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AMYRAUT.

secret. M. Amyraut lui protesta que, selon la déclaration qu’il en avait faite d’abord à M. de Villeneuve, il communiquerait à ses collègues l’entretien qu’ils venaient d’avoir ; mais, qu’il lui répondait de leur discrétion. Dès le soir même, il leur rendit compte de la conférence, et il ne fit point scrupule d’en parler dans l’occasion, après que le cardinal de Richelieu et le père Audebert furent morts.

(K) Il fut très-estimé du maréchal de Brezé. ] Il était gouverneur de Saumur, et il n’y allait jamais sans envoyer prier M. Amyraut de le venir voir. Il le priait même fort souvent d’aller à son château de Milly, où il demeurait ordinairement ; et lorsqu’il reçut la nouvelle de la mort du duc de Fronsac son fils, amiral de France, il voulut avoir toujours auprès de lui M. Amyraut. Il en reçut plusieurs visites durant sa dernière maladie, et il se recommanda même à ses prières, et voulut que l’on priât Dieu pour lui dans le temple de Saumur. Il mourut dans le château de Milly, en 1650.

(L) Du maréchal de la Meilleraie. ] Du temps qu’il était de la religion, il avait étudié à Saumur avec M. Amyraut. Il s’était toujours souvenu de cette ancienne connaissance, et, dès le lendemain de son arrivée à Saumur, lorsque la cour y était en 1652, il envoya faire un compliment à ce ministre, qui ne manqua pas de lui aller faire la révérence tout aussitôt, et d’en être reçu comme à l’ordinaire, avec mille marques de considération. Ce maréchal ayant appris la dernière maladie de M. Amyraut, le fit visiter par un gentilhomme, et lui témoigna que si sa goutte lui eût permis de supporter le carrosse, il serait venu le voir. Il était alors à son château de Montreuil-Bellai, à quatre lieues de Saumur.

(M) De M. le Goux de la Berchère. ] Il fut relégué à Saumur, l’an 1637, et il y demeura jusqu’en 1644. Comme il avait beaucoup de mérite et beaucoup d’érudition, il aimait les gens de lettres, de quelque religion qu’ils fussent. Il voulut d’abord connaître M. Amyraut, et il le trouva si digne de son amitié, qu’il se forma entre eux une grande liaison. Ils se voyaient ordinairement deux fois la semaine ; ainsi l’on ne doit pas s’étonner que le ministre ait pu fournir des mémoires pour la Vie du président. Il n’est pas besoin de dire ici que M. de la Berchère mourut premier président au parlement de Grenoble, et que M. son frère lui succéda ; mais il est bon de dire que ce dernier, voulant faire écrire la vie de l’autre, pria M. Amyraut de lui communiquer des mémoires touchant ce qui s’était passé entre eux de particulier. M. Amyraut lui envoya, entre autres choses, le récit de la conférence qu’il avait eue avec le père Audebert ; car dès que le bruit se fut répandu dans Saumur qu’il s’était entretenu secrètement avec ce jésuite, M. de la Berchère voulut savoir de lui-même ce qui en était. M. Amyraut lui en récita une bonne partie, en lui recommandant le silence. Cet endroit de ses Mémoires n’a pas été employé dans la vie de M. de la Berchère, qui a été donnée au public. Il dédia, en 1648, son livre des Droits du mariage à cet illustre magistrat, qui était alors premier président de Grenoble.

(N) Des intendans de la province d’Anjou. ] Il ne manquait jamais de les aller saluer, et ils lui rendaient tous sa visite, et lui marquaient une grande considération. Lorsqu’en 1658 il alla prendre les eaux de Bourbon il reçut mille honnêtetés à Bourges, de M. Mandat, intendant de la province. Il ne tint qu’à lui d’aller loger chez cet intendant, qui l’en pria, et chez qui il dîna avec l’archidiacre de Bourges, et avec quelques autres ecclésiastiques.

(O) Des évêques et des archevêques. ] Voyez ce qui a été dit ci-dessus [1] concernant M. l’évêque de Chartres. J’ajoute ici, qu’en l’année 1662 M. l’archevêque de Paris, Hardouïn de Péréfixe, étant allé à Saumur pour un vœu que la reine mère avait fait à Notre-Dame des Ardilliers[2]. fit dire à M. Amyraut, qu’il serait bien aise de le voir. M. Amyraut fut trés-disposé à lui rendre une visite : mais il fit entendre qu’il ne lui donnerait point le titre de monseigneur. L’archevêque y ayant donné les mains,

  1. Dans la remarque (D).
  2. Elle est dans l’église des pères de l’Oratoire, au bout d’un faubourg de Saumur.