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journal de ma vie.

le nonce, lequel neammoins ne m’en fit jamais semblant depuis et le voulut ignorer.

Sur le soir l’assemblée m’envoya une deputation pour me remercier de l’offre (que le roy leur avoit faite par moy), de ses forces, et en recompense m’offrirent quinse mille hommes de levée en leurs cantons. En suitte monsieur le nonce me vit et se raccommoda avec moy.

Le samedy 17me les desputés catholiques m’apporterent leur abscheid particulier, et peu apres les protestans me vindrent apporter le leur.

Le dimanche 18me monsieur le nonce partit le matin en grande colere. Monsieur l’ambassadeur ordinaire, monsieur l’ambassadeur de Savoye, et moy, le fusmes accompagner ; puis en suitte je fis festin a tous les desputés de la diette. Messieurs de Solleure vindrent faire une danse d’armes devant mon logis.

Apres disner cinq desputés, envoyés de l’assemblée des le jour precedent[1], me demanderent audience sur le sujet des dettes du roy en Suisse, et me firent une grande harangue par la bouche de l’avoyer Graffrier de Berne. Je leur respondis amplement.

Le soir mon neveu[2] dansa un ballet assés beau cheux l’ambassadeur ordinaire, ou je menay la plus part des plus honnestes desputés. On y dansa par apres, et puis monsieur l’ambassadeur nous fit une bien belle collation.

  1. Les cinq députés étaient : l’avoyer de Lucerne Grafenried ; le colonel Pfiffer, du canton de Lucerne ; le colonel Greder, du canton de Soleure ; le landammann de Zug Zurlauben ; et le baron de Diesbach, avoyer de Fribourg.
  2. Anne-François de Bassompierre. Voir t. I, pp. 33 et suiv..