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HENRI IV.

du mariage. Sa seconde femme fut l’une de ces princesses contre lesquelles il avait formé des objections, en examinant avec Rosni quelle femme lui conviendrait [a]. Ce qu’il pensait sur le mariage est très-curieux (I) : et il n’y a guère de conversations plus solides et plus agréables que celle qu’il eut sur cette matière. On connut fort clairement que la religion n’était que le faux prétexte de la ligue et du roi d’Espagne ; on le connut, dis-je, par les efforts qui furent faits pour empêcher que le pape ne lui donnât l’absolution. J’ai rapporté en un autre endroit [b], les plaisanteries de d’Aubigné, sur les coups de gaule que reçurent les procureurs de ce prince quand il fut absous à Rome. J’en dirai encore ici quelque chose (K).

Henri IV naquit à Pau en Béarn, le 13 de décembre 1553 [c]. Antoine de Bourbon, son père, et Jeanne d’Albret, sa mère, l’amenèrent à la cour de France dès qu’il eut cinq ans ; mais ils n’y séjournèrent que peu de mois, et s’en retournèrent en Béarn [d]. Antoine revint à la cour après la mort de Henri II. Il fut déclaré lieutenant général du royaume après la mort de François II. Il fit venir auprès de lui la reine, sa femme, et le prince, son fils. Il mourut d’une blessure qu’il avait reçue au siége de Rouen, l’an 1562, après quoi sa femme, qu’il avait assez maltraitée (L), s’en retourna en Béarn où elle embrassa ouvertement le calvinisme [e]. Elle laissa son fils à la cour de France, sous la conduite d’un sage précepteur nommé la Gaucherie. Elle le fit venir à Pau, l’an 1566, et lui donna Florent Christien en la place de la Gaucherie qui était décédé. [f]. Ce nouveau précepteur, bon huguenot, éleva le prince dans la doctrine des protestans. Jeanne d’Albret se déclara leur protectrice, l’an 1569, et vint pour cet effet à la Rochelle avec son fils, qu’elle dévoua dès lors à la défense de cette nouvelle religion. En cette qualité il fut déclaré chef du parti, et son oncle, le prince de Condé, son lieutenant avec l’amiral de Coligny [g]. Il était à l’armée quand la bataille de Moncontour se donna, et brûlait d’envie de jouer des mains, mais on ne lui permit pas, de peur de hasarder sa personne [h]. Il suivit l’armée de ce temps-là jusques à la paix qui fut conclue, le 11 d’août 1570, et puis il retourna en Béarn. Son mariage avec la princesse Marguerite, sœur de Charles IX, fut célèbre à Paris, au mois d’août 1572. Sa mère était venue à Paris quelques mois auparavant pour travailler aux préparatifs des noces et y était morte pendant que son fils était en chemin. Il commença à prendre la qualité de roi, lorsqu’il eut reçu en Poitou la nouvelle de cette mort [i]. Tout le monde

  1. Voyez la remarque (I).
  2. Dans l’article Botero, tom. IV, pag. 20, remarque (C).
  3. Péréfixe, Histoire de Henri-le-Grand, pag. m. 15.
  4. Là même, pag. 20.
  5. Là même, pag. 22.
  6. Là même, pag. 23.
  7. Là même, pag. 24.
  8. Là même, pag. 25.
  9. Là même, pag. 29.