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battants écrit : « Nous devons conclure des immenses pertes que fait notre association, non à une désorganisation, mais à un avenir plus beau que son passé ; il rapportera beaucoup de fruits, le grain sélectionné qui est confié en telle abondance à la terre bénie de France. »

(2) Note de la page 48. — Ces héros catholiques respirent avec la tranquillité la plus familière dans une atmosphère de surnaturel…

De cette familiarité avec le surnaturel, j’aurais tant de faits prodigieux à noter que j’y renonce. Dans tout le chapitre sur les catholiques, je me suis borné à échantillonner de quelques touches magnifiques ma froide esquisse ; pourtant, à la minute (janvier 1917) où je corrige mes épreuves, la lettre d’un bien cher ami m’apporte un fait charmant, et je l’épingle sur mon feuillet.

Ces jours derniers, devant notre première ligne, s’abat un suint et violent marmitage. En avant de la tranchée les cris d’un blessé, dans un poste isolé. « Brancardiers ! brancardiers !… » L’un d’eux surgit en haut du parapet : il est dans le civil Père aux Missions étrangères, Auvergnat de naissance et s’appelle Montchalin. Le tambour des marmites bat plus fort… « Attends une minute, pas maintenant ! » lui crie-t-on d’en bas. Mais lui, tout debout au-dessus des champs fumants et déserts, se retourne