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MAYERNE.

misteri della fede col lume naturale, e l’obligo di contentarsi d’una sola moglie [1]. Le sieur Lysérus, grand apologiste de la polygamie, n’a pas oublié d’observer que la loi du mariage d’un avec une retarde la conversion des infidèles [2].

  1. Giornale dei Letterati, du 27 de juin 1669 : pag. 83, dans l’Extrait du Gentilesimo confutato de don Clément Tosi.
  2. Voyez sa Polygamia triumphatrix, p. 92.

MAYERNE (Théodore Turquet, sieur de) l’un des plus fameux médecins de son temps, naquit proche de Genève [a], l’an 1552, ou environ [b]. Il reçut à Montpellier, le grade de bachelier en médecine, l’an 1596 ; et le doctorat en la même faculté, le 20 de février 1597. Il s’en alla à Paris quelque temps après, et s’attacha avec chaleur à la pratique de la chimie. C’était une étude fort décriée en ce temps-là, et fort odieuse aux médecins de Paris. C’est pourquoi ils se déchaînèrent avec le dernier emportement contre Mayerne et contre du Chesne [c], et s’efforcèrent de les faire passer pour les ennemis jurés de la médecine. C’est ce qui paraît par un ouvrage qui fut imprimé l’an 1603, contre ces deux médecins. Mayerne le réfuta par un autre ouvrage, qui fut réfuté à son tour (A). La chose n’en demeura point là ; car la faculté de médecine lança un décret d’interdiction contre lui, ce qui n’empêcha point que Mayerne ne fût appelé à la cour, et n’y obtînt une place de médecin ordinaire de Henri-le-Grand. Il se retira en Angleterre après la mort de ce prince, et y fit une fortune très-éclatante. Il y acquit l’amitié de plusieurs personnes illustres, et il gagna de telle sorte les bonnes grâces du savant roi Jacques, qu’il fut non-seulement son premier médecin, mais aussi en quelque manière son favori. Il en fut comblé d’honneurs [d], et vit croître sa fortune sous le roi Charles Ier. Il fut agrégé d’un consentement unanime au corps des docteurs des deux universités du royaume. Sa réputation et sa pratique furent extraordinaires, et il amassa de grands biens. Il eut deux fils et une fille qui fut mariée à M. le marquis de Ruvigni [e]. Il mourut à l’âge de quatre-vingt deux ans. Voilà ce que je tire de la préface de ses Œuvres, imprimées à Londres, l’an 1700 (B). Nous donnerons, dans les remarques, un récit plus étendu et plus exact (C). Il ne faut pas que j’oublie que notre Mayerne eut des envieux qui tâchèrent de le noircir à l’occasion de la mort du prince de Galles, l’an 1612 ; mais son honneur fut entièrement mis à couvert par les actes authentiques, je veux dire par des certificats que le roi Jacques, et les seigneurs du conseil, et les officiers et gentilshommes du feu prince de Galles lui expédièrent dans la meilleure forme qu’il aurait pu souhaiter. On les trouve avec une relation de la ma-

  1. Dans une maison de campagne nommée Mayerne, sur les terres de la république de Genève. Browne, in præfat. Operum Mayernii.
  2. Voyez dans la remarque (C) son vrai jour natal.
  3. Voyez la remarque (A), citat. (8).
  4. Voyez dans la remarque (B) l’inscription de sa taille-douce.
  5. C’est une faute. Voyez la remarque (C).