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lévites du droit n’est nulle part mieux persuasive que dans la prière que voici, d’un petit soldat protestant du pays de Montbéliard, qui mourait à l’ambulance de la gare d’Ambérieu.

Seigneur, disait-il, que ta volonté soit faite et non pas la mienne. Je me suis consacré à toi dès ma jeunesse et j’espère que l’exemple que j’ai cherché à donner aura servi à te faire glorifier.

Seigneur, tu sais que je n’aurais pas voulu la guerre, mais que je me suis battu pour faire ta volonté ; j’offre ma vie pour la paix.

Seigneur, je te prie pour tous les miens. Tu sais combien je les aime : mon père, ma mère et mes frères, mes sœurs.

Seigneur, rends au centuple à ces infirmières tout le bien qu’elles m’ont fait ; je suis un pauvre, moi, mais toi tu es le dispensateur des richesses. Je te prie pour eux tous. (Cité par M. le pasteur John Vienot dans Paroles françaises (10).

Cette prière, d’une grandeur paisible, où il avait mis ses dernières pensées, le petit soldat la répétait si souvent que la sœur catholique qui le soignait la recueillit et l’envoya à la famille en deuil. Geste