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MORGUES.

tre lui (B). Il prêcha dans Paris avec beaucoup de succès (C), et dès l’an 1613, il devint prédicateur de la reine Marguerite [a]. Il eut la même charge auprès du roi, l’an 1615, à la place du père Portugais, et l’an 1620, auprès de la reine-mère. Il avait été curé de Notre-Dame-des-Vertus auprès de Paris. Ceux qui écrivirent contre lui l’accusèrent d’avoir vendu cette cure, mais il le nia (D). Il fut nommé à l’évêché de Toulon par Louis XIII, et ne put jamais obtenir ses bulles. Il donna le meilleur tour qu’il lui fut possible à sa réponse aux reproches qui lui furent faits là-dessus (E). Il se retira chez son père après la détention de Marie de Médicis. Le cardinal de Richelieu, qui avait pris des mesures pour l’arrêter prisonnier dans cette retraite (F), manqua son coup, car Saint-Germain se sauva avant que les archers arrivassent. La reine-mère étant sortie de Compiègne [b], et voulant publier une apologie, l’envoya quérir et le chargea de répondre à un écrit intitulée : La Défense du roi et de ses ministres, où l’honneur de cette princesse n’avait pas été ménagé. Il publia en 1631 la réponse qu’elle souhaitait (G), et puis plusieurs autres livres contre les flatteurs du cardinal de Richelieu [c]. Ce qu’il y eut d’incommode fut qu’il avait publié des livres remplis de louanges pour ce cardinal (H). Cela donnait lieu à ses ennemis de le battre de ses propres armes. Il suivit Marie de Médicis hors du royaume, et ne retourna en France qu’après la mort du cardinal. Il fit disparaître l’un de ses principaux antagonistes, neveu du père Sirmond (I) ; et, comme il l’avait prédit pendant sa disgrâce [d], il obtint le privilége se faire imprimer ses livres. Il vécut jusques en 1670 [e]. Il logea long-temps aux Incurables, dans le faubourg Saint-Germain, et il y mourut à l’âge de quatre-vingt-huit ans [f]. Il y prêchait chaque année le panégyrique de saint Joseph (K). Il vantait beaucoup l’histoire qu’il avait faite de Louis-le-Juste, et qu’il devait charger ses héritiers de faire imprimer après sa mort. Patin a parlé plus d’une fois de cet ouvrage (L). Balzac maltraite beaucoup Matthieu de Morgues dans la 1re. lettre du livre VIII [g]. Il fallait, dit-il, que pour couronner son inconstance, de déserteur que nous l’avons vu de plus d’une douzaine de partis, pour son dernier métier il devint parasite des Espagnols, et secrétaire des mauvais Français qui sont à leur cour. Notez qu’il ne fut pas disposé envers le cardinal Mazarin comme envers le cardinal de Richelieu ; car s’il en faut croire le Patiniana, il fit le libelle intitulé : bons Avis sur plusieurs mauvais Avis. C’est une défense du cardinal Mazarin, à laquelle on croit que M. le La-

  1. Matthieu de Morgues, Reparties sur la Réponse à la Remontrance au roi, pag. 7.
  2. Là même, pag. 5.
  3. Du Châtelet, Sirmond, Balzac. Dupleix, etc.
  4. Voyez la remarque (I).
  5. Patin, lettre DXXX, à la page 580 du IIIe. tome.
  6. Là même, pag. 579.
  7. Dans l’édition in-folio, elle est datée du 15 de juillet 1625, mais il faut lire 1635.