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PRÉFACE

rité, et à faire douter des points les plus fondamentaux de l’histoire, lorsque les auteurs ont eu l’indiscrétion de les confondre : tout y est enfin dans un ordre agréable pour un lecteur avide, et utile pour un savant : et on doit dire à la louange de M. Vaultier, qui s’est chargé seul du poids immense de ce travail, qu’il fallait un homme de sa patience et de son assiduité, pour ne pas succomber sous une si grande entreprise ; surtout quand on saura qu’il n’a été secouru de personne, et qu’à un religieux près, dont les lumières sont bornées à un certain genre d’érudition, tout le monde l’a abandonné. Et est vrai qu’on pourrait lui répondre qu’il a reçu des mémoires, et que s’il avait marqué en faire quelque cas, on lui en aurait fourni davantage dans le cours de l’impression, et à proportion de l’accueil qu’en aurait vu qu’il aurait fait aux premiers. Mais ce n’est pas de quoi il s’agit ici, et en mon particulier je n’ai aucune plainte à porter contre lui au tribunal du public.

Après un tel détail, on jugera aisément de la nature de ce petit ouvrage : il ne contient que quelques remarques qui[a] ont échappées à M. Vaultier ; ce sont même, si l’on veut, quelques fautes dans lesquelles tout autre auteur, surchargé d’un aussi grand travail, serait infailliblement tombé : heureux s’il n’en eût pas fait de plus grossières ! Dans le nombre de ces fautes, il y en a quelques-unes de particulières à certaines nations, à certains pays, et même à certains cantons, et qui par conséquent n’intéressent guère un lecteur qui n’aura vu ces pays que dans la carte ; mais comme j’espère que ces remarques pourront servir à la première édition qu’on donnera du Dictionnaire de Moréri, je n’ai pas voulu négliger de relever ces légères fautes, persuadé qu’en les[b] ressemblant dans un petit volume, un éditeur aura plus de commodité de les mettre à profit. Et y a d’autres fautes dans nombre de celles que j’ai relevées, qui seront d’une plus sérieuse considération, et dont un lecteur tant soit peu habile jugera que la correction était essentielle à la perfection du dictionnaire historique.

Peut-être, par exemple, ne se serait-on jamais avisé dans les nouvelles éditions que l’on pourra donner à l’avenir, de réfléchir qu’il n’y eut jamais de pont de pierre sur le Rhin ; et peut-être aussi que, sans la remarque que je donne sur ce sujet, tel éditeur qui se sera pu trouver au dernier siége de Brisach[c] ne laisserait

  1. Voici l’un des provincialismes (voyez ci-dessus, pag. 376) que l’on n’a point voulu corriger dans cette nouvelle édition. Il ressemble à celui qu’on trouve ci-dessous dans cette préface : une faute qui a constamment passée, et à celui qui suit peu après : Ces petits livres... ayant une fois donnés un cours. Voyez la note (a) de l’article Actor, la note (b) de l’article Beaupoil, la note (a) de l’article Bellay, et ailleurs. Rem. de M. Bayle.
  2. Il eût été plus conforme au génie de la langue française de dire qu’en les trouvant rassemblées dans un petit volume, un éditeur, etc., ou qu’en les rassemblant dans un petit volume, je serais cause qu’un éditeur aurait, etc. Rem. de M. Bayle.
  3. Il y a ici trop d’hyperbole : il n’est nullement vraisemblable qu’un éditeur qui aurait vu de ses propres yeux que le pont de Brisach n’était point de pierre eût néanmoins négligé de corriger cette faute de Moréri. Rem. de M. Bayle.