Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Montmaur


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MONTMAUR [a] (Pierre de), professeur à Paris, en langue grecque, dans le collége royal sous le règne de Louis XIII[* 1], a passé pour le plus grand parasite de son temps (A), et il se rendit si odieux aux beaux esprits, qu’ils employèrent contre lui tous les traits, et toutes les inventions de la satire la plus outrageante (B). Il étudia les humanités chez les jésuites de Bordeaux [b] ; et comme il avait une mémoire extraordinaire, il fit concevoir de si hautes espérances du progrès de ses études, qu’on l’engagea à prendre l’habit de jésuite. On l’envoya à Rome où il enseigna la grammaire pendant trois ans avec beaucoup de réputation [c]. On le congédia ensuite, parce que l’on vit que sa santé était chancelante. Il s’érigea en vendeur de drogues à Avignon, et amassa bien de l’argent par ce moyen [d]. Après cela il vint à Paris ; et n’ayant pas trouvé son compte au barreau [e], il se tourna du côté de la poésie [f], parce qu’il espéra de participer aux présens dont le cardinal de Richelieu gratifiait les bons poëtes [* 2] : il cultiva ce qu’il y avait de plus puérile dans ce bel art, je veux dire les anagrammes, et tels autres jeux de mots (C). Il succéda à Goulu dans la chaire de professeur royal en langue grecque [g]. Voilà les faits véritables que j’ai cru pouvoir tirer de sa Vie, composée par M. Ménage, où ils sont mêlés avec beaucoup de fictions ingénieuses et satiriques. Je n’y ai pu découvrir la patrie de Montmaur ; mais, si l’on prenait au pied de la lettre certaines paroles d’une autre satire, l’on assurerait qu’il naquit dans le Querci. Ce serait se tromper ; car il naquit dans le Limousin (D). J’ai lu dans les Mémoires de l’abbé de Villeloin, qu’en 1617 il fut donné pour précepteur au fils aîné du maréchal de Praslin (E). Je rapporterai une histoire très-curieuse qui fera voir tout à la fois ses hâbleries, et la fausseté d’un conte qu’on publia contre lui (F). Il me semble qu’on peut dire sans se tromper que cet homme-là n’était pas à beaucoup près aussi méprisable qu’on le représente. Il aimait trop la bonne chère ; il allait manger chez les grands plus souvent qu’il n’eût fallu ; il y parlait avec trop de faste, je n’en doute point ; mais si la fécondité de sa mémoire, si sa lecture, si sa présence d’esprit, ne l’eussent rendu recommandable (G), aurait-il eu tant d’accès chez M. le chancelier [* 3], chez M. le président de Mesmes, et auprès de quelques autres personnes éminentes, et par leur rang, et par leur bon goût, et par leur érudition ? Gardons-nous bien de prendre pour un fidèle portrait les descriptions satiriques que l’on fit et de sa personne et de ses actions. Les meilleurs poëtes, les meilleurs esprits du temps, se donnèrent le mot, et conspirèrent contre lui, et ils tâchèrent de renvier les uns sur les autres pour le tourner en ridicule ; de sorte qu’ils inventèrent une infinité de fictions : il faut donc prendre cela pour des jeux d’esprit et des romans, et non pas pour un narré historique (H). Balzac s’enrôla avec tant de zèle dans cette espèce de croisade, qu’il voulut bien prendre la peine de descendre du haut de sa gravité, afin de donner à ses pensées quelque air de plaisanterie badine. C’était pour lui une occupation plus fatigante, que ne l’eût été pour Scarron un écrit sérieux et guindé. Il fit plus, car il sonna le tocsin, il anima ses amis à prendre la plume, et à fournir leur quote part (I). C’est une chose assez remarquable que les suppôts de la faculté des arts de l’université de Paris n’accoururent point au secours de leur confrère Pierre de Montmaur. C’est un signe qu’il avait su se faire aimer ni des régens de collége, ni des beaux esprits. C’eût été un étrange tintamarre si ces régens eussent fait une contre-ligue en sa faveur, et se fussent mis en devoir de faire servir toute leur grammaire, et toute leur rhétorique en prose et en vers contre ses persécuteurs. Il y a des personnes de mérite qui condamnent le déchaînement de ceux-ci (K) : les passages que je rapporterai là-dessus contiennent des choses qui illustreront cet article. Montmaur logeait au collége de Boncour, et cela fournit une matière de plaisanterie (L). Il mourut l’an 1648 (M). Il publia quelque chose contre Busbec [h]. On dit qu’il avait cinq mille livres de rente, et qu’il était fort avare [i].

  1. * Sallengre a donné une Histoire de Pierre de Montmaur, la Haye, 1715, 2 vol. petit in-8o. La Vie de P. Montmaur occupe 82 pages dans le Ier. volume. Elle est précédée d’une préface en 50 pages ; le reste des deux volumes est un recueil de toutes les pièces qui ont été faites contre Montmaur : Joly remarque que Sallengre a oublié l’épigramme que voici, de Furetière contre Montmaur :

    On disputait avec chaleur
    Quel mal faisait plus de douleur.
    Tel disait : c’est la sciatique ;
    Tel, la pierre ; tel, la colique,
    Quand Montmaur un des contendans
    Dit que c’était le mal de dents.

    Sallengre déclare avoir profité de plusieurs réflexions également curieuses et instructives de Bayle. Il relève aussi quelques méprises échappées à cet habile homme dont la mémoire sera toujours en recommandation aux gens de lettres.

  2. * Leclerc observe que Montmaur fut, ainsi que le dit Bayle dans la remarque (M), nommé à la chaire du collége de France, dès 1623, et que ce ne fut qu’après 1624, que Richelieu commença à répandre des libéralités sur des poëtes. L’idée que Bayle suppose à Montmaur est donc fausse.
  3. * Le chancelier d’Aligre.
  1. J’ai trouvé dans des livres imprimés ce nom orthographié en plusieurs manières, Monmor, Mommor, Monmaur, Mommaur, Montmor. J’ai suivi celle dont il se servait.
  2. Menagius in Vitâ Gargilii Mamurræ, pag. m. 10.
  3. Idem, ibid., pag. 11.
  4. Idem, ibidem.
  5. Idem, ibid., pag. 12.
  6. Idem, ibid., pag. 15.
  7. Idem, ibid, pag. 17.
  8. Busbequium mortuum nec responsurum invasit. Menag. in Vitâ Mamurræ, pag. 30. Voyez la remarque (B).
  9. Suite du Ménagiana, pag. 200, édition de Hollande.

(A) Il a passé pour le plus grand parasite de son temps. ] Je ne citerai que quatre vers de M. Boileau.

Tandis que Pelletier, crotté jusqu’à l’échine,
S’en va chercher son pain de cuisine en cuisine,
Savant en ce métier, si cher aux beaux esprits,
Dont Montmaur autrefois fit leçon dans Paris [1].

