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ARSÉNIUS. ARSINOÉ.

ARSÉNIUS, archevêque de Monembasia, ou Malvasia, dans la Morée, au XVIe. siècle, a passé pour un savant humaniste. Il fut l’ami particulier de Paul III, et il lui écrivit des lettres fort élégantes, une entre autres, où il se plaint du peu d’affection de l’église romaine pour la nation grecque (A). Il se soumit à l’église romaine, ce qui le rendit si odieux aux Grecs schismatiques, que Pachome, patriarche de Constantinople, l’excommunia, et que les Grecs disent qu’Arsénius fut après sa mort broukolakas, c’est-à-dire que le démon venait errer à l’entour de son cadavre, et l’animait encore [a]. On a quelques ouvrages de sa façon (B).

  1. Voyez Guillet, Lacédémone ancienne et nouvelle, pag. 327, et Crusius, dans sa Turco-Græcia.

(A) Il s’est plaint du peu d’affection de l’église romaine pour la nation grecque. ] Voici les paroles de M. Guillet. Arsénius a écrit de très-élégantes lettres au pape Paul III, qui se trouvent encore. Il y en a une, où il se plaint fort du peu d’affection de l’église romaine pour la nation des Grecs, en ce qu’elle n’en a élevé aucun à la divinité de cardinal. Paul fut créé pape l’an 1535 [1]. Si l’on donnait à cette plainte une étendue générale, on imputerait un mensonge à Arsénius ; car il est certain que le cardinal Bessarion était grec : il faut donc croire que les reproches d’Arsénius étaient semblables à ceux de Musurus. Celui-ci se plaignit amèrement, de ce qu’aucun Grec n’avait eu part à la nombreuse promotion que Léon X venait de faire [2]. Paul III fut élu pape au mois d’octobre 1534.

J’ai été averti par M. de la Monnoie, qu’il ne se trouve nulle autre lettre d’Arsénius à ce pape, que celle qui sert de dédicace aux Scolies d’Euripide. C’est là qu’il se plaint que, parmi tant de cardinaux de toutes nations, il ne s’en trouvât pas au moins un ou deux grecs. Καίτοι οὐδ᾽ ἀποιχὸς ἦν ἕνα ἢ δύο τῶν Ἑλλῆνων ἐν τοσούτοις παντοδαποῖς ἐναριθμεῖσθαι τῶν Καρδιναλέων. Rien n’est plus utile, ni plus nécessaire que d’aller aux sources.

(B) On a quelques ouvrages de sa façon. ] On a un Recueil d’Apophthegmes, imprimé à Rome, en grec ; un autre Recueil des Scolies sur sept tragédies d’Euripide, imprimé à Venise en 1534. Il dit dans son épître dédicatoire au pape Paul III, qu’il l’avait dressé en Candie, à Venise, et à Florence. Voyez la Bibliothéque de Gesner.

  1. Guillet, Lacédémone anc. et nouvelle, pag. 327.
  2. Voyez l’article Musurus.

ARSÉNIUS, moine grec, a écrit une lettre contre Cyrille Lucar, patriarche de Constantinople, qui a été publiée en grec et en latin à Paris, l’an 1643, avec les actes du concile où Parthenius, patriarche de Constantinople, fit condamner la confession de ce Cyrille, l’an 1642. Chacun sait que cette confession de Cyrille était conforme aux sentimens de Genève. M. Claude a soutenu que cette condamnation est une pièce supposée [a]. Le catalogue de la bibliothéque d’Oxford a confondu Arsénius, auteur du Nomo-Canon, avec notre moine grec.

  1. Claude, Réponse à M. Arnauld, lib. III, chap. XII, pag. 473.

ARSINOÉ. Il y a eu plusieurs reines de ce nom. M. Moréri a parlé des principales, non sans se tromper quelquefois. Il a été un peu trop court sur Arsinoé, sœur de Cléopâtre : nous réparerons cette brièveté dans l’article de Ptolomée Aulètes [a].

  1. Remarque (A).