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ZANCHIUS.

croix à porter [a]. On lui offrit à Heidelberg une profession en théologie qu’il accepta, et dont il commença les fonctions au mois de février 1568. Il fut promu au doctorat la même année, en présence de l’électeur palatin Frideric III. Il écrivit à la sollicitation de ce prince un gros ouvrage contre les antitrinitaires, et après la mort de cet électeur il refusa les vocations de l’académie de Leyde, et de l’église d’Anvers, et aima mieux s’arrêter au collége de Neustad où Jean Casimir, comte palatin, avait recueilli les professeurs que le nouvel électeur, grand partisan du luthéranisme, avait fait sortir d’Heidelberg. Cet électeur étant mort, l’administration du palatinat fut entre les mains du même Jean Casimir, qui remit dans leur ancien poste les professeurs ; mais Zanchius, à cause de sa vieillesse, fut déclaré émérite. Il mourut à Heidelberg le 19 de novembre 1590. Il perdit la vue quelque temps avant sa mort [b]. On ne voit point dans son histoire, composée par Melchior Adam, qu’il ait été marié ; mais selon M. de Thou il laissa bien des enfans (D). Il composa plusieurs ouvrages qui sont sans doute aussi bons que ceux des théologiens plus modernes, et néanmoins il n’y a personne qui les lise : on les donne presque pour rien dans les ventes des bibliothèques ; les épiciers ont plus de soin de se prévaloir du vil prix que les proposans et que les ministres. La destinée des ouvrages des autres théologiens, qui ont tant brillé au XVIe. siècle, est assez semblable à celle-là. On peut censurer M. de Thou en quelque chose (E), et M. Moréri aussi (F) ; car les preuves qu’ils apportent de la modération de Zanchius ne sont point bonnes. Il est très-certain au fond que peu de ministres ont été aussi modérés que lui. Il ne croyait point que le pape fût l’antéchrist, et il condamnait hautement la prévention qu’il croyait avoir remarquée dans les écrits de plusieurs auteurs protestans [c]. La conférence qu’il eut avec le nonce du pape, l’an 1561, est assez curieuse. Le Pallavicini en parle amplement dans le chapitre X du XVe. livre de son Histoire du concile de Trente. Au reste, il y a plusieurs auteurs nommés Zanchius, comme il paraît par la scène des écrivains du Bergamasque, publiée l’an 1664 [d]. Il y a entre autres un Jérôme Zanchius qui a publié des livres de jurisprudence. Il était cousin second de notre théologien [e]. On ne sera pas fâché, je m’assure, que je dise ici que notre Jérôme eut un valet nommé Frideric Sylburgius, qui devint un fort savant personnage. Il le garda quatre ans [f], et puis il le recommanda à Lélius Zanchius, afin qu’on lui procurât une condition à Padoue [g]. La lettre de recom-

  1. Fructus se quidem sed non absque cruce. Melchior Adam, in Vit. Théol. exter., pag. 131.
  2. Tiré de Melch. Adam, in Vit. Theol. exter., pag. 148 et seq.
  3. Voyez la citation du père Labbe dans remarque (F).
  4. Donatus Calvus en est l’auteur : elle a pour titre Scena letteraria de’ Scrittori Bergamaschi.
  5. Zanch., Epistolar. lib. II, pag. 444.
  6. Idem, ibidem.
  7. Idem, ibidem, pag. 448.