(B) Il se rendit si odieux aux beaux esprits, qu’ils employèrent contre lui tous les traits.... de la satire la plus outrageante. ] Je tirerai du Valésiana le commentaire de ce texte. « Le professeur Montmaur aimait à faire bonne chère aux dépens d’autrui. Il s’était donné entrée chez tous les grands qui tenaient table ouverte, par quelques bons mots grecs et latins qu’il leur débitait pour son écot. Après avoir bien bu et mangé, pour divertir ses hôtes, il se mettait à médire de tous les savans tant vivans que morts. Et il n’y en avait pas un qui n’eût un coup de dent. La plupart des savans se crurent obligés de le célébrer comme il le méritait, et de lui rendre justice. Ce fut M. Ménage qui sonna pour ainsi dire le tocsin contre lui. Il composa sa Vie en latin, [* 1] et à la fin de cette pièce, il exhorta, par une petite épigramme de cinq vers [2], tous les savans à prendre les armes contre cet ennemi commun. Je [3] ne voulus pas être des derniers à prendre parti dans une guerre si plaisante : je fis imprimer deux pièces latines de ce professeur, l’une en prose, et l’autre en vers, avec des notes ; et quoique ces deux pièces ensemble ne tinssent que huit pages, je les divisai en deux tomes [* 2]. J’ajoutai ensuite sa Vie, composée par M. Ménage, et tous les vers latins et français que je pus ramasser des uns et des autres ; auxquels je joignis quelques épigrammes latines que j’avais faites sur lui. Comme chacun prenait des noms de guerre, j’en fis de même, et pris celui de Quintus Januarius Fronto. Ces trois noms me convenaient parfaitement : Quintus, parce que j’étais le cinquième de mes frères ; Januarius, parce que je suis né dans le mois de janvier ; et Fronto, parce que j’ai le front large et élevé. Le livre fut imprimé à Paris, en 1643, in-4°. avec ce titre : Petri Monmauri Græcarum litterarum professoris regii Opera in duos tomos divisa, iterùm edita et notis nunc primùm illustrata à Quinto Januario Frontone. Il est fort rare [4]. »

Quelque rare qu’il soit, j’en ai vu pourtant un exemplaire. C’est M. Simon de Valhebert [5] qui m’a fait la grâce de me l’envoyer. Le ridicule à quoi l’on expose le pauvre Montmaur toucherait les plus stupides ; car on y donne pour le premier tome de ses ouvrages un écrit intitulé : Nemesis in maledicos calumniatoris Busbequii Manes, ob convicta ab eo temerè, malignè, falsè, et contrè jus gentium Epistolæ XLII inserta adversùs augusta Galliæ parlamenta, et qui ne contient que deux pages. Il n’y a là que de la prose ; mais le second volume contient un peu de prose et un peu de vers. La prose consiste dans une lettre de trois pages, amicissimo, doctissimo, et suprà sæculi fidem et morem candido D. D. Maigne Ducis Frontiaci μακαρέτου præceptori. Le reste est de la même longueur, et consiste en une élégie dont le titre est presque aussi long que la pièce même. Le voici : Epicedion Generosiss. Principis Eleonori Aurelianensis Ducis Frontiaci, quem xxxv vulneribus confossum in obsidione Montispessulani, fortiter et strenuè dimicantem acerba et immatura mors oppressit annos natum XVII, paucis antè diebus quàm pax firmaretur. Et matris mœstissime illustriss. Princip. Annæ Nomparis Calmontiæ prosopopœia. Ceci avait été imprimé l’an 1622, dix ans avant la courte invective contre Busbec. J’ai vu aussi, par la faveur de M. Simon de Valhebert, un livre in-12, imprimé en Allemagne [6] l’an 1665. Il a pour titre : Epulum parasiticum, quod eruditi conditores, instructoresque Car. Feramusius, Ægid. Menagius, Joh. Franciscus Saracenus, Nic. Rigaltius, et Joh. Lud. Balsacius hilarem epulantibus in modum, Macrino Parasitogrammatico, Gargilio Mamurræ parasito pædagogo, Gargilio Macroni parasitosophistæ, G. Orbilio Muscæ, L. Biberio Curculioni atque Barboni jucundè apparârunt et comiter. Tout cela est précédé d’une préface très-docte et convenable à la matière. Ce Recueil contient les cinq plus fortes satires qui aient paru contre Montmaur. Aussi voyez-vous que des gens d’une érudition profonde s’en mêlèrent : vous voyez M. Rigault dans le titre de ce Recueil : c’est lui qui fit Funus parasiticum, sive L. Biberii Curculionis parasiti, mortualia ad ritum prisci funeris [* 3]. C’est l’une des cinq pièces. On l’a jointe au traité des Kirchmannus de Funeribus Romanorum, à l’édition d’Amsterdam 1672. L’ingénieux Sarrasin qui prit part à cette guerre fut un des plus braves combattans. On voit beaucoup de politesse, et une littérature bien choisie et bien appliquée, dans son Attici secundi G. Orbilius Musca, sive Bellum parasiticum, satira. C’est aussi l’une des cinq pièces. On ne l’a pas oubliée dans le recueil des Œuvres de Sarrasin.

Je n’en vais coter quelques autres pièces qui furent faites contre Montmaur, outre celles dont je parlerai ci-dessous. M. de Vion d’Alibrai fit LXXIII épigrammes contre ce parasite. Le Recueil en est intitulé Anti-Gomor, et c’est un des Anti dont M. Baillet ne s’est pas souvenu [7] [* 4]. Vous trouverez deux de ces LXXIII épigrammes dans la seconde édition du Ménagiana, avec quelques vers de Malleville sur le même sujet. Hadrien Valois ne fut pas le seul qui prit le parti de publier avec des notes les écrits du parasite ; car je trouve ces paroles dans la Vie de Mamurra écrite par M. Ménage [8] : Præter eos autem (libros Mamurræ) qui in vulgus sunt editi, in quos doctissimæ juxtà atque elegantissimæ extant [* 5] M. Dentonis notæ, scripsit et alios [9].

(C) Il cultiva les anagrammes et tels autres jeux de mots. ] Voici un passage des Origines de la Langue française [10] : « Montmorisme. Nous appelons ainsi, il n’y a pas longtemps, ces rencontres qui ne consistent que dans un jeu de paroles que les latins appellent annominationes. Et nous les appelons de la sorte, à cause de Pierre Montmaur, professeur du roi dans la langue grecque, qui affectait ces jeux de paroles. Les Grecs ont dit de même γοργιάζειν, à cause du rhéteur Gorgias le Léontin, qui affectait aussi ces annominations [11]. Voyez Philostrate, dans son épître à Julie Auguste. » Joignons à cela un passage du Catalogue des auteurs qui firent présent de leurs ouvrages à M. l’abbé de Marolles. Pierre de Montmaur, professeur du roi en langue grecque, pour plusieurs devises et inscriptions latines, qui sont presque toujours dans des allusions aux noms, et dans des choses à double sens, où son esprit se plaisait grandement [12].

(D) L’on assurerait qu’il naquit dans le Querci. Ce serait se tromper : car il naquit dans le Limousin. ] Féramus, avocat au parlement de Paris, fut un de ceux qui écrivirent le plus malignement contre Montmaur. Il fit un poëme latin intitulé : Macrini parasitogrammatici hmepa ad Celsum, que M. de Valois le jeune inséra dans son Recueil, et que M. Ménage fit entrer depuis dans son livre de Miscellanées [13]. C’est aussi l’une des cinq pièces du Recueil de Nuremberg [* 6]. Voici un morceau de ce poëme : nous en donnerons quelques autres dans les remarques suivantes.

Tu, MEMMI, decus Aonidum immortale Sororum,
Qui famam ingentem meritis superantibus imples,
Tu desperatis restas spes unica rebus.
Et Musas quòd doctus amas, quòd Pallade Græcâ
Insignis, mediis clarum caput inseris astris,
Macrinum pateris bonus, et misereris egeni
Tabentisque fame, nullo miserante, sophistæ.
Græca etenim cùm verba sonat, licet ore Cadurco,
Illa placent, seris didicit quæ Græculus annis.

Ecce tibi properatus adest, et Κοίρανε χαῖρε

Ingeminans, mensæ optatum sortitur honorem [14].


Mais l’auteur anonyme de l’Histoire de la vie et de la mort du grand Mogor [15], s’exprime plus clairement ; car il affirme sans détour que Montmaur naquit à Cahors, et que sa mère y menait la vie d’une femme prostituée. Je me défiais de ces écrits satiriques, et pour avoir de meilleurs instructions, je m’adressai à M. Simon de Valhebert, qui pouvait avoir ouï dire à M. Ménage beaucoup de choses particulières, et qui pouvait trouver chez M. l’abbé Bignon, plusieurs imprimés concernant Montmaur. Il a eu la bonté de m’informer entre autres choses de celle-ci [16], que ce professeur était natif de la paroisse de Bétaille dans le bas Limousin [* 7]. Depuis cela j’ai lu un poëme de Balzac, qui témoigne que la province de Limousin était le pays natal de ce personnage.

