Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique, 1820, T15.djvu/85

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
77
ZIA.

fauts, qui règnent dans le Dictionnaire de M. Moréri. C’est sans doute un grand défaut que la manière dont cet auteur cite : il entasse toutes ses citations à la fin de chaque article, sans faire savoir qu’une telle chose a été dite par celui-ci, et une telle autre par celui-là : il laisse donc à son lecteur une grande peine, puisqu’il faut quelquefois heurter à plus de cinq ou six portes, avant que de trouver à qui parler. C’est un défaut qui règne en bien d’autres livres, et dont les conséquences ont été connues à un écrivain fort éclairé et fort judicieux, qui nous a donné depuis peu l’Histoire des Empereurs romains [1]. J’ajoute que M. Moréri avance mille choses, ou qu’on ne trouve point dans ses citations, ou de quoi il ne fournit aucun garant, ou qui sont toutes mutilées, par le retranchement de certaines circonstances qui constituent l’espèce du fait, et qui en sont le principal agrément. Enfin je dis qu’il ne fait pas toujours connaître les gens par les endroits les plus remarquables. Il me semble qu’on ne trouvera pas ces défauts dans mon article de Zeuxis. »

  1. M. de Tillemont. Le premier tome de son Ouvrage a été imprimé à Paris en 1690. (Voyez M. de Beauval dans son Journal du mois de juin 1691.) La manière de citer y est de la dernière exactitude.

ZIA ou ZÉA, île de l’Archipel, l’une des Cyclades, s’appelait anciennement Céos ou Céa. Elle est à dix mille pas du promontoire de l’Attique, nommé autrefois Sunium [a], et aujourd’hui cap des Colonnes. Elle avait été autrefois une portion de l’Eubée ; mais la mer l’en détacha, et lui enleva ensuite le quart de sa longueur à peu près. Cette longueur avait compris cinq cents stades, ou soixante deux mille cinq cents pas [b] (A). Au temps de Strabon les quatre villes qui avaient été dans l’île de Céa étaient réduites à deux, dont l’une s’appelait Julis, et l’autre Carthæa [c]. L’une des deux villes ruinées avait porté le nom de Caressus, et l’autre celui de Præessa. Il y avait au voisinage de ces deux dernières villes un temple d’Apollon Sminthien ; et l’on voyait entre les masures de Præessa et ce temple, celui de Minerve Nédusia, que Nestor avait consacré après son retour de Troie [d]. On a vu ailleurs [e] le nom de quelques personnes illustres qui étaient nées dans l’île de Céa, et [f] tout ce qui la concerne par rapport à Aristée, l’inventeur du miel. Il faut ajouter ici qu’une femme de cette île inventa l’art de filer l’ouvrage des vers à soie et d’en faire des étoffes (B) ; et que la coutume des habitans était de s’empoisonner dès qu’ils étaient parvenus à un certain âge (C). Le port de Zia est un des plus assurés de la Méditerranée, outre que les vaisseaux y font de l’eau, du biscuit et du bois [g]. L’île paie au Turc dix-sept cents piastres pour le carach, et deux mille cinq cents de dîmes [h], L’évêque de Thermia y passe la moitié de l’année [i] : elle a une ville assez ample avec un château ruiné.

  1. Plinius, lib. IV, cap. XII, pag. m. 453.
  2. Idem, ibid.
  3. Strabo, lib. X, pag. 335. Voyez aussi Pline, ibid.
  4. Strabo, ibid.
  5. Dans l’article Julis, tom. VIII, pag. 472.
  6. Ci-dessus, dans le premier article Aristée, tom. II, pag. 332, 334 et suiv.
  7. Guillet, Athènes ancienne et nouvelle, pag. m. 85.
  8. Spon, Voyage, tom. I, pag. 149, édition de Hollande.
  9. Baudrand, Geogr., tom. I, pag. 251.