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ET CRITIQUE

P. 14, l. 18. — dignes d’estre cogneües. Le mot d’ailleurs qui commence la phrase correspond à d’un costé, qui est deux lignes plus haut ; c’est comme s’il y avait : « d’une part... d’autre part... » — Les participes voyageant et estant se rapportent à Ronsard et non à Homère ; il faut comprendre comme si les trois mots comme Homère faisoit étaient entre deux virgules.

Sources : Abbregé de l’A. P. : « Tu pratiqueras bien souvent les artisans de tous mestiers, comme de marine, venerie, fauconnerie, et principalement les artisans de feu, orfevres, fondeurs, mareschaux, minerailliers : et de là tireras maintes belles et vives comparaisons avecques les noms propres des mestiers, pour enrichir ton œuvre et le rendre plus agreable et parfait. » (Bl., VII, 320-21). — Préface posthume de la Franciade : « Quant aux comparaisons... tu les chercheras des artisans de fer et des veneurs, comme Homere, pescheurs, architectes, massons, et brief de tous mestiers, dont la nature honore les hommes... Tu n’oubliras les noms propres des outils de tous mestiers, et prendras plaisir à t’en enquerre le plus que tu pourras, et principalement de la chasse. Homere a tiré toutes ses plus belles comparaisons de là. » (Id., III, 26 et 31.) — C’est cette préface de la Franciade, sans aucun doute, qui a suggéré à Binet ici le rapprochement entre Ronsard et Homère. — Pour la théorie, chère à l’école ronsardienne, du style poétisé par les termes techniques, cf. Du Bellay, Deffence, II, ch. xi, éd. Chamard, pp. 303-304, notes.

P. 14, l. 19. — quarante neuf. H. Chamard a montré que cette date est inacceptable, étant donné que le premier vol. de Du Bellay contenant le manifeste de la nouvelle école poétique, savoir la Deffence et Illustr. de la langue française, plus l’Olive et les Vers lyriques, a paru au plus tard en avril 1549 (n. st.) (le priv. est du 20 mars, la dédicace du 15 février) : « Il faut laisser à Du Bellay le temps raisonnable d’avoir un peu complété ses études auparavant » (J. du Bellay, p. 37). Sainte-Beuve avait remarqué déjà que, dans sa préface des Odes de janvier 1550, Ronsard loue Du Bellay et parle de la longue frequentation qu’ils ont eue ensemble, « ce qui suppose au moins deux ou trois ans de familiarité et reporterait le début de leur liaison vers 1547 ou 1548 au plus tard » (Note additionnelle au Tableau de la p. fr., Notice sur Rons., éd. de 1876). La Deffence est pleine de souvenirs de l’enseignement de Dorat. Elle contient en outre une réponse déguisée à l’Art poétique de Thomas Sibilet publié en juin 1548 : on peut donc penser que Du Bellay était déjà à Paris et élève de Dorat à cette dernière date. Il y a mieux. Rien ne s’oppose à la présence de Du Bellay à Paris en 1547, et elle est d’autant plus probable qu’il a rédigé un dizain-épilogue pour les Œuvres Poëtiques de J. Peletier, publiées chez Vascosan en septembre 1547. Comme d’autre part Ronsard a également fait paraître dans ce recueil sa première ode, et que Ronsard et Du Bellay sont les seuls poètes dont Peletier ait ainsi admis des vers parmi les siens, il est vraisemblable que Ronsard et Du Bellay firent connaissance à ce moment-là (s’ils ne se connaissaient pas déjà), et que c’est Peletier qui les présenta l’un à l’autre, à Paris même, en 1547.

P. 14, l. 24 — de Glauque à Scylle. Erreur, que G. Colletet a repro-