J’aime qu’un Russe soit Russe,
Et qu’un Anglais soit Anglais.
Si l’on est Prussien en Prusse,
En France soyons Français.
Lorsqu’ici nos cœurs émus
Comptent des Français de plus[1],
Mes amis, mes amis,
Soyons de notre pays,
Oui, soyons de notre pays.
Charles-Quint portait envie
À ce roi plein de valeur[2]
Qui s’écriait à Pavie :
Tout est perdu, fors l’honneur !
Consolons par ce mot-là
Ceux que le nombre accabla.
Mes amis, mes amis,
Soyons de notre pays ;
Oui, soyons de notre pays.
Louis, dit-on, fut sensible[3]
Aux malheurs de ces guerriers
Dont l’hiver le plus terrible
A seul flétri les lauriers.
Près des lis qu’ils soutiendront,
Ces lauriers reverdiront.
Mes amis, mes amis,
Soyons de notre pays ;
Oui, soyons de notre pays.
Enchaîné par la souffrance,
Un roi fatal aux Anglais[4]
A jadis sauvé la France
Sans sortir de son palais.
On sait, quand il le faudra,
Sur qui Louis s’appuîra[5].
Mes amis, mes amis,
Soyons de notre pays ;
Oui, soyons de notre pays.
Redoutons l’anglomanie,
Elle a déjà gâté tout.
N’allons point en Germanie
Chercher les règles du goût.
N’empruntons à nos voisins
Que leurs femmes et leurs vins.
Mes amis, mes amis,
Soyons de notre pays ;
Oui, soyons de notre pays.
Notre gloire est sans seconde :
Français, où sont nos rivaux ?
Nos plaisirs charment le monde,
Éclairé par nos travaux.
Qu’il nous vienne un gai refrain,
Et voilà le monde en train !
Mes amis, mes amis,
Soyons de notre pays ;
Oui, soyons de notre pays.
En servant notre patrie,
Où se fixent pour toujours
Les plaisirs et l’industrie,
Les beaux-arts et les amours,
Aimons, Louis le permet,
Tout ce qu’Henri-Quatre aimait.
Mes amis, mes amis,
Soyons de notre pays ;
Oui, soyons de notre pays.
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