Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique, 1820, T15.djvu/32

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
24
ZANCHIUS.

dam, Martyri non absimilem vocandum. Itum ergò primùm est à Cœlio Secundo Curione, cui ea cura ab Argentoratensibus demandata ad comitem illum Martinengum : et, cùm hic ecclesiam Genevæ plantatam destituere nollet ad istum Zanchium : quem deindè Argentoratum ipsi etiam scholarchæ, missis benevolentiæ plenis litteris, invitârunt [1]. Il est vrai que la lettre [2] qui lui fut écrite par Jacques Sturmius, au nom des scholarques de Strasbourg, lui offrait les mêmes emplois et les mêmes gages que Pierre Martyr avait eus : mais cela n’emporte point qu’il lui succéda proprement parlant. IV. Il ne sortit de Chiavenne que pour aller professer la théologie à Heidelberg : on a donc tort de lui assigner un poste dans Bâle entre sa sortie de Chiavenne et sa vocation au Palatinat [3]. V. On se trompe encore davantage lorsqu’on assure qu’il n’alla au Palatinat qu’en 1578. Il y alla dix années auparavant. VI. On ne devait pas omettre qu’il y alla pour enseigner la théologie dans Heidelberg, et qu’il l’enseigna dans cette université jusques aux troubles qui s’élevèrent contre les docteurs calvinistes, après la mort de l’électeur Frideric IIIe. : on ne devait pas, dis-je, l’envoyer tout droit de Bâle à Neustad, puisqu’il n’enseigna dans cette dernière ville qu’après avoir professé huit ans à Heidelberg. Ajoutons une erreur de droit à ces six fautes de fait. VII. « On remarque une grande modération en ses écrits, et il a toujours fait connaître le sincère désir qu’il avait de terminer tous les différens que la religion a causés : car étant âgé de soixante-dix ans il adressa sa confession de foi à Ulisse Martinengue, noble Vénitien, comte de Barco, et il la donna au public tant en son nom qu’au nom de sa famille, car c’est le titre qu’elle porte. Or dans cette confession il proteste qu’il n’a pas renoncé simplement et en toutes choses à l’église romaine et à tous ses dogmes, mais seulement à ceux qui ne sont pas conformes aux écrits des apôtres et à la doctrine qu’elle-même enseignait autrefois, et qui était crue par l’ancienne et par la pure église ; et que quand il avait abandonné la communion romaine, c’avait été dans le dessein d’y retourner, en cas que, corrigeant ses erreurs, elle reprît sa première forme : qu’il souhaitait de tout son cœur que cet heureux changement arrivât un jour ; car qu’est-ce qu’une bonne âme peut souhaiter avec plus d’ardeur, que de vivre jusqu’à la fin de ses jours dans l’église où l’on a eu l’avantage de renaître par le baptême, pourvu que la communion que l’on entretient avec elle n’offense pas le Seigneur [4] ? » Luther, Calvin, Jacques André, dont M. de Thou fait mention tout aussitôt comme d’un théologien beaucoup plus envenimé contre l’église romaine et contre le pape [5], auraient signé très-sincèrement cette confession de foi de Zanchius : elle n’est donc point une bonne preuve que Zanchius différât des autres ministres.

(F) ......... Et M. Moréri aussi. ] I. Ce n’est point sa faute, mais celle de son Dictionnaire, que de dire que Zanchius était un moine apostat de Londres, Les imprimeurs ont mis de Londres au lieu de l’ordre : et je remarque cela afin qu’on voie à quelles erreurs ils exposent ; car combien y a-t-il eu de lecteurs qui ont cru fort bonnement que Zanchius s’évada d’un cloître de Londres, quand il se fit protestant. II. Il n’était point des hermites de Saint-Augustin, comme l’assure M. Moréri ; ceux que l’on appelle ainsi sont différens des chanoines réguliers. Je veux qu’ils aient les uns et les autres saint Augustin pour chef de règle : on ne laisse pas d’employer un style de distinction quand on parle d’eux. III. On a copié de M. Teissier [6] la prétendue diffé-

  1. Melch. Adam, in Vitis Theol. exter., pag. 149.
  2. Elle est la première du IIe. livre des Lettres de Zanchius.
  3. Posteà Clavennæ in Rætiâ, dein Basileæ usque ad annum 78, ac postremò Neapoli Nemetum docuit. Thuan., lib. XCIX, pag. 379, ad ann. 1590.
  4. M. de Thou, livre XCIX ; je me sers de la traduction rapportée par M. Teissier.
  5. Amarior eo romanæ Ecclesiæ et pontificii nominis oppugnator Jacobus Andreanus. Thuanus, lib. XCIX, pag. 379.
  6. Voyez la remarque (A).