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raient de paix après ! Et nos ruines ? Et nos morts ? Est-ce que tout cela ne crie pas vengeance ! Je ne suis pas plus patriote qu’un autre… mais cela, c’est l’instinct. Le front, quelle belle école morale pour les civils !

Peu après, il apprend la mort de Vaillant.

22 décembre. — … Jaurès ! Vaillant ! Quand on évoque ces deux noms, il me semble revoir, au milieu d’une mer humaine tachée de milliers de bannières rouges, ces deux hommes aux gestes larges et aux paroles profondes, qui semblaient, comme des apôtres, montrer aux prolétaires la cité future, tout un monde de paix, et non cette vie si proche à laquelle aucun esprit sensé ne voulait croire : la vie où l’on ne parlerait pas d’autre chose que de canons, de tranchées, d’attaques, de meurtres et d’incendies… Où sommes-nous tombés maintenant ! Et il y a des socialistes qui prêchent encore la paix ! qui veulent renouer l’Internationale ! L’Internationale, oui…, mais sans les Allemands. Ces traîtres nous ont menti, ils ont tué nos espérances, ils sont moralement responsables de la mort de Jaurès, de Vaillant. Ils seront punis, car nous les socialistes, nous crierons, non plus : « Guerre à la guerre ! » mais : « Guerre à outrance ! » Il nous faut leur peau !

Six semaines après, le 13 février 1916, il tombe en héros sur l’Yser. (Un Parisien sur l’Yser, le fusilier marin Luc Platt, par Jules Perrin.)

(16) Note de la page 125. — Voici la lettre d’un instituteur qu’on lira avec intérêt. En date du lundi, 1er janvier 1917, M. Arthur Gervais, bien connu dans l’enseignement, m’écrit :

« Votre article sur l’œuvre et la vie de mon