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avec colère et dit, et de quel accent !  : « Qu’est-ce que vous voulez que ça me f…, à moi, puisque si je suis tué, hé ! je vais au Ciel tout droit !… » Sur ce, il prit le large, et on ne le revit plus qu’avec son blessé, gaillard…

(3) Note de la page 50. — Il faut bien prendre notre parti de laisser dans l’ombre des groupes importants de soldats catholiques. Pourtant il est une catégorie qu’il convient de faire connaître au moins par un exemple.

François de Torquat, lieutenant au 116e d’infanterie, fils d’un magistrat révoqué lors de la suspension de l’inamovibilité, refuse en février 1904 de coopérer à l’expulsion des frères de Ploërmel. Il écrit a son père : « Je pense que vous ne serez pas mécontent de votre fils qui vous aime et a cherché à vous imiter. » Le Conseil de guerre l’acquitte, mais il est mis en non-activité.

À vingt-six ans, avec les cinq officiers de son régiment qu’a frappés la même décision, il part pour le Canada. Ils y fondent un ranch sous le vocable de Jeanne d’Arc, et sur leur modeste cottage flotte le drapeau tricolore.

Il a épousé la fille aînée d’un de ses compagnons, et déjà trois petits enfants animent le domaine prospère, quand retentit l’appel de la France.

La nouvelle arrive le 4 août ; le 6, laissant