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DENYS. DES-BARREAUX.

Les médailles d’Homère que les habitans d’Amastris firent frapper, sont une preuve de leur attachement aux belles-lettres [1].

  1. Voyez M. de Spanheim, de Præst. Num., pag. 490.

DENYS d’Héraclée, philosophe débauché. Cherchez Héracléotes, tome viii.

DES-BARREAUX (Jacques de Vallée, seigneur), né à Paris l’an 1602, d’une famille très-noble (A), a été un des beaux esprits du XVIIe. siècle. Il fit ses études chez les jésuites avec beaucoup de progrès ; et parce qu’ils reconnurent que son esprit était capable des plus grandes choses, il tâchèrent de l’enrôler dans leur compagnie ; mais ni lui ni sa famille ne voulurent prêter l’oreille à cette proposition. Il ne les aimait point, et il se déchaînait quelquefois contre eux agréablement. Les liaisons qu’il eut avec Théophile (B) contribuèrent sans doute beaucoup à cela, comme aussi au libertinage qui l’a rendu si fameux. Il était encore assez jeune, lorsque son père le fit pourvoir d’une charge de conseiller au parlement de Paris. Son bel esprit y fut admiré, quoiqu’il n’ait jamais voulu y rapporter aucun procès (C). On verra dans les remarques ce qui l’obligea à se défaire de cette charge (D). Comme il aimait extrêmement ses plaisirs et sa liberté, il ne s’estima pas fort malheureux de quitter la robe. Il a fait quantité de vers latins et français, et de fort jolies chansons ; mais il n’a jamais rien publié : il ne songeait qu’à la bonne chère et aux divertissemens. Il était admirable dans les entretiens de table, connu et aimé des plus grands seigneurs et des plus honnêtes gens du royaume. Il n’y avait point de province où il n’eût des amis particuliers qu’il visitait fort souvent, et il se plaisait à changer de domicile selon les saisons de l’année (E). Quatre ou cinq ans avant sa mort il revint de tous ses égaremens : il paya ses dettes ; il abandonna à ses sœurs tout ce qui lui restait de biens [a], moyennant une pension viagère de quatre mille livres ; et se retira à Châlons-sur-Saône, le meilleur air, disait-il, et le plus pur qui fût en France. Il y loua une petite maison, où il était visité des honnêtes gens, et surtout de M. l’évêque, qui lui a rendu un bon témoignage. Il y mourut en bon chrétien l’an 1674. Il avait fait un sonnet dévot, deux ou trois ans avant sa mort, qui est connu de tout le monde (F), et qui est très-beau. Ni ses parens, ni ses amis, ne sauraient disconvenir de son grand libertinage (G) ; mais ils prétendent que la renommée a outré les choses (H), selon sa coutume, et que sur la fin de ses jours il acquiesça aux vérités de la religion ; et, quant au reste, ils soutiennent qu’il a toujours été selon le monde un honnête homme, un homme d’honneur ; qu’il avait un bon fond d’âme et de cœur ; qu’il était honnête, officieux, charitable, bon ami, généreux et libéral [b]. Il ne se

  1. Il avait eu plus de quatre cent mille francs au partage des biens paternels et maternels, et outre cela quelque succession collatérale.
  2. Ceci, et tout ce qui, dans les remarques, n’est point muni d’une citation publique, est