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journal de ma vie.

avec les cinq cens chevaux, sy vous me le permettés ; sinon, de vous suyvre, ou de faire tout ce que vous m’ordonnerés. » Allors il me dit : « Puis que le roy me mande expressement que je vous envoye, et que vous y voulés aller, vous irés. »

Il nous fit peu apres entrer en conseil et nous demanda nos avis pour laisser la garnison et le commandement a Lunel, et Mr de Montmorency m’avoit auparavant prié de donner ma voix au baron de Castres quy avoit espousé une de nos parentes[1]. Mr le Prince demanda à Mr de Montmorency son avis sans garder l’ordre, quy proposa Mr le baron de Castres ; puis en suitte Mr de Pralain quy fut de mesme avis ; en troisieme lieu il me le demanda, et je luy dis : « Monsieur, il me semble que ce n’est pas une chose a opiner en un conseil, mais a en resoudre entre le roy et vous, auquel, je m'asseure, vous en aurés escrit, et sceu sa volonté. Que sy vous avés concerté par ensemble de voir l’opinion de tous nous autres sur ce sujet, il y a plusieurs personnes capables, en vostre armée, de ce gouvernement, parmy lesquelles je mets des premiers Mr le baron de Castres quy s’en sçaura bien acquitter. » L’affaire passa là : le baron de Castres y

  1. Jean de la Croix, baron de Castries, fils de Jean de la Croix, baron de Castries, et de Marguerite de la Voglia, avait épousé Louise de l’Hôpital, fille de Jacques de l’Hôpital, marquis de Choisy, et de Madeleine de Gosse, laquelle était arrière-petite-fille de Philippe de Montmorency, fille de Jean de Montmorency, l’auteur commun de la branche des ducs de Montmorency, et de celle de Montmorency-Fosseux, dont la mère du maréchal de Bassompierre était descendante. (Voir t. I, p. 24, note l.) Mr de Castries était donc à la fois parente et de M. de Montmorency et de M. de Bassompierre.