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deuxième partie. — la relativité généralisée.

déterminée par la masse pesante. Mais, d’autre part, un observateur du système galiléen jugera de la façon suivante : la corde est forcée d’accompagner la chambre dans son mouvement accéléré et transmet ce mouvement au corps suspendu : la tension équilibre la force d’inertie, elle est déterminée par la masse inerte.

3o Le boulet de Jules Verne. — Au lieu d’imaginer que la chambre de l’observateur est loin de toute matière, supposons-la, au contraire, lancée sans rotation et se mouvant en chute libre dans le champ de gravitation d’un astre ; la pesanteur y sera supprimée puisque, dans ce champ, la chambre et tous les objets qu’elle contient seront soumis à une même accélération d’ensemble. Pour l’observateur de la chambre il n’y aura ni haut ni bas, et un mobile libre sera au repos ou animé d’un mouvement rectiligne et uniforme ; la lumière à l’intérieur ou dans le voisinage de la chambre se propagera en ligne droite. En résumé, un système de référence lié à la chambre en chute libre sera un système galiléen (bien que pour un observateur de l’astre sur lequel tombe la chambre le système soit accéléré), et l’homme de la chambre considérera l’Univers comme euclidien dans son voisinage.

4o Le principe d’équivalence. — Il résulte des considérations qui précèdent que, d’une part, l’emploi d’un système de référence en mouvement équivaut à créer un certain champ de gravitation dans lequel ce système pourra être considéré comme immobile ; que, d’autre part, l’emploi d’un système de référence lié à un corps en chute libre dans un champ de gravitation revient à supprimer ce champ.

Dans toute portion d’espace il est impossible de se prononcer entre les deux interprétations suivantes : 1o il existe un état de mouvement, non uniforme, sans champ de gravitation ; 2o le système envisagé est au repos, mais il règne dans la région considérée un champ de gravitation s’exerçant sur toute portion d’énergie.

Il est donc impossible de distinguer un champ de force d’inertie dû à un état de mouvement et un champ de gravitation. Il y a équivalence, selon l’expression d’Einstein.

Cette conception est en plein accord avec un fait bien connu : nous avons déjà dit, à propos des expériences d’Eötvös (no 53)