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COMMENTAIRE HISTORIQUE

noces Marie de Guise, sœur du Cardinal de Lorraine et de François de Guise. (Voir ma Jeunesse de Ronsard, pp. 185-87).

Binet s’est corrigé dès sa seconde édition d’après le passage du Tombeau de Marguerite de France, où Ronsard raconte le premier mariage de Jacques Stuart avec Madeleine de France, et la mort prématurée de celle-ci (Bl., VII. 179-80).

P. 5, l. 37. — second fils du Roy. Cette addition de C, conservée dans toutes les éd. postérieures, est une erreur historique. François Ier avait trois fils : 1° François, né le 28 févr. 1518, mort en 1536 ; 2° Henri, né le 31 mars 1519, roi sous le nom de Henri II de 1547 à 1559 ; 3° Charles, né le 22 janvier 1522, mort en 1545 (Cf. Journal de Louise de Savoie). C’est de ce 3e fils qu’il est question ici, et non pas de Henri (autre erreur, commise par Marcassus dans son commentaire de l’autobiogr. de Ronsard. Bl., IV, 299, note 4). Le Dauphin avait le titre de Duc de Bretagne, le cadet celui de Duc d’Orléans ; c’est ce dernier titre que prit Charles lorsque Henri fut devenu Dauphin par la mort de son frère aîné. L’erreur de Binet est flagrante quand on rapproche de l’autobiographie deux vers du Tombeau de Marg. de France (Bl., VII, 181), un vers de la Complainte à la Royne mere (III, 373) et la première partie de l’Ode Prince tu portes le nom (II, 190).

P. 6. l. 1. — renommée. Source, la suite de l’autobiographie :

.....en l’Ecossoise terre
Où trente mois je fus et six en Angleterre.


Du Perron écrit de son côté : « On le bailla au Roy d’Escosse, pour l’accompagner en son Royaume. Ce qu’il fit, et y demeura environ deux ans et demy, jusques à ce qu’il eust appris les mœurs et la langue de la province...... Revenant d’Escosse il passa par l’Angleterre, où il séjourna environ cinq ou six mois. » Or Du Perron et Binet ont eu tort de prendre à la lettre ce vers de Ronsard. C’est la versification qui l’a forcé à donner dans son autobiogr. cette légère entorse à la vérité ; plus tard, dans le Tombeau de Marguerite de France, il l’a rétablie ainsi :

......et tout ce fait je vey
Qui jeune l’avois Page en sa terre suivy,
Trop plus que mon merite honoré d’un tel Prince,
Sa bonté m’arrestant deux ans en sa province.


Si Ronsard était resté trente-six mois dans son premier voyage d’outremer, il n’en serait revenu que vers la fin d’avril 1540, et n’aurait pas eu le temps d’effectuer son second voyage en Écosse, par la Flandre et la Zélande, avant son départ pour l’Allemagne, dont la date a été fixée par Lucien Pinvert au 16 mai 1540 (Lazare de Baïf, trad. française, p. 70).

Binet s’en est probablement rendu compte quand il corrigea son texte C d’après le Tombeau de Marg. de France. Tous les biographes postérieurs, se fondant sur le texte C, ont admis que le premier séjour de Ronsard en Écosse ne dépassa pas deux ans, — sauf Sainte-Beuve qui, d’après l’autobiogr., parle d’un séjour de trois ans « en Grande Bretagne » (Notice sur Ronsard), et Marty-Laveaux, qui garde sur ce point un silence trop prudent, n’osant se prononcer entre les vers