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MEYNIER. MÉLAMPUS.

modi scriptoribus aliter fieri vix oportebat, quibus non tam industriæ gloria quàm legentis utilitas spectatur, nisi ad reprehensione dignum est quod Maius ex eo hominum genere esse videtur, qui supprimendis autorum nominibus undè sua exscripserunt ; nescio quant ingenii laudem affectant [1].

  1. Godofr. Vockerodt, in præfat. Disputat. de Fœturâ artificiosâ Jacobi. Cet ouvrage fut imprimé à Iène, l’an 1689, in-4°.

MEYNIER (Honorat de), auteur d’un livre intitulé : les Demandes curieuses et les Réponses libres, qu’il publia à Paris, l’an 1635. Il avait porté les armes trente-six ans [a]. Cet ouvrage roule sur des matières de politique et de guerre, et contient des raisons et des exemples qui n’ont rien de rare, mais qui ne laissent pas d’être de bon sens [* 1]. Je l’ai cité quelquefois [b].

  1. * On a encore de Meynier, dit Leclerc 1°. une Arithmétique, 1614, in-4o. ; 2°. Mélanges poëtiques, 1634, in-8o. ; 3°. Les Principes et les Progrès de la guerre civile opposée aux gouverneurs de Provence, 1617, in 8°. Il avait composé une paraphrase des Psaumes, en vers français. Meynier était natif de Pertuis, en Provence ; et Joly croit qu’il mourut en 1638. C’est la date donnée par Colletet, dans ses Vies (manuscrites) des poëtes français. Trois ouvrages de Meynier ont été inconnus à Leclerc, savoir : Règles, Sentences et Maximes de l’art militaire, 1617, in-8o. ; nouvelles Inventions de fortifier les places, 1636, in-folio, et le Bouquet bigarré (petites pièces en vers français et provençaux), 1608.
  1. Voyez son Avertissement à la Noblesse française.
  2. Tom VI, pag. 568, citation (26) de l’article François Ier., et citation (34) de l’article Louis XI, tom. IX, pag. 406.

MÉLAMPUS, grand devin parmi les anciens païens, était fils d’Amythaon et d’Aglaïa (A). Il avoit un frère nommé Bias, auquel il témoigna en deux rencontres beaucoup d’affection, premièrement pour lui procurer une femme, en second lieu pour lui procurer une couronne. Nélée, qui régnoit à Pyle dans le Péloponèse, exigeait de ceux qui voulaient se marier avec sa fille, qu’ils lui amenassent les bœufs d’Iphiclus, qui en nourrissait de très-beaux dans la Thessalie. Mélampus, pour mettre son frère en état de faire à Nélée ce présent, entreprit d’enlever ces bœufs [a]. Il n’y réussit pas ; car ceux qui en avaient la conduite le firent prisonnier : mais comme il prophétisa dans la prison, et sur des choses dont Iphiclus lui demanda l’éclaircissement, il obtint pour récompense les bœufs qu’il voulait avoir [b]. Voilà comment il fut cause du mariage de son frère (B), et voici comment il lui acquit un royaume. Se voyant prié de guérir d’une maladie furieuse les Argiennes, il ne voulut point le faire sans stipuler qu’on lui donnerait la moitié du royaume d’Argos. On lui refusa cette condition ; mais comme la maladie s’augmenta on revint à lui, et on lui promit ce qu’il avait demandé. Il ne s’en contenta plus, il voulut aussi que l’on cédât à son frère le tiers du royaume ; on y consentit. Cette aventure est diversement racontée (C). Il fut le premier qui apprit aux Grecs les cérémonies du culte de Bacchus [c] : il n’en fut pas l’inventeur ; si l’on en croit Hérodote, il en acquit la connaissance par les conversations qu’il eut avec des Phéniciens (D). On prétend qu’il entendait le langage

  1. Pausanias, lib. IV, sub fin.
  2. Idem, ibidem.
  3. Herodot., lib. II, cap. XLIX.