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verrière, portait la date de 1580. Au retable de l’autel, un ancien tableau représente un ange guérissant les plaies de saint Roch ; il est daté de 1633.

17e chapelle. Saint Antoine. — Une chapelle existait anciennement sous le vocable de la Sainte Trinité et c’était probablement celle qui est aujourd’hui dédiée à saint Antoine. Nous avons encore vu en place, vers 1870, une charmante bordure, seul reste de l’ancien vitrail, encadrant les deux baies. Elle consistait en un bâton noueux autour duquel s’enroulait une banderole chargée de la légende, plusieurs fois répétée en majuscules du seizième siècle :

Sancta Trinitas Unus Deux : Miserere Nobis.

La disparition de ce charmant spécimen de l’art du seizième siècle, traité en grisaille soutenue de jaune, est d’autant plus déplorable qu’il a été remplacé par une très médiocre production industrielle.

Le Laboureur, décrivant les tableaux et œuvres d’art de l’église de Villefranche, avait noté « une vitre faite aux dépents de M. André Guyonnet, conseiller du roi et garde du sel à Villefranche, perceveur du seigneur de Beaujeux ». Il y est représenté, dit-il, à genoux, en robe de pourpre, l’escarcelle au côté, ses deux femmes derrière lui, dont la première était Guillemette de Rancié et la seconde Jacquemette du Villars. Ce vitrail n’existe plus, mais il datait de la fin du quinzième siècle, car André Guyonnet est cité dans les actes de la ville en 1474 et en 1480[1].

Cette description, peut-être un peu longue, était nécessaire pour donner une idée suffisante de la collégiale et de l’importance de sa décoration ancienne. Devant la ruine de tant de richesses on ne peut que s’indigner contre le vandalisme ignorant de ceux qui en étaient les gardiens et avaient le devoir d’en assurer la conservation. Sous prétexte d’embellir l’édifice dont le soin leur était confié, ils n’ont pas hésité à anéantir, au lieu de les restaurer scrupuleusement, les œuvres de nos anciens maîtres, toujours si harmonieuses et si admirablement adaptées à l’édifice en vue duquel elles ont été conçues.

  1. Cf. docteur A. Besançon, les Vitraux et les verriers de Notre-Dame-des-Marais.