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COMMENTAIRE HISTORIQUE

Cassandre et de quatre livres d’Odes » (V. ci-après, p. 121, aux mots « livres d’Odes ».)

P. 12, l. 19. — l’Homere de France. Cf. J. Velliard : « Te jam appello, Johannes Aurate, dicere solebas P. Ronsardum Gallicum fore Homerum. Doctoris dictum sapiens discipuli solertia comprobavit. Ut saepe in rebus minimis res magnae deprehenduntur : quo vales mentis acumine non levi conjectura id poteras augurari. » (Laud. fun. I, fo 7 vo.)

L’addition de C, quelque peu obscure, doit être interprétée, me semble-t-il, comme elle l’a été par G. Colletet : « Aussy par ces premiers echantillons de son esprit, Dorat qui a toujours eu je ne scay quoy d’un divin genie pour predire les choses à venir, luy predict qu’il deviendroit un jour l’Homere de la France, lequel augure il mit si avant dans son esprit, qu’à l’instant, comme il estoit passionnément amoureux de la gloire, il rechercha finalement (?), par ses veilles et par ses travaux invincibles, tous les moyens imaginables de le devenir. » (Vie de Ronsard, éditée par Blanchemain, p. 37) Cf. ma thèse sur Ronsard p. lyr. ch. i, pp. 51 et 52.

P. 12, l. 44. — à venir. Sur l’esprit prophétique attribué à Dorat auteur d’anagrammes, voir Marty-Laveaux. Notice sur Dorat, p. xliii ; il cite des textes de Papyre Masson et de Du Verdier, qui corroborent le témoignage de Binet et celui de Velliard que nous avons cité plus haut (dans la note précédente).

P. 13, l. 1. — ces richesses ? Ce texte de AB, après amélioration de la ponctuation, est relativement clair. Mais celui de C, conservé dans toutes les éditions suivantes, est très obscur, surtout par la présence d’un pronom relatif qui n’a pas d’antécédent grammatical. D’après le texte de AB c’est Dorat qui a traduit en français, « en faveur » de Ronsard, le Prométhée d’Eschyle, au lieu de le traduire en latin comme il le faisait d’ordinaire pour les auteurs grecs (cf. ci-dessus, à la page 97). Je pense qu’il faut comprendre de la même façon le texte de C, et voici comment j’interprète tout le passage : « Dorat, pour témoigner sa satisfaction du profit que Ronsard avait retiré de son enseignement, traduisit cette tragédie en français. Aussitôt que Ronsard en eut savouré l’effet, il dit à Dorat : Eh quoi, mon maître, etc.. »

Peut-être faut il lire : « et pour tesmoignage », au lieu de : « qui pour tesmoignage » Il y aurait là une faute d’impression, facile à expliquer par la présence d’un autre qui en tête de la proposition précédente. Peut-être aussi Binet a-t-il voulu employer qui pour et il, comme il semble l’avoir fait plus haut dans cette variante de C : « Loys de Ronsard fut chevalier de l’Ordre et Maistre d’Hostel du Roy François Ier, qui pour la sagesse et fidélité qui estoit en luy fut choisi... » V. ci-dessus, p. 65. aux mots « fut choisi ».

P. 13, l. 4. — jouée en France. Le texte de AB est très équivoque. À le lire attentivement on se demande si c’est Dorat ou Ronsard qui « tourna en François » le Plutus d’Aristophane, et tout le contexte porte à croire que c’est Dorat, lequel avait déjà « traduit en François » le Promethée d’Eschyle, et seul avait qualité pour faire représenter une pièce quelconque au collège de Coqueret, dont il était le principal. Binet, voyant l’équivoque, ajouta en C : « outre le conseil de son pre-