (Bl., V, 283), publié vers novembre 1549, avec l’Ode de la Paix (Bl., I, 23), publiée également à part en avril 1550 après l’apparition des Quatre premiers livres des Odes. (IV. ma Chronol. des poés. de P. de R. dans la Rev. d’Hist. litt., 1902, p. 42 ; 1903, pp. 257 et 275 ; 1904. p. 437.)

P. 15, l. 13. — d’Europe. De ces deux œuvres de Baïf, la première est, non pas comme l’a dit Mlle Evers l’Hymne de la Paix (éd. M.-L.. II, 223), régulièrement versifié en vers alexandrins, qui fut adressé à Marguerite II de Navarre en 1572, — mais le poème Sur la Paix avec les Anglois l’an mil cinq cens quarante neuf (Ibid., p. 404), irrégulièrement versifié en vers décasyllabes, lequel n’a pu être composé que tout à fait à la fin de cette année (la paix dont il s’agit ne fut signée qu’en mars 1550). D’après deux pièces de Baïf écrites en 1572, au moment où l’édition collective de ses œuvres était sous presse, il « commença à se faire connaître par ses labeurs » la deuxième année du règne de Henri II, et « vingt trois ans » se sont écoulés entre ses débuts et son édition collective, ce qui nous reporte bien à 1549[1].

Quant au second poème de Baïf signalé par Binet, le Ravissement d’Europe, comme il est, lui aussi, irrégulièrement versifié en vers décasyllabes (éd. M.-L., II, 421), il a pu être composé en 1549 ; mais il ne parut qu’en 1552, à Paris, chez la Ve Maurice de la Porte, in-8o de 16 pages non foliotées (cf. Becq de Fouquières, Poésies choisies d’A. de Baïf, xxxiv, Marty-Lav., Notice sur Baïf, p. x ; Catal. de la Biblio. Herpin, publié en 1903 par Em. Paulet fils et Guillemin, p. 122). Il est imité presque entièrement d’une idylle attribuée à Moschus (mais qui passait alors pour du Théocrite) et d’un passage des Métamorphoses d’Ovide.

Cf. J. Velliard : « Eadem tempestate Antonius Baïffius omnium applausu typis mandavit poema De pace cum Anglis, paulo post et alter (sic) Raptum Europae. » (Laud. fun. I, fo 8 vo.)

P. 15, l. 15. — Cassandre sur cette première Muse de Ronsard, qui fut très probablement Cassandre Salviati (pour moi cela ne fait aucun doute),

  1. Voir l’éd. M.-L., II. 403, et IV, 448. Dans la première de ces références il faut lire au vers 10 deuzieme an au lieu de douziéme an.