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ARTABAN II.

roi d’Arménie, eut été empoisonné, son autre fils Orode, qu’il envoya dans l’Arménie, y fut battu par Pharasmane. Il y fut battu lui-même quelque temps après ; et ayant été obligé de s’avancer vers les provinces que Vitellius, gouverneur de Syrie, menaçait [a], il n’y eut plus rien qui empêchât Mithridate, frère de Pharasmane, de devenir roi d’Arménie [b]. Cette perte d’Artaban fut bientôt suivie d’une plus grande. Vitellius fit par ses intrigues et par son argent, que ce monarque quitta le pays, et se retira dans l’Hircanie, où il fut réduit à vivre de ce qu’il prenait à la chasse [c], pendant que Vitellius mit Tiridate en possession de la couronne. Mais il se forma un parti si formidable contre le nouveau roi, qu’il ne fut pas difficile à Artaban, que l’on rappela, de contraindre Tiridate, qui était un pauvre prince, à se retirer [d]. Ceci se passa l’an 36 du Ier. siècle. On ne trouva plus dans Artaban son premier orgueil : il rechercha de lui-même l’amitié de Caligula [e] ; et lorsque, par la diligence de Vitellius, il vit prêt à échouer le dessein qu’il avait eu de porter la guerre dans la Syrie [f], il consentit à une entrevue avec ce Romain, et à un traité de paix dont les conditions étaient à l’avantage de Caligula. Dix ans après, il fut détrôné, et contraint de chercher une retraite auprès d’Izate roi d’Adiabène [g]. Il en fut reçu de la manière la plus généreuse : ce ne furent point de purs complimens. Izate négocia de telle sorte auprès des Parthes, qu’il les obligea à le rétablir sur le trône, et ce fut Cinname même, qu’ils avaient mis à sa place, qui lui remit le diadème sur la tête. Il y a de l’apparence qu’Artaban mourut peu après, soit par le crime de Gotarze son fils, ou son frère (E), soit autrement.

(A) Il était roi des Mèdes. ] Moréri et Hofman ont dit que Tacite l’a fait roi des Daces. C’est à quoi cet historien ne songea jamais : il ne dit sinon qu’Artaban avait été élevé parmi les Dahes, Artabanus Arsacidarum è sanguine apud Dahas adultus excitur [1]. Il y a bien de la différence entre les Dahes et les Daces, et il a fallu être bien distrait (pour ne rien dire de pis), quand on a pu croire qu’un prince parthe avait été élevé auprès du Danube.

(B) Vonones.... son compétiteur fut si maltraité à une seconde bataille, qu’il fut obligé de s’enfuir en Arménie. ] M. Moréri a débité deux autres mensonges. Il fait remporter deux victoires sur les Parthes à Vonones, qui néanmoins ne vainquit qu’une seule fois son compétiteur [2], et il attribue à Vitellius une défaite de l’armée d’Artaban, une défaite, dis-je, suivie d’autres pertes d’Artaban, vers l’an 36. Mais, 1°., il est faux que Vitellius ait défait les troupes de ce roi des Parthes ; et en second lieu, il est certain que le mal que Vitellius lui fit par intrigues et par argent fut postérieur à ces autres pertes. M. Hofman donne aussi deux victoires à Vonones, et une à Vitellius, qui fut

  1. Idem, lib. VI, cap. XXXVI.
  2. Dio, lib. VIII, sub fin.
  3. In Hyrcanis repertus est inluvie obsitus, et alimenta arcu expediens. Tacit., Anal., lib. VI, cap. XLIII.
  4. Id., ibid., cap. XLIV.
  5. Sueton., in Calig., cap. XIV. Voyez la remarque (C).
  6. Dio, lib. LIX.
  7. Joseph., Antiquit., lib. XX, cap. II.
  1. Tacit., Annal., lib. II, cap. III.
  2. Joseph., Antiquit., lib. XVIII, cap. III. Tacit., Annal., lib. II, cap. II.