Page:Binet - La Vie de P. de Ronsard, éd. Laumonier, 1910.djvu/168

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
108
COMMENTAIRE HISTORIQUE

Quatre prem. liv. des Odes les fait remonter à 1542 au moins. 2° Les expressions dont il se sert ici ne rappellent en rien celles de cette préface. 3° Il y a maintes preuves (v. ci-dessus, Introd., § III, A) qu’il n’a utilisé que pour sa troisième rédaction l’édition princeps des Odes qui seule contenait la dite préface. — Je crois plutôt qu’il s’est fondé sur certaines odes horatiennes qui figuraient encore dans l’édition de 1584 (consultée par lui pour A), telles que l’ode Sur la naissance de François, Dauphin de France, fils du Roy Henry II, composée comme son titre l’indique en 1544, et sur ce passage de la dédicace Au Roy Henry II :

...... C’est Prince un livre d’Odes
Qu’autrefois je sonnay suivant les vieilles modes
D’Horace Calabrois et Pindare Thebain.
(éd. M.-L., II, 74 et 275.)


Il connaissait sans doute aussi, bien qu’elle eût été supprimée en 1578, l’ode A René Macé, qui commence ainsi :

Cependant que tu nous depeins
Des François la premiere histoire
Desensevelissant la gloire
Dont nos ayeux furent si pleins,
Horace et ses nombres divers
Amusent seulement ma lyre
A qui j’ay commandé de dire
Ce chant pour honorer tes vers...


et dont le ton très modeste lui parut avec raison une preuve de son antériorité à l’égard des odes pindariques (v. ma thèse sur Ronsard p. lyr., pp. 53 à 55).

P. 14, l. 4. — d’eguillon. Allusion au début célèbre de la 2e ode du livre IV des Carmina d’Horace : « Pindarum quisquis studet aemulari..., » et à l’épode iv de l’ode pindarique de Ronsard A Joachin du Bellay : « Par une cheute subite | Encor je n’ay fait nommer | Du nom de Ronsard la mer, | Bien que Pindare j’imite. | Horace harpeur Latin, | Estant fils d’un libertin, | Basse et lente avoit l’audace : | Non pas moy de franche race, | Dont la Muse enfle les sons | D’une courageuse haleine, | Afin que Phœbus rameine | Par moy ses vieilles chansons. » (éd. M.-L., II, 154.)

Malgré ces vers, Ronsard a plus d’une fois associé dans la même louange Horace et Pindare. V. par ex. l’éd. Bl., II, 11, 20, 51, 128, 136, 248, 378-79 ; VI, 44.

P. 14, l. 6. — ce qu’il pretend. Le texte de A n’offre pas de sens satisfaisant, à moins de le ponctuer comme nous l’avons fait. Le texte de B ne peut signifier que ceci : « Il ne faut, disait-il, que la crainte se loge en un bon cœur, qui lui fait place ; ou bien, si ce cœur fait place à la crainte, il se rend indigne de ce qu’il prétend ». En C toute la phrase mise dans la bouche de Ronsard est supprimée. Nous n’en avons pas trouvé la source dans ses Œuvres, à moins que ce ne soit l’épode iv de l’ode A Joachin du Bellay, citée dans la note précédente.

P. 14, l. 9. — menage. C’est-à-dire avec tel ménagement, avec une telle économie ou méthode, — ainsi que l’indique la variante orthographique de BC : mesnage.