Ne jactet nimis Auratum, cunasque Mureti :
Nobilis hunc quoque tam claris natalibus, asper
Eduxit pago Lemovix ; dein magna Tholosa
Civem habuit, propriumque tenet nunc maxima rerum,
Haud cedens dominæ formosa Lutetia Romæ [17].


Vous remarquerez en passant que les autres écrivains, qui ont fait satiriquement sa vie, envoient d’abord à Bordeaux, et ne parlent point de Toulouse ; mais Balzac l’envoie tout droit du Limousin à Toulouse, et puis à Paris.

(E) En 1617, il fut donné pour précepteur au fils aîné du maréchal de Praslin. ] L’abbé de Marolles observe que les trois fils du duc de Nevers n’avaient qu’un précepteur appelé G. G. de la ville d’Orléans, homme d’un petit génie, qui fut pourtant préféré à plusieurs, et entre autres à Pierre Montmaur, surnommé le Grec, qui alla prendre la place que celui-ci occupait auprès du fils aîné du maréchal de Praslin. Ce que dit M. Ménage, que par contre-vérité on le surnomma le Grec, n’est qu’une plaisanterie de satirique. Sed quod fidem omnem superat, græcè tunc nesciebat, GRÆCUS enim eâ tempestate per antiphrasim, quod minimè Græcus esset, ab invidis ac malevolis vocabatur [18].

(F) Je rapporterai une histoire... qui fera voir.... ses hâbleries, et la fausseté d’un conte.... contre lui. ] J’ai lu cette histoire dans un ouvrage qui n’est presque point connu hors du pays où il a été imprimé. Cela m’encourage à la donner toute entière. Il n’est pas besoin de la traduire, il suffira d’observer en faveur de ceux qui n’entendent pas le latin, que notre Montmaur, ayant dit à M. le chancelier que l’on trouvait certaines choses dans tels et dans tels auteurs, eut la confusion de ne pouvoir point avérer cela quand on mit ces livres sur table. Mommorius græcarum litterarum professor regius, solus sui ordinis eques, et apud urbis proceres inexhaustæ dictionis, eruditionis, ac memoriæ, ideòque gratus mensarum assecla, coràm illustrissimo cancellario, (is repentè me acciri jussum, et curru suo humaniter acceptum, in villulam amici, paulò ultrà suburbia, exspatiatum duxerat) multos authores laudavit, græcos et latinos, ad locum quemdam D. Pauli, ubi ad bestiarios et damnatos alluditur. Ego subdubitavi de fide laudantis, aliosque qui aderant, in meam sententiam adduxi, nonnisi consultis libris ei credendum. Postridiè, ubi diluxit, scripsi ad unum è familiaribus et domesticis ilustrissimi cancellarii, me animi causâ, domum vesperi reversum adiisse authores ab eo citatos, nil eorum quæ dixerat, reperiisse : non credideram fore, ut id resciret Dominus, aut porrò suâ curâ dignum duceret. Biduo pòst ad solitum prandium ivit Mommorius, multis jocis super mensam exagitatus est, tanquàm falsi suspectus, aut planè reus. Illicò homo miræ confidentiæ partes agere, velut in scenâ, cavillari, vociferari, vix exspectare dùm è mensâ surgeretur, appellare singulos et universos. Præsertim illustrissimam matronam, quæ ad latus viri erat, ut, quæ testis et conscia objectorum fuisset, suo de accusatore triumpho interesse vellet : et cedo, inquit, libros, Hesychium, Manilii astronomica, Strabonem, alios ; qui cùm sat citò reperiri non possent à novo nomenclatore, quamvis in refertissimâ bibliothecâ, mittitur confestim servus à pedibus meos postulatum, mox etiam currus, qui me adveheret. Adventu meo non parva expectatio omnium, quorsùm res evaderet, nam, tametsi hominis histrioniam satis intelligebant, ob ingentem tamen fiduciam. vel à me ipso vera dicere propè credebatur. Itum est in cubiculum superius, prolato omni librorum instrumento, sedit illustriss. cancellarius tanquàm supremus judex, assidebant duo libellorum supplicum ex-magistri, consistoriani comites, aliquot abbates, et viri honesti complures utrimque : totam controversiam exposuit disertè et dilucidè heros ille maximus, laudatâ nonnihil etiam modestiâ meâ, tum jussit Mommorium ex libris, quorum jam copia fieret, suas authoritates petere. Ibi noster tergiversari, aliena concionari, verborum diverticula quærere, concesso semel quod petierat, mox aliud requirens, cas editiones parùm commodas causari, nec interim de sententiâ decedere, nec manus dare ; cùm urgeretur à cancellario, nihilominùs comperendinationem petere. Sesqui-horam fermè tenuit ea declinatio, donec pronuntiatum est, falsi manifestum esse, et solutâ risu concione, Bataviæ ex-legatus ad ignem, ex tempore hos vernaculos recitavit à se factos :

Montmaur, c’est fait de ta mémoire,
Tu bronches sous le vieux Bouchon ;
Tous les auteurs te font faux-bond,
Si tu n’as recours au grimoire [19].


La lettre de Nicolas Bourbon, d’où je tire ce récit, est datée du 3 de novembre 1637. La chose s’était passée cinq ou six jours auparavant [20]. Montmaur n’avait donc pas été chassé de l’hôtel de M. le chancelier, lorsque sa Vie fut écrite satiriquement par M. Ménage, l’an 1636 [21]. Il y a donc apparence que les paroles que je vais citer sont une pure fiction, ou qu’elles ne furent fondées que sur un faux bruit. Mamurram è convivio propter nescio quid infandum Magnus Nomophylax turpiter ejecit : quo infortunii genere acerbius homini parasito accidere nullum potest. Aristippum quidem Dionysius olim consputavit, ac postremus ut accumberet jussit : sed tamen ut accumberet jussit, nec cenâ, ut Mamurra, privatus est Aristippus [22]. M. Féramus, qui fit un poëme contre Montmaur, avant que M. Ménage publiât la Vie de Gargilius Mamurra [23], suppose en divers endroits que M. le chancelier avait interdit sa maison à ce professeur. Il exprime cela admirablement.

Sed plurimus hæret
Claras antè domos atque alta palatia magni
Seguerii, cùm fortunæ, sortisque recordans
(Quâ licuit quondam divinæ accumbere mensæ)
In vetitas audax irrumpere cogitat ædes.
Ah ! quoties votis precibusque, et supplice fletu
Admitti petiit. Sed inexorabilis ille
Janitor, Helvetiæ duris de rupibus ortus,
Arcet ab ingressu, prohibetque, et jussa minatur
Verbera, et offensi Domini pro crimine pœnas,
Intentans fustem, sumptamqne iratior hastam,
Ni cedat procul et retrò vestigia vertat [24]

(G) Si la fécondité de sa mémoire, si sa lecture, si sa présence d’esprit, ne l’eussent rendu recommandable. ] Voici ce que M. Ménage a été contraint d’avouer : Cùm felici adeò Mamurra esset memoriâ, ut legentis modò, cuncta quæ olim in libris didicerat, posset referre, memorem illum convivam Memmius non oderat [25]. Il y a quelque apparence que Montmaur se fit beaucoup d’ennemis par l’éclat de sa mémoire. Elle le faisait régner dans les compagnies, ou pour mieux dire elle l’y érigeait en tyran. Un homme qui peut débiter tout ce qu’il a lu, et qui se donne des airs de maître en faisant sortir de sa bouche, avec la dernière facilité, un torrent de science, étonne dans une conversation les autres savans. Ils paraissent petits comme des nains auprès de lui : ils ne peuvent l’empêcher de tenir le dé, et ils n’osent même l’entreprendre ; ils soupçonnent quelquefois qu’il se trompe, mais ils n’ont pas l’assurance de le contredire, ils se défient de leur mémoire, et ils redoutent la sienne dans les choses mêmes où il leur semble qu’il a tort. Nous avons vu ci-dessus [* 8] que le savant Nicolas Bourbon, rempli de doutes sur les citations de Montmaur, n’osa lui faire un procès que quand il eut consulté à loisir sa bibliothéque [* 9]. Si vous joignez à cela que Montmaur était médisant et présomptueux, vous comprendrez sans aucune peine qu’il a dû être haï. Une beauté fière, qui offusque et qui éclipse toutes les autres dans les compagnies, est un objet odieux aux femmes. Les savans ne sont guère mieux disposés en semblable cas. Ceux qui virent qu’on ne pouvait tenir tête à ce professeur avec la langue recoururent à la plume, et le diffamèrent par écrit à qui mieux mieux.

