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MONTMAUR.

Bellum parasiticum, satira. C’est aussi l’une des cinq pièces. On ne l’a pas oubliée dans le recueil des Œuvres de Sarrasin.

Je n’en vais coter quelques autres pièces qui furent faites contre Montmaur, outre celles dont je parlerai ci-dessous. M. de Vion d’Alibrai fit LXXIII épigrammes contre ce parasite. Le Recueil en est intitulé Anti-Gomor, et c’est un des Anti dont M. Baillet ne s’est pas souvenu [1] [* 1]. Vous trouverez deux de ces LXXIII épigrammes dans la seconde édition du Ménagiana, avec quelques vers de Malleville sur le même sujet. Hadrien Valois ne fut pas le seul qui prit le parti de publier avec des notes les écrits du parasite ; car je trouve ces paroles dans la Vie de Mamurra écrite par M. Ménage [2] : Præter eos autem (libros Mamurræ) qui in vulgus sunt editi, in quos doctissimæ juxtà atque elegantissimæ extant [* 2] M. Dentonis notæ, scripsit et alios [3].

(C) Il cultiva les anagrammes et tels autres jeux de mots. ] Voici un passage des Origines de la Langue française [4] : « Montmorisme. Nous appelons ainsi, il n’y a pas longtemps, ces rencontres qui ne consistent que dans un jeu de paroles que les latins appellent annominationes. Et nous les appelons de la sorte, à cause de Pierre Montmaur, professeur du roi dans la langue grecque, qui affectait ces jeux de paroles. Les Grecs ont dit de même γοργιάζειν, à cause du rhéteur Gorgias le Léontin, qui affectait aussi ces annominations [5]. Voyez Philostrate, dans son épître à Julie Auguste. » Joignons à cela un passage du Catalogue des auteurs qui firent présent de leurs ouvrages à M. l’abbé de Marolles. Pierre de Montmaur, professeur du roi en langue grecque, pour plusieurs devises et inscriptions latines, qui sont presque toujours dans des allusions aux noms, et dans des choses à double sens, où son esprit se plaisait grandement [6].

(D) L’on assurerait qu’il naquit dans le Querci. Ce serait se tromper : car il naquit dans le Limousin. ] Féramus, avocat au parlement de Paris, fut un de ceux qui écrivirent le plus malignement contre Montmaur. Il fit un poëme latin intitulé : Macrini parasitogrammatici hmepa ad Celsum, que M. de Valois le jeune inséra dans son Recueil, et que M. Ménage fit entrer depuis dans son livre de Miscellanées [7]. C’est aussi l’une des cinq pièces du Recueil de Nuremberg [* 3]. Voici un morceau de ce poëme : nous en donnerons quelques autres dans les remarques suivantes.

Tu, MEMMI, decus Aonidum immortale Sororum,
Qui famam ingentem meritis superantibus imples,
Tu desperatis restas spes unica rebus.
Et Musas quòd doctus amas, quòd Pallade Græcâ
Insignis, mediis clarum caput inseris astris,
Macrinum pateris bonus, et misereris egeni
Tabentisque fame, nullo miserante, sophistæ.
Græca etenim cùm verba sonat, licet ore Cadurco,
Illa placent, seris didicit quæ Græculus annis.

Ecce tibi properatus adest, et Κοίρανε χαῖρε

Ingeminans, mensæ optatum sortitur honorem [8].


Mais l’auteur anonyme de l’Histoire de la vie et de la mort du grand Mogor [9], s’exprime plus clairement ; car il affirme sans détour que Montmaur naquit à Cahors, et que sa mère y menait la vie d’une femme prostituée. Je me défiais de ces écrits satiriques, et pour avoir de meilleurs instructions, je m’adressai à M. Simon de Valhebert, qui pouvait avoir ouï dire à M. Ménage beaucoup de choses particulières, et qui pouvait trouver chez M. l’abbé Bignon, plusieurs im-

  1. * P. Marchand, qui parle de cet anti dans l’article Anti-Garasse de son Dictionnaire, dit qu’il ne sait s’il a été imprimé : il avait été dans l’Histoire de P. Montmaur par Sallengre.
  2. * Ce mot extant, ainsi que l’observe Sallengre, ne signifie pas que les remarques de Marcus Dento avaient été publiées lorsque Ménage écrivait, mais qu’elles existaient entre ses mains. Ce Marcus Dento n’est autre que Hadrien de Valois, qui après avoir composé ces notes sous ce nom, y mit, en les publiant en 1643, le nom de Quintus Januarius Frontos
  3. * Voyez la remarque (B).
  1. Ménagiana, pag. 314 de la 2e. édition de Hollande.
  2. Là-même, pag. 314, 315.
  3. Menag. in Vitâ Gargilii Mamurræ, p. 31.
  4. Ménage, Origines de la Langue française, pag. 510, édit. de 1694.
  5. Ce n’était point en cela que consistait Le caractère de Gorgias, ni le γοργιάζειν.
  6. Abbé de Marolles, Dénombrement des auteurs, pag. 425.
  7. Imprimé à Paris, l’an 1652, in-4.
  8. Menagii Miscellan. pag. 11, 12, libri adoptivi.
  9. Elle est dans le recueil d’Hadrien Valois.