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MARSUS.

n’est pas la première. Cet ouvrage fut imprimé premièrement à Paris, et dédié à Louis XII, par l’auteur, qui se qualifie prêtre [1] dans sa préface, et se reconnaît déjà vieux. Le père Lescalopier n’avait vu que dans la bibliothéque des jésuites de Reims un exemplaire de ce petit livre-là [2]. Je m’en vais parler du Commentaire de notre Marsus sur les Offices de Cicéron.

(B) Se souvenant de sa vocation. il entreprit de commenter.. les Offices de Cicéron. ] Voici ce qu’il dit dans son épître dédicatoire au cardinal François de Gonzague. Ne igitur ocio : quod post varios labores et molestias sub te tandem nactus sum : et melius mihi ipsi jam polliceri audeo clæmentiâ tuâ et generoso animo frætus abuti viderer : diù multumque cogitavi quid potissimum mihi cum decoro agendum esset qui ab ineunte ætate sacris institutis et cerimoniis initiatus essem et addictus. Tandem id elegi quod meæ professioni congrueret : et in se plurimum honestatis haberet et utilitatis. Ciceronis Officia, s. ad usum eruditionem cultumque vitæ communis instituta interprætari [3]. Il revit ce commentaire quelque temps après, et y corrigea beaucoup de fautes que sa jeunesse et la précipitation d’imprimer y avaient introduites. Lisons ce qu’il avoue dans l’épître dédicatoire de la seconde édition : Qui falsa docet atque defendit : ignorantiam suam fatetur : et ducem ad omne scelus impudentiam. Horum sacratis insistens vestigiis : licet hallucinanti similis : mea commentariola recognovi. Cùm in illis multa juveniliter ac minùs quàm decuisset consideratè dicta cognoscerem : celeritas namque partus efficit : ut manca quodammodò et haberentur et essent : cùm Horatianæ maturitatis opportunitatem exspectare non sustinuerint : quod imprudentiæ ascribendum est : præsertim hâc ætate quæ per omnem Italiam perspicacissimis decoratur ingeniis [4]. Tous les auteurs devraient profiter de la conduite de celui-ci. On ne devrait se présenter à l’imprimeur pour le plus tôt qu’au sortir de la jeunesse, et il faudrait composer à pas comptés. On ne connaît que trop tard l’inconvénient de la conduite contraire [5]. Mais revenons à Pierre Marsus. Il retrancha plusieurs choses, et il en ajouta plusieurs autres ; et il reconnaît que le cardinal Raphaël Riario son Mécène lui avait servi de conseil dans la révision. Ne igitur ocio quod benignitas tua milhi concessit abuterer : id tentavi quod eminentissimum celsitudis tuæ ingenium et suprà ætatem in rebus omnibus judicium efflagitabant. Utilitatem : si quæ erit in his Petri Marsi clientis tui commentariolis : amplitudini tuæ debebunt adolescentes : quorum institutioni : te hortante : te duce : pro viribus consulendum duxi : quod ut aliquandò consequerer multa delevi : multa addidi : quæ ex uberrimo Platonis et Aristotelis fonte deducta : Ciceronis majestas exposcere videbatur [6]. Notez qu’il dit qu’il allait faire une semblable révision de son travail sur Silius Italicus ; mais qu’il attendrait un temps commode pour donner ce qu’il méditait sur Horace, et sur les Questions tusculanes, et sur les livres de Finibus de Cicéron. Notez aussi qu’il commenta les traités qui accompagnent ordinairement celui des Offices ; ce sont les dialogues de Amicitiâ, et de Senectute, et les Paradoxes. L’édition dont je me sers est de Venise per Bartholomeum de Zanis de Portesio, 1498, in-folio. C’est pour le moins la seconde. Gesner ne parle que de celle de Lyon 1514 [7].

(C) Il y a des gens qui ont parlé de ses ouvrages avec beaucoup de mépris ; mais d’autres les ont fort loués. ] Gesner [8] cite ces paroles de Louis Vivés : Petrus Marsus in Officia Ciceronis loquacitate penè intolerabilis. Voyons le jugement qu’a fait Dausqueius des notes de Pierre Marsus sur Silius Italicus. Silium immerentem, ac de fato suo mœrentem conspicati tres viri, dicet humani

  1. Servulum et Presbyterum Christi.
  2. Lescaloper., præf. Comment. in Ciceronis Libros de Naturâ Deorum.
  3. Petrus Marsus, epist. ad F. Gonzagam cardinalem Mantuanum.
  4. Petrus Marsus, epist. ad Raphaëlem Riasium.
  5. Voyez la remarque (B) de l’article Zuérius, tom. XV.
  6. Marcus, epist. Raphaelem Riarium.
  7. Gesner., Biblioth., folio 550, verso.
  8. Idem, ibidem.