J’ai ouï dire qu’un avocat, fils d’un huissier, lia un jour une partie avec quelques-uns de ses amis, pour mortifier Montmaur qui devait dîner chez le président de Mesmes. La troupe conjurée se rendit de très-bonne heure chez ce président. L’avocat et ses amis étaient convenus de ne laisser point parler ce professeur ; ils devaient se relever les uns les autres (et dès que l’un aurait achevé ce qu’il voudrait dire, un autre devait prendre la parole. Montmaur n’eut pas plus tôt paru dans la chambre, que l’avocat lui cria guerre ! guerre ! Vous dégénérez bien, répondit Montmaur, car votre père ne fait que crier paix-là ! paix-là [26] ! Ce fut un coup de foudre qui déconcerta les conjurés. L’avocat fut si interdit, qu’il ne put dire aucun mot pendant le repas. Je crois qu’en plusieurs autres rencontres Montmaur, par son babil et par son audace, se démêla aisément des piéges qu’on lui tendait. Je ne sais si ce fut un coup de hasard, ou un coup fait à la main ; mais enfin un jour qu’il dînait chez M. le chancelier Séguier, on laissa tomber sur lui un plat de potage en desservant. Il se posséda à merveille, et se mit à dire en regardant le chancelier (qu’il crut la cause de cette pièce), summum jus, summa injuria, et il mit tous les rieurs de son côté par cette prompte allusion [27]. Elle est fort ingénieuse, mais on n’en peut faire voir le fin dans une version française. C’est un jeu de mots qui roule sur ce que le chancelier de France est le chef de la justice, et que jus signifie en latin deux choses, la justice et du bouillon.

Notez qu’il y eut bien des personnes qui blâmèrent M. Ménage d’avoir composé une pièce si satirique contre Montmaur [28], et qu’il s’excusa entre autres raisons sur celle-ci, qu’il n’avait pas prétendu décrire la vie d’un parasite particulier, mais le caractère même de parasite par des traits d’invention. C’était vouloir se justifier par un mensonge [29]. Non parasitum unum aliquem, non assentatorem, sed omnes parasitos, omnes assentatores sub Mamurræ fictis conquisitisque vitiis deformati personâ, describere mihi mens fuit [30]. Je ne crois pas que M. Ménage ait jamais rien fait où l’érudition, l’esprit, et la politesse de langage, aient mieux paru ensemble. M. Simon de Valhebert m’a écrit qu’il a une pièce qui lui paraît être de M. Ménage : elle est tout-à-fait du style de sa requête des dictionnaires : elle est écrite d’une main qu’il ne connaît pas, mais avec quelques corrections de la main de M. Ménage, et a pour titre : Requête de Petrus Montmaur, professeur du roi en langue hellénique, à nos seigneurs de parlement. Elle contient plus de trois cents vers où son histoire paraît fort bien décrite, et ces vers sont de la même mesure que la Requête des Dictionnaires [* 10]. J’ai pris garde que M. Ménage n’a point adopté le conte qui se voit dans quelques pièces du recueil d’Hadrien Valois, est que Montmaur donna un si rude coup de bûche sur la tête au portier du collége de Boncour, qu’il le tua. Voyez la remarque suivante :

(H) Il faut.... prendre cela pour des jeux esprit..., et non pas pour un narré historique. ] Mais que pensera-t-on du fait dont je viens de faire mention ? Il ne semble pas que les satiriques les plus outrés soient capables de publier un mensonge tel que celui-ci, qu’un homme est actuellement en prison à cause d’un meurtre. Il est pourtant vrai qu’il y eut des adversaires de Montmaur qui affirmèrent qu’il fut emprisonné pour un crime de cette espèce. Se fondèrent-ils sur quelque réalité ? On aurait infiniment plus de peine à l’affirmer qu’à le nier ; et surtout quand on prend garde que la plupart de ces auteurs satiriques se turent à l’égard de cet homicide, qui était pourtant la matière la plus favorable qu’ils eussent pu souhaiter à l’entreprise qu’ils avaient formée de rendre Montmaur l’horreur et l’exécration du public. En tous cas voici cette accusation :

Quoi que ce soit, le parasite,
Est mieux traité qu’il ne mérite :
On ne lui peut faire d’ennui ;
Métamorphoser sa personne
En loup, en porc, en une tonne,
C’est encor trop d’honneur pour lui.
Qu’il le soit en une marmite,
En tournebroche ou léchefrite ;
En perroquet, en un corbeau ;
C’est une grâce très-visible,
Le bien façonner n’est possible
Qu’aux pieds délicats d’un bourreau.
Aussi ce messer Sicophante,
Pour montrer que c’est son attente,
Fit l’autre jour un joli tour,
Cassant d’une bûche flottée
La lourde caboche éventée
Du gros Janitor de Boncour.
Mais ce grand chercheur de lippée
N’eut plus tôt fait cette équipée,
Qu’il se vit absous du péché :
Car il reçut telle mornifle
Sur son gras museau qui renifle,
Que son œil en resta poché.
Et qui pis est, dame justice
Pour châtier son maléfice,
Grippant ce cuistre en triste arroi,
Les pieds nus, un torchon en tête,
Conduisit cette male bête
Dans la noire maison du roi.
Tous ses compagnons de cuisine,
Et ceux qui craignent la famine.
S’opposent à sa liberté,
Criant partout que sa présence
Sans doute affamera la France,
Et qu’elle a causé la cherté [31].

Vous allez voir en latin un semblable jeu [32] Horatii Gentilis Perusini in Mamurram, ob cæsum ab eo collegii Harcurtii [33] Janitorem

Cæde nocens, hominisque reus Mamurra perempti
Emissus vinclis est, Genovefa, tuis.
Et potuit reperire vades, quia plurima crimen
Elevat hoc ratio, nil graviusque meret.
Janitor occisus nimirùm haud penditur ussis,
Nec propter dabitur talio vile caput :
Cumque illi Mamurra petitum stipite grandi
Comminuit cerebrum, perdiderat proprium [* 11].

(I) Balzac s’enrôla.…… et voulut bien... descendre du haut de sa gravité.... et anima ses amis à prendre la plume, et à fournir leur quote part. ] Il ne fut pas le premier qui prêcha cette croisade : cet honneur est dû à l’historien de Mamurra [* 12], comme on l’a vu ci-dessus [34]. Cet historien mit à la fin de son livre une épigramme, où par ses exhortations et par ses imprécations il animait tout le monde à prendre parti dans la guerre contre Montmaur.

Quisquis legerit hæc, poeta fiat :
Et de Cenipetâ mihi jocosos
Scribat Gargilio repentè versus.
Qui non scripserit, inter eruditos
Insulsissimus ambulet patronos.

