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COMMENTAIRE HISTORIQUE

l’Hymne des Daimons (1555). — Carle avait entrepris une traduction de l’Odyssée ; nous le savons par Peletier, qui lui céda le pas après avoir traduit lui-même les deux premiers livres, et par un passage de l’Hymne des Daimons (Bl., V, 124). Mais cette traduction, dont parle également La Croix du Maine, ne nous est pas parvenue.

P. 13, l. 25. — Remy Belleau. À quelle date remontent les premières relations de Belleau et de la Brigade ? D’après ce passage on pourrait croire que Belleau connut Ronsard au collège de Coqueret, et cela avant 1550. Il n’en est rien. Ce qui a trompé Binet, c’est cette fin de l’autobiographie de Ronsard, laquelle dans son édition était adressée à Belleau alors que primitivement elle fut adressée à Paschal :

......chez luy (chez Dorat) premierement
Nostre ferme amitié prit son commencement.


Non seulement Belleau ne figure pas au nombre des joyeux compagnons de Ronsard dans les Bacchanales de 1549, mais les premiers vers de Ronsard où il soit question de Belleau ne parurent que dans les Dithyrambes et dans les Isles Fortunées (carnaval et printemps de 1553). Si l’on en croyait l’édition Blanchemain (I, 15), le sonnet Ce beau coral, publié dans la 1re  éd. des Amours (septembre octobre 1552), aurait été adressé à Belleau. Mais on aurait tort, car son nom ne figure ni dans la première, ni dans la seconde édition des Amours ; au lieu de ce vers final du premier tercet : « Sinon, Belleau, leur beauté que j’honore... », on y trouve celui-ci : « Sinon le beau de leur beau que j’adore. »

Remarquons que non seulement Ronsard, mais ni Du Bellay, ni Baïf, ni Dorat n’adressent de vers à Belleau avant 1553. Il n’est pas même nommé dans les premiers recueils poétiques de Tyard et de Des Autels, qui pourtant glorifient les membres de la nouvelle école. — Les premiers vers de Belleau, une ode et un sonnet, parurent en tête des Cantiques de Denisot (1553 ; l’achevé d’imprimer est du 17 déc. 1552) ; M-L. les a recueillis dans son éd. de Belleau (II, 453 à 455, et note 10). On trouve ensuite un sonnet de Belleau parmi les liminaires des Amours de Magny (fin de mars 1553). Pour moi, c’est N. Denisot (dont la famille était de Nogent-le-Rotrou comme celle de Belleau) qui le présenta à Ronsard ; et comme Belleau figure déjà parmi les membres de la Brigade auprès de Denisot (Le Conte) « à la pompe du bouc de Jodelle » (v. le Ronsard de Blanchemain, VI, 381), — tout porte à croire que cette présentation eut lieu entre l’apparition des Amours de Ronsard (premiers jours d’octobre 1552) et la composition de ses Dithyrambes (févr. 1553), vers la fin de décembre 1552, date de l’apparition des Cantiques de Denisot.

Cf. ci-après, note sur « la Pléiade », et ma thèse sur Ronsard p. lyr. pp. 159 à 163.

P. 13, l. 40. — Françoises oreilles. Ce sont les deux premières strophes d’une ode de 1550 adressée à Dorat (livre I n° 14), et retranchée par Ronsard dès 1555 (Bl., II. 445). Preuve que pour sa troisième rédaction Binet a consulté l’éd. princeps des Odes

P. 14, l. 1. — à sa nécessité. Sources de ce passage et de sa variante :