Bulletin de la Société des sciences et arts du Beaujolais/1909/8 - Vitraux Notre-Dame-des-Marais

Bulletin de la Société des sciences et arts du Beaujolais10 (p. 131-143).


LES VITRAUX & ET LES VERRIERS
DE NOTRE-DAME DES MARAIS



À de rares exceptions près, les seigneurs du Beaujolais n’intervinrent pas pécuniairement dans la construction de l’église N-D des Marais. On ne cite que la dotation de la chapelle St-Antoine et St-Jacques le Majeur par Antoine de Beaujeu en 1374, confirmée par Charles de Bourbon en 1447, celle de trois autres chapelles dont on ignore les noms et le don fait en 1499 par Pierre de Bourbon de la somme de 1200 livres pour l’édification du portail. Toutes les constructions et reconstructions, les achats de terrain et les agrandissements successifs, aussi bien des nefs que des chapelles, furent l’œuvre des échevins et des particuliers.

Avant la Révolution, armoiries peintes aux murs, écus sculptés aux voûtes à l’intérieur aussi bien qu’aux arc-boutants des nefs à l’extérieur, vitraux et tableaux ornant les chapelles rappelaient aux générations les largesses des donateurs.

Le Laboureur parle « de plusieurs et très anciens tableaux » qu’il a vus dans l’église de Villefranche. Il avait remarqué « une vitre faite aux despens de Me André Guyonnet, conseiller du roi et garde du sel à Villefranche, receveur du seigneur de Beaujeu ». Il y est représenté, dit-il, à genoux, en robe de pourpre, l’escarcelle au côté, ses deux femmes derrière lui, dont la première était Guillemette de Rancié et la seconde Jacquemette du Villars. Ce vitrail, en déficit aujourd’hui, datait de la fin du xve siècle, car André Guyonnet est cité dans les actes de la ville en 1474 et en 1480.

Aucune autre description des verrières de N-D ne nous est parvenue, et il faut arriver à l’année 1852 pour lire, dans le Journal de Villefranche, une étude de M. l’abbé Laverrière, — un nom prédestiné — sur les vitraux anciens et modernes de cette église.

Malheureusement le plan qu’a adopté M. Laverrière prête à confusion. Au lieu de décrire chaque vitrail en particulier, il a préféré grouper dans un même chapitre les diverses représentations de même ordre. C’est ainsi qu’il décrit deux scènes de la Nativité, deux de la Vierge et l’enfant, Marie et la rédemption, l’Assomption. le Couronnement de la Vierge, etc. Joignez à cela les changements opérés, depuis le moment où il écrivait, aux dénominations elles-mêmes des chapelles, et la disparition de la plupart des fragments qu’il a vus, il en résulte une grande difficulté pour assigner aux vitraux la place qu’ils occupaient alors et qu’ils devaient occuper certainement depuis leur destination primitive. En effet, lors de la restauration de l’église N-D. entreprise en 1858 au moment de son classement au nombre des monuments historiques, on a trouvé bon d’enlever tous les vitraux trop endommagés pour les remplacer par des vitraux modernes[1]. De la plupart des débris on a fait des assemblages informes qui occupent les baies des anciennes chapelles de St-Martin et de St-Nicolas, prenant jour toutes deux sur la rue Roland, l’une à gauche de l’abside dont elle est séparée par l'ancienne chapelle de St-Antoine, dite aussi des princes, l’autre immédiatement à droite, autrefois sous le vocable de St-Nicolas.

Des anciennes verrières il n’en reste que deux actuellement, l’une dans la chapelle dite du Sacré Cœur, autrefois de St-Vincent et qui est la septième à gauche depuis la porte principale, l’autre dans la chapelle sans nom aujourd’hui, autrefois dénommée la chapelle des princes sous le vocable de St-Antoine et de St-Jacques le Majeur et qui se trouve au côté gauche de l’abside.