Voilà quelle fut la conclusion de l’histoire de Mamurra. On a pu donc dire avec beaucoup de raison que M. Ménage sonna le tocsin ; et l’on pourrait aussi dire par une autre métaphore, qu’il battit la caisse pour lever du monde. M. de Balzac ne manqua pas de s’enrôler, ni d’exhorter ses amis à prendre les armes. Il servit et dans l’infanterie et dans la cavalerie. Le Barbon [35], ouvrage en prose qu’il envoya à M. Ménage, fut accompagné de deux poëmes dont l’un est intitulé : Indignatio in Theonem ludimagistrum, ex-jesuitam, laudatorem ineptissimum eminentissimi cardinalis Valetæ [36], et l’autre est une lettre à M. de Boisrobert, où il le prie d’attaquer Montmaur, et de trouver bon qu’il encourage M. Féramus à une pareille entreprise.

Nec solùm tibi Semidei dicantur, at ipse
Thersites, ipse antiquo qui dictus Homero,
Ore animoque canis ; pridem cui sensus honesti est,
Extinctusque in fronte pudor. Fœdissima longas
Bestia det pœnas. Descende ad probra latini
Nominis, ac turpes Mamurrâ interprete Graios,
Pollutumque notis omni ex auctore volumen.
Monstra refer verborun, alio quæ vexit ab orbe,
Terribiles Griphos, etc. [37].
.........................
.........................
Hic docto te Marte potens, Ferrame, vocamus,
Antè alios : (ea vota meo sint grata Metello)
Cùm tot tela volent, tot in unum tela parentur,
Otia agas, tuaque arma neges communibus armis ?
Vana piumne putet deformi parcere monstro,
Relligio ? Tune invictos torquebis iambos
In caput alterius ? Vivetne obscœnus amator,
Atque hostis Musarum, omnis temerator honesti,
Pindi tetra lues ? Pestem tamen ille minorem
Scaligeri Tullîque cliens, et Cæsare læso
Conspicuus sæclis, nigro devovit Averno :
Nec tales Verona tulit sinè vindice chartas [38],

À voir la manière dont ces messieurs travaillaient à grossir leur ligue, et à convoquer l’arrière-ban de la république des lettres, on dirait qu’il était question, non pas de faire lever le siége de la montagne de Parnasse à des barbares résolus de livrer les Muses à la discrétion du soldat, mais de la reprendre sur ces incirconcis, et de remettre en liberté les chastes filles de mémoire détenues dans les noirs cachots d’une nation sacrilége, impure et abominable.

Il y eut des gens qui censurèrent quelque chose dans ces vers latins de Balzac. On y trouva de l’obscurité et de l’inhumanité. L’obscurité consistait dans les paroles qui désignent le poëte Catulle. Nous avons vu ci-dessus [39] ce que Balzac répondit ; et vous pourrez voir dans ses Entretiens, sa réponse quant au reproche de cruauté. Il y fait voir que l’on a eu tort de dire qu’il était plus inhumain envers le nouveau Mamurra, que Catulle ne l’était à l’égard de ses ennemis. Je n’ai parlé, dit-il [40], que d’une simple exécration poétique, ou pour le plus d’une simple mort ; car, en bon latin, dévouer à l’enfer, ou à l’Averne, ne va pas au delà de la mort ; et la ciguë, la corde, l’épée, la peuvent donner. Mais le vindicatif Catulle enchérit sur tous ces supplices communs. Il parle de la dernière, et de la plus cruelle de toutes les peines : il condamne à être brûlé tout vif le mauvais poëte dont il s’agit, comme un sorcier, ou un athée.

Infelicibus ustulanda flammis.


Et plus bas,

Et vos intereà venite in ignem.

D’autres le blâment de s’être mêlé d’une espèce de composition à quoi ils jugent qu’il n’était pas propre. Considérez, je vous prie, ce passage de M. Guéret : « On a encore cette malheureuse fantaisie de prétendre réussir en toutes choses ; on ne veut point passer pour avoir un génie borné : comme il n’y a guère de poëte qui n’étende sa juridiction depuis l’épigramme jusqu’au poëme épique, on ne voit presque point aussi d’orateur qui du panégyrique ne descende jusqu’au billet doux... Scarron, que la nature fit tout burlesque, et dont l’esprit et le corps furent tournés tout exprès pour ce caractère, eut bien l’audace de vouloir composer une tragédie ; et sans doute qu’il l’aurait fait, si la mort n’eût prévenu la témérité de son entreprise. Enfin Balzac lui-même a suivi ce mauvais exemple ; et non content de remporter la gloire du grand style, il a voulu montrer par le Barbon, qu’il n’était pas moins propre à la raillerie : cependant il s’est trompé de ce côté-là ; les délicats n’ont pas été de son goût, et son Barbon n’a fait que gâter ses œuvres. Suivons toujours notre naturel, ne sortons jamais du genre qui nous est propre, et n’envions point aux autres la gloire que nous ne saurions acquérir comme eux [41]. » M. de Balzac avait reçu des nouvelles plus agréables touchant son Barbon : car on lui manda que cet ouvrage avait eu un très-grand succès, et qu’on l’admirait dans Paris. Voici le commencement d’une de ses lettres à M. Ménage. Benè est, abundè est, plus sat est etiam mihi. Quæ scripsi ego olim, municipalis ille et orator et historicus, probata nuper sunt Lutetiæ Parisiorum. In amplissimo orbis terrarum theatro Barbo meus saltavit et placuit [42]. Il me semble que le jugement de M. Guéret n’a pas assez d’équité. Le Barbon, je l’avoue, est d’un style trop sérieux : la plaisanterie n’y est pas tournée avec cette gaieté, ni cette facilité, que d’autres auraient répandue ; mais le ridicule de la pédanterie y est marqué vivement et heureusement par beaucoup de caractères très-singuliers.

Si l’on veut trouver quelques excuses pour la vivacité du ressentiment de Balzac, il faudra que l’on consulte le poëme de Féramus. C’est là qu’on peut lire, non-seulement que Montmaur exerçait sa médisance contre les Scaliger, les Saumaise et les Grotius, mais aussi qu’il traitait M. de Balzac avec le dernier mépris.

Te quoque, BALZACI, nostræ decus addite genti,
Urbe vetat, patriâque jubet torpescere villâ,
Indecorem regique tuo nova condere regna
Quærere, et efficto virtutes principe dignas [43].


Vous voyez bien que l’offense était personnelle, et qu’il ne s’agissait pas seulement de soutenir la cause publique. J’ai quelque soupçon que le passage que j’ai cité dans l’article de Desbarreaux [44] concerne notre Montmaur. Ce serait encore une nouvelle preuve de la violence du ressentiment de Balzac.

(K) Il y a des personnes de mérite qui condamnent le déchaînement des persécuteurs de Montmaur. ] Trois autorités me suffiront. Je citerai premièrement M. Cousin : Entre les poésies, dit-il [45], que M. Ménage composa en ce temps-là, il y en eut deux qui firent beaucoup de bruit. L’une fut la métamorphose du Pédant parasite en perroquet. Il entendait sous ce nom un professeur en langue grecque, contre lequel plusieurs autres poëtes s’étaient déchaînés, et qu’ils avaient déchiré de gaieté de cœur par des satires injurieuses et inhumaines ; l’autre fut la fameuse Requête des dictionnaires. C’est ainsi qu’il parle dans son prétendu éloge de M. Ménage ; et vous remarquerez, s’il vous plaît, qu’il ne dit rien de la vie de Mamurra [* 13], qui est un écrit tout autrement considérable que la métamorphose qu’il a cotée. Je suis moins étonné de son silence, que de celui des amis de M. Ménage, qui ont mis un abrégé de sa Vie à la tête de la suite du Ménagiana. Ils ne disent rien de cette Vie de Mamurra.

