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Note XXXIV. — Au titre.

L’auteur voyait alors beaucoup de Français insulter à leur propre gloire. Il n’y avait plus de boussole politique qui pût guider le patriotisme. L’habitude de penser s’était, pour ainsi dire, perdue sous l’Empire. Les plus sages avaient bien de la peine à opposer un frein à la démence des royalistes, qui étaient alors en assez grand nombre dans les salons. Béranger ne pensa d’abord qu’à réclamer au nom de la gloire nationale indignement méconnue, et, quoiqu’il n’aimât point les Bourbons, il crut devoir se servir de leur nom pour célébrer, en présence des étrangers eux-mêmes, et nos nombreux faits d’armes et la supériorité de nos arts.

Il prouvait aussi par là que son patriotisme faisait abnégation des personnes, ce qui était vrai, sauf ensuite à s’en prendre aux Bourbons eux-mêmes, si tant de promesses faites ne devaient aboutir qu’à nous rendre l’ancien régime et tous ses abus. Aussi, dans l’édition de 1821, mit-il plusieurs petites notes qui ne durent point laisser de doute à cet égard.

Beaucoup de chansons de commande furent faites alors en faveur des Bourbons et contre Napoléon, par plusieurs membres du Caveau, qui avaient chanté l’Empereur dans toutes les occasions. Béranger avait aussi été sollicité ; mais il refusa, non pour s’en faire un mérite, mais parce qu’il pensa toujours qu’il faut de la conscience, même en chansons. (Note de Béranger.)