La chapelle St-Vincent appartenait aux Fiot, ainsi que l’apprend le procès-verbal de la visite pastorale de Monseigneur Camille de Neuville en 1657. Au bas de la verrière se trouvait, avant les réparations de 1858, l’inscription suivante : duc de montpensier a faict donc † facte par paul de boullongne en may 1600. Il s’agit de Henri de Bourbon-Montpensier (1573-1608), fils de François de Bourbon et de Renée d’Anjou. Mais, chose curieuse, les personnages de ce vitrail à quatre compartiments sont les patrons des membres de la famille Fiot qui vivaient à cette époque. De gauche à droite, dans des niches surmontées de pinacles, sont représentés St-Laurent, Ste-Anne, St-Christophe. St-Louis. Christophe Fiot, avocat du roi au bailliage, était alors marié à Louise Bessie, fille de Laurent Bessie et de Anne Croppet. Faut-il ne voir là qu’une simple coïncidence ou faut-il y voir une libéralité de Henri de Bourbon vis-à-vis de Christophe Fiot ? Dans tous les cas, le fait était à signaler. À signaler aussi que Loyse Bessie fut marraine d’une des filles de Paul de Boullongne dont il sera parlé plus loin.

Au dessous de ces personnages se voient quatre médaillons. De gauche à droite, les armoiries des ducs de Bourbon-Montpensier, qui sont modernes ; une femme nimbée à genoux tenant de la main gauche un livre ouvert et de la droite un cierge allumé que le démon s’efforce d’éteindre avec un soufflet et qu’un ange portant un flambeau de chaque main se dispose à rallumer ; les armoiries de la ville de Villefranche modernes : un petit sujet représentant Jésus embrassant sa mère. Les médaillons des armoiries ont remplacé deux autres un ange assis, tenant une clarinette avec en devise muta fiant ; et un autre « disparu depuis quelques années, sur les bords duquel on lisait autrefois labia dolosa ».

La verrière de la chapelle des princes est à trois compartiments. Dans celui de gauche, St-Pierre ; au milieu la Sainte Vierge enseignant Jésus-Christ et Marthe ; à droite St-Jacques. Dans la rose, le Christ sur la croix, à ses pieds la Ste-Vierge et St-Joseph à genoux, et quatre anges encensant. Cette verrière est contemporaine de la première, elle est du xvie siècle.

Les vitraux disparus et cités par M. l’abbé Laverrière étaient les suivants qu’il décrit ainsi :

Chapelle Sainte-Madeleine, autrefois St-Claude, la 3e à gauche. — Les vitraux des quatre compartiments ont disparu : mais ceux de la rose sont intacts. Ils représentent la scène de la Passion. Au sommet de l’ogive, Jésus en croix porte le nimbe crucifère. Sa mère est debout à sa droite et St-Jean à sa gauche. Au pied de la croix des ossements et un crâne. Dix anges, cinq à gauche, cinq à droite remplissent les espaces compris entre les courbes ogivales. Vêtus de la tunique et de la dalmatique à collet rabattu, quelques-uns avec en plus l’étole flottante, ils tiennent dans leurs mains les instruments de la passion : la couronne d’épines, le marteau, les dés, la colonne de la flagellation, la lance et les trois clous, un linge et une aiguière, une lanterne, l’hysope, l’éponge, une échelle, une bourse.

Dans cette même chapelle existait en 1657 au dessus de l’autel un tableau qui passait pour un chef-d’œuvre ; il représentait « plusieurs saints » et on disait qu’en l’année 1529, il avait coûté 2000 livres.

Chapelle St-Louis de Gonzague, autrefois du St-Sépulcre, la 5e à gauche. — Elle appartenait aux des Garets, dont sous la couche de badigeon on distingue encore les armoiries peintes. L’enfant Jésus nu repose sur les genoux de sa mère ; il tient à la main une pomme. La robe de Marie est de moire chatoyante ; son manteau de pourpre damassé est doublé d’hermine. Dans un médaillon. une sainte nimbée, couronnée d’un diadème, les cheveux dénoués sur les épaules ; de ses mains jointes elle presse une croix ; elle regarde un monstre qui veut la dévorer.