Mon second témoin s’appelle en son nom de guerre Vigneul Marville. Copions une partie de son discours [46]. « Le professeur Montmaur n’était pas un homme aussi méprisable que la plupart le croient. C’était un fort bel esprit, qui avait de grands talens. Les langues grecques et latines lui étaient comme naturelles. Il avait lu tous les bons auteurs de l’antiquité ; et aidé d’une prodigieuse mémoire, jointe à beaucoup de vivacité, il faisait des applications très-heureuses de ce qu’il avait remarqué de plus beau. Il est vrai que c’était presque toujours avec malignité ; ce qui excita contre lui la fureur de ceux qui étaient les objets de ses plaisanteries. Avec ce génie il s’introduisait facilement chez les personnes de qualité qui aimaient les joies du Parnasse. L’avarice le gâtait, car il avait du bien dont il n’usait pas ; et il recherchait trop la bonne chère. Il disait à ses amis : Messieurs, fournissez les viandes et le vin, et moi je fournirai le sel. Aussi le répandait-il à pleines mains aux bonnes tables où il se trouvait. Son humeur satirique n’avait point de bornes ; et il était Lucien partout. Il en voulait surtout aux méchans poëtes... Jamais on n’a tant écrit de satires en prose et en vers contre personne, que contre Montmaur. Chacun s’y épuisait : il en reste encore aujourd’hui des recueils entiers. Ce qu’il y a de meilleur est de M. Ménage. Les amis de Montmaur lui avaient conseillé de faire imprimer ses bons mots contre ces écrivains importuns : mais l’amour du repos lui liait les mains ; et il se contenta de rire de ces bagatelles et de les mépriser. Quelqu’un lui disant que M. Ménage l’avait métamorphosé en perroquet : bon (répondit-il), je ne manquerai ni de vin pour me réjouir, ni de bec pour me défendre : et parce qu’on jouait beaucoup cette métamorphose, il ajoutait : ce n’est pas merveille qu’un grand parleur comme Ménage ait fait un bon perroquet. Montmaur porta plus impatiemment le refus que messieurs Dupuy lui firent de l’entrée de leur cabinet, qui était le réduit des plus honnêtes gens de Paris. Ces messieurs, graves comme des Catons, prenaient les sciences du côté de leur plus grand sérieux, et ne souffraient pas aisément ceux qui n’ont, pour ainsi dire, que le polichinel de la littérature. Ils n’entendaient point raillerie, et il aurait mieux valu faire un solécisme au nez de l’université, que de se relâcher à turlupiner en leur présence [47] [* 14]. »

Mon troisième témoin est le père Vavasseur. Il n’a point nommé Montmaur, mais il l’a désigné d’une manière si intelligible, qu’on doit être certain qu’il parle de lui. Il n’en fait point l’éloge : il le charge de quelques défauts très-grands et très-haïssables, et lui rend d’ailleurs justice sur l’érudition, et il condamne non-seulement les auteurs qui le déchirèrent avec tant d’emportement, mais aussi les magistrats qui tolérèrent cette licence : Il fait ensuite une réflexion assez judicieuse ; c’est qu’il arrive, par un juste jugement de Dieu, que les princes et les ministres qui ont négligé de punir l’audace des écrivains hérétiques et des faiseurs de libelle, portent la peine de leur nonchalance, et se trouvent exposés à la fureur des médisans. Je ne donne là qu’un crayon grossier des pensées de ce jésuite. Il les a exprimées fort noblement dans un ouvrage qu’on ne trouve presque plus chez les libraires. C’est pourquoi je ne serai point blâmable si je mets ici ses paroles. Vidimus quemdam nuper non expertem litterarum, sed cui nihil placeret, nec pulchrum videretur, nisi quòd esset suum. Hunc propter ipsius odiosissimos mores, nemo tùm poeta sive scriptor alius nefas duxit conscindere omnibus probris. Quanquàm non rectè nec ratione, meâ quidem sententiâ, et pessimo exemplo. Non enim, si dignus is contumeliâ ; perhonesti, graves, litterati viri digni tamen, qui contumeliam inferrent. Et erant alioquin in isto, quæ amare posses sinè moribus ; memoria, cognitio sermonis græci, varietas aliqua doctrinæ et copia ; undè discerent nonnihil etiam periti, quamvis hominem non probarent. Sed valuit nimirùm maledicentia, grata cunctis, etiam iis, qui neque sibi maledici, neque maledicere ipsi aliis velint. Atque hanc, ut à me antè dictum est, maledicentiam vetant, natura, ratio, mos, disciplina, jura, leges : ubique gentium ac terrarum, atque in omni memoriâ pœnæ maledicis graves propositæ. Crimen tamen impunitum persæpè et odim fuit, et nunc est, et erit, vel veterno et socordiâ, vel prævaricatione eorum, à quibus oportuerit pro officio vindicari. Ac multa peccant principes, et in his illud, quod tantam petulantiam, ità ut meretur, quantùmque possunt, non coërceant, nec populo caveant satis, nec privatos conservent ab injuriâ. Interim nutu divini numinis et providentiâ quid fit ? Ne ab istis quidem abstinetur tam lentè ferentibus probra in alios : immò linguas hominum magis infestas habent, minùsque sermones effugiunt obtrectatorum : et audire plerumque coguntur ipsi, quæ nolint, quia dealiis patiantur dici, quæ non debeant [48].

Voilà les autorités que j’avais promises. Il n’y a point de doute que si l’on s’arrête simplement aux déclarations formelles et libérales, le jésuite Vavasseur ne soit celui qui condamne le plus fortement les adversaires de notre homme : mais si l’on pèse les conséquences des expressions, Vigneul Marville est celui qui lance sur eux les arrêts les plus foudroyans ; car lorsqu’il déclare que Montmaur était un fort bel esprit, qui avait lu tous les bons auteurs de l’antiquité, et qui avait de grands talens, une intelligence profonde et du grec et du latin, une mémoire prodigieuse jointe à beaucoup de vivacité, etc., il accuse d’une injustice très-énorme les satires qui furent faites contre lui. Tout ce qu’il avoue à l’avantage de Montmaur, sont autant de coups de barre sur la tête des auteurs de ces satires, puisqu’elles s’accordent toutes à faire passer ce professeur pour le plus sot et le plus ignorant de tous les hommes ; et notez que les louanges qu’il lui a données doivent être d’autant plus de poids, qu’il n’a point dissimulé les défauts du personnage. Ce qu’il remarque de son insensibilité est surprenant, et je doute que l’on eût pu rien imaginer de mieux entendu, que de rire comme fit Montmaur des écrits de ses censeurs. Mais il y a lieu de s’étonner qu’un homme qui avait tant de lecture, tant de mémoire et tant de présence d’esprit, n’ait voulu rien composer en cette rencontre, et que dans toute sa vie il n’ait presque rien publié. Il faut croire que le feu de son esprit avait besoin de la présence des objets vivans, et que cette vaste mémoire se trouvait en quelque façon engourdie, lorsqu’il s’agissait de composer dans le silence et dans la retraite du cabinet [49]. Il faut croire, dis-je, que Montmaur expérimenta, comme quelques autres, qu’il y avait infiniment moins de peine à bien discourir sur-le-champ, qu’à composer un bon livre. Le moyen de rendre utile au public le savoir de ce professeur, aurait été de lui donner un disciple judicieux, qui ne l’eût presque point quitté, et qui eût recueilli tout ce qu’il lui eût entendu dire. Nous aurions en ce cas un Montmauriana qui serait peut-être un bon livre. Je crois qu’il y eut des gens qui désapprouvèrent le mépris de notre Montmaur pour les satires qui coururent contre lui, et qui eussent souhaité qu’il en demandât justice à messieurs du châtelet ; car on ne se contenta pas de l’accuser d’ignorance et d’un vain amusement à des anagrammes et à de mauvaises pointes : la justice ne se mêle point de ces sortes de procès, nihil hæc ad edictuni prœtoris : on l’accusa aussi d’être bâtard et meurtrier, comme on l’a vu ci-dessus [50] : et voici un passage qui l’accuse d’avoir été un faussaire et un sodomite :

Jadis dans un fameux procès,
Dont il eut un honteux succès,
Il appela d’une sentence,
Qui n’épargnait que la potence,
Quand de tout point il eut été
Convaincu d’une fausseté :
Car il imitait de nature
Toute sorte de signature,
Et gagna tout en jugement
Quand il ne tint qu’à son serment.
Il eut d’autres vices encore
Que je tairai, car je l’honore.
L’on dit que son valet un jour
L’accusa de la sale amour,
Imputant à ce parasite
Le crime d’être sodomite [51],


Cela passe la raillerie : on est responsable d’une telle accusation au tribunal criminel. L’actio injuriarum a lieu en cette rencontre [52], et l’accusé peut avoir recours à la loi du code Si quis famosum, selon laquelle un diffamateur qui ne produit point de preuves valables doit être puni comme un calomniateur.

