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ANDROMAQUE.

mus, solerter scitèque annotavit, monens his exemplis uxores ne res hujusmodi contemnant quas Andromache, etc..... et hoc quoque è nostris commemoravit Jo. Lupus in rep. rubr. de don. inter vir. et uxor. et Bo. Curtil. in tract. nobilitatis, in 38 privilegio [1]. Tiraqueau n’a fait nulle réflexion sur ce que le mari d’Andromaque n’était pas servi le premier ; il a cru, sans doute, que cela prouverait trop, et qu’il fallait écarter de la vue des lecteurs une telle idée.

  1. Andr. Tiraquell., de Nobilit., cap. XX, num. 101, pag. 78.

ANDROMAQUE, en latin Andromachus. Je ne parlerai que de six hommes de ce nom. Le premier Andromaque était de Sicile : il fut père de l’historien Timée, et fondateur de la ville de Tauromenium, aujourd’hui Taormine. C’était un homme de cœur, et fort opulent. Il rassembla [a] sur une éminence nommée Taurus, proche de Naxus, les habitans de cette ville, qui s’étaient sauvés lorsque le tyran Denys la ruina. Il se maintint long-temps dans ce poste, et ce fut la raison pour laquelle il le nomma Tauromenium. Les fugitifs de Naxus prospérèrent dans cette nouvelle demeure ; de sorte qu’en peu de temps ce fut une ville considérable [b]. Andromaque y reçut Timoléon, et voulut bien qu’il en fît sa place d’armes. Ce général corinthien ne venait que pour délivrer la Sicile des tyrans dont elle était opprimée. Andromaque faisait profession ouverte d’inimitié contre les tyrans, et il sollicitait depuis longtemps les Corinthiens à se porter pour libérateurs de la Sicile. Ils convinrent donc aisément Timoléon et lui d’agir de concert pour le rétablissement de la liberté [c]. Le second Andromaque servit sous Alexandre-le-Grand, et fut gouverneur de la Cœlé-Syrie. Les Samaritains le brûlèrent vif ; mais Alexandre fit châtier selon leur mérite les auteurs de cette cruelle action [d]. Je n’ai point trouvé d’autre Andromaque dans Quinte-Curce, quoique M. Moréri prétende y en avoir vu plusieurs. Le troisième Andromaque fut beau-frère de Séleucus Callinicus, roi de Syrie, et eut un fils [e] qui s’empara des provinces situées au-deçà du mont Taurus, et qui se fit saluer roi au temps d’Antiochus-le-Grand. Cet Andromaque fut détenu prisonnier assez long-temps en Égypte. Les Rhodiens obtinrent sa liberté, non pas de Ptolomée Évergètes, comme on l’a dit dans le Supplément de Moréri, mais de Ptolomée Philopator (A). Le quatrième Andromaque fut un traître, qui fit savoir aux Parthes tous les desseins de Crassus, et qui, ayant été choisi pour guide, mena l’armée romaine dans des lieux où il n’était pas possible d’éviter qu’on ne la taillât en pièces. Voyez Plutarque, page 562, vie de Crassus. Le cinquième Andromaque était médecin de Néron : j’en parle dans l’article suivant. Le sixième Andromaque est un sophiste qui enseignait

  1. En la 105e. olympiade, vers l’an de Rome 395.
  2. Diodor. Siculus, lib. XVI, pag. 411.
  3. Plutarch. in Timolconte, pag. 240. Voyez aussi Diodore de Sicile, lib. XVI.
  4. Curtius, lib. IV, cap. IX. Eusebius ad olympiadem 112.
  5. Il se nommait Achée. Voyez son article.