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MAUGIN.

entré dans cette société. Il préparait plusieurs ouvrages pour le public [a]. Il composa contre Scaliger un petit livre que bien des gens ont donné à Scioppius (A).

  1. Alegambe, in Biblioth. Script. societ. Jesu, pag. 417.

(A) Il composa contre Scaliger un petit livre que bien des gens ont donné à Scioppius. ] Il fut imprimé à Ingolstad, l’an 1608, in-4o., sous ce titre : Cornelii Denii Brugensis tres Capellæ, sive Admonitio ad Josephum Justum Burdonem Julii Burdonis F. Benedicti Burdonis N. prius Scaligerum nunc sacrilegum. Scioppius le fit réimprimer l’an 1611, avec ses Oporini Grubinii amphotides Scioppianæ. Scaliger parla avec beaucoup de mépris de ce petit livre [1] : Hoc mittimus, dit-il [2], ad apostolum japponensem, retrimentum inscitiæ, impurum auctorem libelli de tribus Capellis, cujus inscitia certat cum improbitate, quanquàm non desunt qui furem Vespillonis filium auctorem asserant. Ces dernières paroles signifient que quelques-uns attribuaient cet ouvrage à Scioppius. M. Placcius observe que c’est la pensée de quelques personnes [3], et il réfute ceux qui les voudraient combattre sous prétexte que ce livre ne se trouve point dans le Catalogue des écrits de Scioppius. L’auteur du Decas decadum [4] cite un passage de Scioppius, pour faire voir que les jésuites d’Ingolstad sont les véritables auteurs du livre De tribus Capellis : mais il ignore le nom du jésuite qui composa cette satire, et il allègue un passage de Scaliger [5], qui ne prouve point, comme il le prétend, que ce fût Martin del Rio. M. Baillet a déjà marqué que Denius Brugensis, Cornelius, est le masque de Raoul Matman [6]. Puisqu’Alegambe l’assure [7], il le faut croire.

  1. Il ne contient guère plus de vingt pages dans l’édition de 1611, in-12.
  2. Scaliger, Confut. Fabulæ Burdonum, pag. m. 324.
  3. Tres Capellæ.… Scioppianæ videntur nonnullis. Placcius, de Anonymis, pag. 65.
  4. Johannes Albertus Faber, Dec. Decadum, num. XXVIII.
  5. Tiré du Confutatio Fabulæ Burdonum, pag. 330.
  6. Baillet, Auteurs déguisés, liste des aut. déguisés, au mot Dénius, tom. V.
  7. Alegambe, Biblioth. Script. societ., p. 417.

MAUGIN (Jean), surnommé l’Angevin (A), vivait au XVIe. siècle, et publia plusieurs livres en français, les uns en vers, les autres en prose. La plupart n’étaient que des traductions. Celle qu’il fit des discours de Machiavel, sur Tite-Live, fut imprimée à Paris, in-folio, l’an 1548, et in-16, l’an 1572 [a]. Il fit imprimer dans la même ville, en 1546, in-folio. L’Histoire de Palmerin d’Olive, fils du roi Florendos de Macédoine, et de la belle Griane, fille de l’empereur de Constantinople, traduite d’italien [b]. Son premier livre du Nouveau Tristan, prince de Léonois, chevalier de la Table Ronde, et d’Yseulte, princesse d’Irlande, reine de Cornouaille, fut imprimé à Paris, in-folio, l’an 1554 [c]. Il le dédia à M. de Maupas, abbé de Saint-Jean de Laon, conseiller et aumônier ordinaire du roi, et lui avoua ingénument qu’il le choisissait pour le héros de son livre, parce qu’il savait que sa main n’avait été jamais close à ceux qui lui avaient présenté de leurs œuvres ou petites ou grandes. Il allégua une autre raison : c’est que M. de Maupas l’avait fait remettre en liberté [d]. Cette épître dédicatoire est datée de Laon, le 20 de juin 1554, et commence par une raillerie que l’on verra ci-dessous (B).

  1. Du Verdier, Bibliot. franç., pag. 724.
  2. Là même.
  3. La Croix du Maine a ignoré cette édition : il ne parle que de celle de l’an 1567.
  4. Voyez la remarque (B).