(L) Il logeait au collége de Boncour, et cela fournit une matière de plaisanterie. ] Prouvons ce fait par ces paroles de M. Ménage :

Quà collis, Genova, tuus supereminet urbem,
Stat Becodina domus, docti celeberrima quondàm
Atria Gallandi, summo rectore juventæ.
.........................
Illic exiguo conduxerat ære penates Gargilius [53].


et par ces beaux vers de Féramus :

Quà posuit stabiles Parisina academia sedes,
In monte excelso, mons eminet altior. Illìc
Exiguâ parvos habitat mercede penates.
Non illùc studia, et docti vicinia Phœbi
Pellexêre hominem sed ut hinc toti incubet urbi,
Majoresque alto speculetur vertice fumos,
In tua jejunus ruiturus prandia, MEMMI,
Vel famosa tuæ, BONELLI, fercula mensæ,
Seu vestras, HANEQUINE, dapes tantâ arte paratas,
Et quicumque alii mensâ præstatis opimâ
Luculli illustres, Mæcenatesque beati [54].


Vous voyez que l’on prétend qu’il ne se logea dans ce collége qu’afin de mieux découvrir la fumée des cuisines de Paris, car c’était le lieu le plus haut de toute la ville. Mais s’il était commode par cette raison, il était incommode par sa trop grande distance des maisons où le parasite trouvait à dîner. Cela fit qu’il fut contraint de se pourvoir d’un cheval. Voyons là-dessus les plaisanteries de M. Ménage. Verùm cùm summo in cacumine montis Genovefani tunc temporis habitaret, ut hinc scilicet culinarum fumos, ex quibus auguria captabat, commodiùs prospicere posset ; atque adeò horum omnium quos assiduè colebat, ab ejus tugurio domus longè distarent : ne ad illorum cœnas ac prandia tardiùs accederet, equum sibi comparavit : qui, quoniàm Becodianâ in scholâ [* 15], quam Parnassum Parisiensem Ronsardus vocare solebat, stabulabatur, Pegasus est appellatus ; de quo carmen est SPESSEI [55]. Le commencement de ce passage contient une jolie pensée, savoir que Montmaur, en consultant les augures, n’attendait pas que des vautours ou quelque autre espèce d’oiseaux se présentassent, il n’était attentif qu’à la fumée des cuisines. Il eût fallu dire, conséquemment à cela [56] qu’ayant voulu connaître les disciplines augurales, il se borna à la capnomance [57]. La raillerie de ces messieurs est devenue un lieu commun pour ceux qui veulent caractériser le parasitisme. Ils disent qu’un parasite, sortant de son logis sans savoir encore où il dînera, conduit ses pas dans les rues de Paris dans la direction de la fumée des cuisines ; que cette fumée est sa boussole et son étoile polaire, etc.

(M) Montmaur mourut l’an 1648. ] Je n’ai vu cela dans aucun livre, mais je le tiens pour indubitable ; car M. Simon de Valhebert, qui a pris la peine de me l’écrire, l’avait su de M. l’abbé Gallois, qui, en consultant les registres du collége royal, avait trouvé que Montmaur fut reçu en survivance de la chaire de professeur royal en langue grecque à la place de Jérôme Goulu [58], l’an 1623, et qu’il mourut l’an 1648, et eut pour successeur Jacques Pigis [* 16].

  1. * Cette Vie n’est tout au plus que de 1636 ; la dédicace, du moins, est datée du 20 octobre de cette année ; Voyez ci-après la note ajoutée sur la remarque (I).
  2. * Sallengre continuant la plaisanterie de Valois, dit être en état d’ajouter un troisième tome aux Œuvres de Montmaur, et il transcrit une Lettre de Montmaur à Paul Demay, datée du 18 août 1634.
  3. * Le Funus parasiticum est bien de Nicolas Rigault, mais cette pièce n’est point contre Montmaur. Rigault la composa à Poitiers, en 1596, et la fit imprimer à Paris, en 1601, in-4. avant que Montmaur fût connu. C’est l’éditeur de l’Epulum parasiticum imprimé à Nuremberg, en 1665, qui, d’après la remarque de Sallengre, a induit Bayle en erreur.
  4. * P. Marchand, qui parle de cet anti dans l’article Anti-Garasse de son Dictionnaire, dit qu’il ne sait s’il a été imprimé : il avait été dans l’Histoire de P. Montmaur par Sallengre.
  5. * Ce mot extant, ainsi que l’observe Sallengre, ne signifie pas que les remarques de Marcus Dento avaient été publiées lorsque Ménage écrivait, mais qu’elles existaient entre ses mains. Ce Marcus Dento n’est autre que Hadrien de Valois, qui après avoir composé ces notes sous ce nom, y mit, en les publiant en 1643, le nom de Quintus Januarius Frontos
  6. * Voyez la remarque (B).
  7. * C’est l’opinion adoptée par Sallengre ; mais dans le Barboniana imprimé dans le tome II des Mélanges de Bruys, on dit qu’il était de Guercy en Périgord ; et Joly ne manque pas d’opposer cela à l’opinion de Bayle. Goujet, dans son Mémoire sur le Collége royal de France, est de l’avis de Bayle.
  8. * Remarque (F).
  9. * Joly observe que Bourbon raconte différemment le fait, et cite le passage du Borboniana. Ce passage est imprimé à la suite des Mémoires de Bruys, II, 300.
  10. * La Requête de Petrus Montmaur est imprimée pag. 6-16 du tome II de l’Histoire de P. Montmaur par Sallengre.
  11. * Sallengre raconte « une particularité fort plaisante touchant Montmaur : c’est que le remède dont usait ce parasite pour se guérir de certains accès de mélancolie auxquels il était sujet, était, dit-on, de se faire fustiger à tour de bras. »
  12. * Balzac est (dit Sallengre) le premier de tous ceux qui ont écrit contre Montmaur. L’Indignatio in Theonem ludimagistrum, ex-jesuitam, laudatorem ineptissimum eminentissimi cardinalis Valetæ est datée de MDCXIX : mais il faut corriger le chiffre et marquer MDCXXI, puisque Lysis, c’est-à-dire Louis de Nogaret de la Valette, qu’on y qualifie de cardinal, ne le fut que le 11 de février 1621. Sallengre parle aussi d’une lettre en vers latins, de Balzac à Boisrobert dans laquelle il le prie d’attaquer Montmaur. Ces deux pièces composées avant le Barbon, furent imprimées à sa suite en 1648 : et c’est ce qui à induit Bayle en erreur. Après Balzac, Ch. Féramus se mit sur les rangs et publia : Macrini parasitico-grammatici HMEPA, avec quatre autres petites pièces, Ménage ne fut que le troisième.
  13. * Sallengre explique le silence de Cousin par la brouille qui survint entre lui et Ménage, pour l’épigramme que ce dernier s’était permise sur l’impuissance du président, et que voici :

    Le grand traducteur de Procope
    Faillit à tomber en syncope
    Au moment qu’il fut ajourné
    Pour consommer son mariage.
    Ah ! dit-il, le pénible ouvrage,
    Et que je suis infortuné !
    Moi qui fais de belles harangues,
    Moi qui traduis en toutes langues,
    À quoi sert mon vaste savoir,
    Puisque partout on me diffame
    Pour n’avoir pas eu le pouvoir
    De traduire une fille en femme ?