L’ancienne chapelle de St-Martin, la dernière à gauche, est ornée, ai-je dit de débris de vitraux. La baie est à deux compartiments. Dans la rose on distingue un ange jouant du psalterium, un autre jouant de la clarinette. Deux philactères, dont l’un est tenu par deux mains, sur lesquels on lit puer nobis gaudium, gloria in excelsis deo. À gauche, la tête et le buste d’un autre ange tenant aussi un philactère avec l’inscription : ave maria, gratia plena, dominus tecum, benedicta tu. À droite un personnage nimbé, tenant un livre ouvert de la main gauche et bénissant de la droite. Dans le bas, on a formé quatre médaillons dans lesquels on distingue une figure d’ange ailé, un roi couronné, le monogramme de la vierge, et un ange lisant.

Le vitrail de la chapelle de St-Nicolas. à droite de l’abside, est comme le précédent constitué de débris. On y distingue Marie et la Rédemption. Marie ceinte du diadème et nimbée est assise sur un trône. Elle allaite Jésus et contemple le calvaire placé à sa droite. Le mauvais larron se trouve à droite. Il est conforme à la description de l’abbé Laverrière. qui ajoute que ce vitrail est le plus ancien de Villefranche, du xive siècle, et qu’il se trouvait autrefois dans la chapelle N-D de Pitié, aujourd’hui St-Joseph, la SC chapelle à droite.

Chapelle St-Simon, au fond de l’église à droite. — Au sommet de la rose la Vierge enveloppée d’un voile d’azur qui ne laisse voir que le visage et ses mains jointes, s’élève soutenue par six esprits bienheureux.

Dans les interstices du réseau de pierre, une douzaine d’anges dont la moitié jouent d’instruments ; les autres portent les inscriptions : salve regina, [mater] misericordiæ, vita dulcedo, et spes nostra, salve, ad te, claramus. Le vitrail lui-même est absent. Aujourd’hui la rose existe encore telle qu’elle est décrite.

Chapelle de la Ste-Vierge, autrefois N-D, St-Jean et Ste-Madeleine, 7e à droite. — Elle fut dotée d’une fondation par les Gayand en 1173 ; l’autel de cette chapelle fut reconstruit en 1746.

Dans la rose sont 14 anges ; quatre sont en adoration, les mains jointes ; six jouent de divers instruments ; quatre portent des légendes : dico vobis gaudium ma [gnum] ; gloria in exclesis deo, puer nobis nascitur, alleluia. Il s’agit de la scène de la Nativité. En dessous est un couronnement de la Vierge. Celle-ci est agenouillée aux pieds de son fils qui avec Dieu le père dépose une couronne sur sa tête tandis que le St-Esprit sous la forme d’une colombe descend. Le groupe est entouré d’une gloire. Plus bas une pauvre étable et de pauvres bergers. Dans un autre compartiment une femme soutient un livre ; deux personnages chargés d’un lourd manteau sont entourés de la légende : avec maria gratia plena, dominus tecum. Ce motif, ajoute l’abbé Laverrière, occupait autrefois la fenêtre de la chapelle St-Martin, là où sont rassemblés actuellement les débris dont j’ai parlés et où l’on peut reconnaître la dernière inscription de la salutation évangélique.

