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MUSTAPHA. MUSURUS.

premier volume un discours de Bernardin Tomitano, touchant les beautés, la méthode, et le caractère des Sermons de notre Cornélio. Les Prediche quadragesimali furent dédiées au cardinal Farnèse, l’an 1586, par Giuseppe Musso. Vous pouvez voir dans Moréri, que Gabriel Chapuis publia une traduction française des Sermans de ce prélat, l’an 1584.

MUSTAPHA, empereur des Turcs, succéda à son frère Achmet, mort le 15 de novembre 1617 [a]. On connut bientôt qu’on s’était trompé en le croyant plus capable de régner qu’Osman, fils d’Achmet ; c’est pourquoi on le déposa au bout de deux mois, et l’on établit Osman sur le trône de son père. Nous verrons ailleurs [b] comment Mustapha fut rétabli, et puis encore déposé.

  1. Mercure français, tom. V, à l’an 1617. pag. m. 185.
  2. Dans l’article Osman, tom. XI.

MUSURUS (Marc), natif de Candie, se distingua parmi les hommes doctes qui parurent en Italie vers le commencement du XVIe. siècle. Il enseigna les lettres grecques dans l’université de Padoue avec beaucoup de réputation, et avec tant d’attachement aux fonctions de cette charge, qu’à peine laissait-il passer quatre jours toutes les années sans faire des leçons publiques [a]. Il les faisait ordinairement à sept heures du matin. Il entendait admirablement la langue latine ; ce que l’on n’avait guère remarqué dans aucun Grec transplanté en Occident [b], et il étudiait avec ardeur la philosophie. Voilà ce que dit de lui un homme qui le connaissait personnellement (A). Quelques-uns disent que le désir de s’avancer l’obligea d’aller à Rome (B), pour faire sa cour à Léon X. Ce ne fut pas inutilement, vu qu’il obtint de ce pape l’archevêché de Malvazia dans la Morée : mais à peine avait-il été orné de ce beau titre, qu’il mourut à Rome, pendant l’automne de l’an 1517 [c]. Ce fut d’hydropisie, si nous en croyons Paul Jove [d], qui ajoute que le chagrin de n’avoir pas été élevé au cardinalat le fit tomber dans une extrême langueur. On ajoute qu’il était bon poëte, et que l’éloge de Platon, qu’il composa en vers grecs, et qui fut mis à la tête des œuvres de ce philosophe, fut reçu avec de grands applaudissemens, et considéré comme une pièce qui allait de pair avec les meilleures de l’antiquité. Le même Paul Jove prétend que la ligue qui fit la guerre aux Vénitiens, obligea Musurus à quitter sa profession, et à se tenir dans le repos du cabinet. Ce n’est pas narrer les choses exactement [e]. M. Varillas a fait un article tout-à-fait joli de notre Musurus [f] ; mais jusqu’à ce qu’on me produise de bonnes preuves de son narré, il me semblera que presque tous les embellissemens en sont romanesques (C). Nous ferons quelques réflexions sur son récit (D), et sur l’abrégé qu’on en donne dans le Supplément de Moréri (E). Musurus n’a pas été oublié dans la liste des savans malheureux (F) ; mais

  1. Erasm. epist. V, lib. XXIII, p. 1209
  2. Idem, ibid.
  3. Paulus Bombasius, epist. ad Erasmum, XXIII, lib. II, inter Erasmianas.
  4. In Elogiis, cap. XXX.
  5. Voyez la remarque (B).
  6. Anecdotes de Florence, pag. 180, 181, 182.