  14. * Joly reproche à Bayle de faire grand fond sur le témoignage de Vigneul Marville (Bonaventure d’Argonne) qui n’avait pas connu Montmaur. Il pense, avec Leclerc, qu’il aurait mieux valu citer l’abbé de Marolles, qui, dans la liste des gens des lettres qui lui ont fait présent de leurs livres, dit : « j’ai bien connu Montmaur » etc., etc., et ajoute un peu plus loin,

    « Montmaur, nommé le Grec, eut la mémoire heureuse ;
    C’était un savant homme, et l’on fit sans sujet
    Contre lui force vers qui plurent en effet ;
    Mais son âme contre eux se montra généreuse. »

    Je n’ai pas trouvé ces vers, ni la phrase citée par Leclerc et Joly, dans l’édition donnée par Goujet, des Mémoires de Marolles (et du Dénombrement des gens de lettres, etc.) 1755, 3 volumes in-12.

  15. (*) Binetus in Vitâ Ronsardi.
  16. * Sallengre, et après lui Goujet, disent que Montmaur mourut le 7 septembre 1648. Goujet dit que le successeur de Montmaur au collége de France fut Jean Aubert, mort le 1er. novembre 1650 et à qui succéda Jacques Pigis.
  1. Boileau, satire I, vs. 77.
  2. Vous la trouverez ci-dessous dans la remarque (I).
  3. C’est-à-dire Hadrien Valois.
  4. Valésiana, pag. 36 et suiv. édit. de Hollande.
  5. Bibliothécaire de M. l’abbé Bignon. Voyez ci-dessus, citation (60) de l’article Ésope, tom. VI, pag. 287.
  6. À Nuremberg.
  7. Ménagiana, pag. 314 de la 2e. édition de Hollande.
  8. Là-même, pag. 314, 315.
  9. Menag. in Vitâ Gargilii Mamurræ, p. 31.
  10. Ménage, Origines de la Langue française, pag. 510, édit. de 1694.
  11. Ce n’était point en cela que consistait Le caractère de Gorgias, ni le γοργιάζειν.
  12. Abbé de Marolles, Dénombrement des auteurs, pag. 425.
  13. Imprimé à Paris, l’an 1652, in-4.
  14. Menagii Miscellan. pag. 11, 12, libri adoptivi.
  15. Elle est dans le recueil d’Hadrien Valois.
  16. Qu’il avait apprise de M. Baluse.
  17. Balzac, à la page 162 du Barbon.
  18. Menagius, in Vitâ Gargilii Mamurræ, pag. 16.
  19. Nicolaus Borbonius Epistolâ V ad Claudium Memmium, Avauxium, pag. 471. Elle est à la fin du livre de Charles Ogier, intitulé Iter Danicum, Succicum, Polonicum, imprimé à Paris, 1656, in-8°.
  20. Dies erat Simoni et Judæ Apost. Sacer. Idem, ibid. pag. 473
  21. L’Épître dédicatoire de la Vie de Gargilius Mamurra est datée d’Angers, le 20 d’octobre 1636.
  22. Menagius, in Vitâ Gargil. Mamurræ, pag. 22.
  23. Cela paraît par l’Épître dédicatoire de la Vie de Mamurra.
  24. Miscellan. Menag. pag. 9 libri adoptivi Voyez aussi p. 16, et 19.
  25. Menag., in Vitâ Mamurræ, pag. 19. Conférez avec ceci le commencement du passage de Nicolas Bourbon, rapporté ci-dessus, citation (19).
  26. C’est l’occupation des huissiers pendant l’audience du palais.
  27. Voyez la Suite du Ménagiana, pag. 201 édit. de Hollande.
  28. Næ igitur in nos iniqui fuêre qui hunc nobis de Mamurrâ ludum..… velut atrox et flagitiosum facinus objecerunt. Menag. sub fin. epist. dedicat. Vitæ Mamurræ.
  29. M. Ménage parlait contre sa conscience, et M. de Balzac aussi, lorsqu’il disait dans la préface de son Barbon, que l’idée qu’il s’était proposée est une chose vague, et qui n’a nul objet défini......... C’était un spectre et un fantôme de ma façon, un homme artificiel que j’avais fait et organisé. Et par conséquent n’étant pas de même espèce que les autres hommes, et n’ayant pas un seul parent dans le monde, personne ne pouvait prendre part à ses intérêts, ni se scandaliser de son infamie.
  30. Menagius, sub fin. epist. dedicat. Vitæ Mamurræ,
  31. Éloge historique du sieur Gomor, au Recueil d’Hadrien Valois.
  32. Il est au même Recueil d’Hadrien Valois, à la fin de l’Orbilius Musca, de Sarrasin.
  33. Selon le passage précédent il faut dire le collège de Roncour et non pas de Harcourt, comme aussi selon l’auteur d’une ode latine ad Balzacium, qui est dans le recueil d’Hadrien Valois, et qui porte que Montmaur, coupable d’avoir tué ce portier, n’évita la corde que par le moyen de l’argent qu’on donna aux juges.
  34. Dans la remarque (B) au passage du Valésiana. Joignez à cela ce passage de Furetière, pag. 101 de la Nouvelle Allégorique : Le plus malheureux de tous fut Montmaur, chef des Allusions, et qui avait aussi un régiment entretenu chez les Équivoques. Il fut livré à Ménage, juge sévère et critique, qui rechercha sa vie de bout à autre, et lui fit son procès sur chaque action. Après l’avoir convaincu de plusieurs crimes, il le condamna à être passé par les armes poétiques, préalablement appliqué à la berne ordinaire et extraordinaire. Il fut même son parrain, et lui tira le premier coup ; ensuite tous les autres savans y allèrent à la file, etc.
  35. Il fut imprimé à Paris, in-8°. l’an 1648.
  36. Il est dans le recueil qu’Hadrien Valois publia l’an 1643.
  37. Balzac, à la page 160, 161, du Barbon.
  38. Idem, ibid., pag. 165.
  39. Dans la remarque (K) de l’article Catulle, tom. IV, pag. 600.
  40. Balzac, Entret. VXII, pag. m. 204.
  41. Guéret, Guerre des Auteurs, pag. m. 137, 138.
  42. Balzac, Epist. select., pag. m. 182.
  43. Feramus, apud Menagium in libro adoptivo, pag. 14.
  44. Citation (20).
  45. Journal des Savans du 11 d’août 1692, pag. 542, édit. de Hollande.
  46. Vigneul Marville, Mélange d’histoire et de littérature, pag. 86 de la 1re. édition de Rouen.
  47. Là même, pag. 88.
  48. Franciscus Vavassor, de epigrammate, cap. X, pag. 98, 99. Ce livre fut imprimé à Paris l’an 1672, in-8°.
  49. Conférez ce que dessus, remarque (B) de l’article Crémonin, tom. V, pag. 321.
  50. Dans les rem. (D) et (H).
  51. Histoire de la Vie et de la Mort du grand Mogor, pag. 25, 26, au Recueil d’Hadrien Valois.
  52. Conférez avec ceci ces mots d’Horace, epist. I, vs. 152, lib. II :

    Quin etiam lex
    Pœnaque lata, malo quæ nollet carmine quemquan
    Describi.

  53. Menag. Miscell., pag. 7 et 8.
  54. Feramus, in Macrini Parasito-grammatici ἡμέρα ; init. apud Menagium, Miscellan., in libro adoptivo, pag. 7.
  55. Menagius, in Vitâ Mamurræ, pag. m. 20.
  56. C’est-à-dire dans l’endroit où M. Ménage donne la liste des arts et des sciences que Mamurra voulut savoir.
  57. C’est l’art de deviner par la fumée.
  58. Parisien qui mourut l’an 1639.

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