Chapelle Ste-Anne, autrefois du St-Esprit, la 4e à droite. — La verrière, est à trois compartiments. Dans la rose est une scène du couronnement de la Vierge. Marie est couronnée par Dieu le père et par son fils. De J.-C., il ne reste plus que les pieds percés et la main qui tient la croix. Dieu couronné et portant le monde est en mauvais état. La chevelure flottante de la Vierge laisse échapper des rayons qui forment une auréole elliptique. Il manque une partie considérable du corps on l’a remplacé par du verre blanc. On voit aussi St-Jean l’Évangéliste portant le livre scellé sur lequel repose l’agneau pascal et St-Pierre avec ses attributs ordinaires. Dans un autre compartiment la Vierge, sous un pinacle, tient une pomme dans sa main droite. Son manteau de pourpre a son revers d’hermine. La figure est empreinte de tristesse. Le pinacle est surmonté d’un personnage sans nimbe, coiffé d’une sorte de béret et entouré d’une banderole flottante qui lui sert de vêtement. Les deux arcs du pinacle sont chargés d’inscriptions en gothique : [ecce virgo] concipiet et pariet filium. [surge illuminare jerusalem] quia venit lumen tuum.

Dans la chapelle St-Roch, anciennement St-Crépin, 3e à droite, où se trouvait l’autel des cordonniers, il ne restait de l’ancienne verrière qu’une guirlande de feuillage avec l’Inscription : 1580.

Actuellement existe sur l’autel un tableau daté de 1633 et représentant St-Sébastien. L’autel de Saint-Sébastien se trouvait anciennement au pilier entre la les chapelles Ste-Anne et St-Claude, au côté gauche de la nef.

Enfin dans la chapelle St-Antoine, anciennement Ste-Catherine, 26 à droite, il ne restait également qu’un bâton noueux autour duquel s’enroulait la légende en minuscules gothiques : Sca trinitas. Unus Deus. Miserere nabis, répétée respectivement 9 fois, 8 fois et 7 fois.

Tels étaient les fragments de vitraux qui subsistaient encore dans l’église N-D des Marais en 1852. J’ai jugé à propos de reproduire les principaux passages de l’étude de M. l’abbé Laverrière parce qu’elle est à peu près ignorée aujourd’hui, et aussi pour rendre hommage à son esprit avisé, car si nous savons peu sur l’ancienne décoration de N.-D. des Marais, sans lui nous ne saurions rien du tout.

L’imagination peut donc la reconstituer en toute connaissance de cause ; les beaux morceaux qui en subsistent encore attestent que les artistes verriers qui l’ont exécutée étaient aussi habiles que les maîtres de l’œuvre et que les imagiers qui ont sculpté les dentelles du portail.

Quels étaient-ils ? Une seule inscription, comme je l’ai dit, peinte au bas du vitrail de la chapelle actuelle du Sacré-Cœur, autrefois dédiée à St Vincent, nous a transmis le nom de Paul de Boulogne.

Des verriers du xive et du xve siècles aucun nom ne nous est parvenu.

Cependant au XVe siècle quatre chapelles furent construites ; en même temps que les deux travées voisines du portail, la chapelle des princes fut refaite, et restaurée celle appartenant aux Gayand.

À partir de la première moitié du xvie siècle, nous connaissons par les registres paroissiaux quelques noms d’artistes établis à Villefranche. Certains sont dénommés simplement verriers, tel Antoine Riz qui fut parrain le 15 septembre 1532 de Jean, fils de Jean Poget, charpentier. Antoine Riz eut un fils Nugo, baptisé le 11 juin 1542 et peut-être un autre du nom de François,aussi qualifié en 1619 de vitrier.

En 1543, le 28 mai, eut lieu au petit cimetière l’enterrement du « verrier de Villefranche » qui résidait à l’hôpital.

Léonard Roch qui, le 14 mars 1543, fut parrain de Laurent fils de Laurent Girodet « hoste du Lyon et fourbisseur d’espées » est qualifié de « painctre ». On ne peut certainement pas affirmer qu’Antoine Riz et Léonard Roch aient travaillé aux vitraux de N-D des Marais ; mais il n’en est pas de même de André Aleyne « painctre et verrier de Villefranche » qui fut parrain d’André, fils de Jehan Johannet, boulanger, le 15 avril 1543. Sa double qualification indique sans conteste un peintre de vitraux.

Après la prise de la ville par les huguenots en 1562 et après la paix de St-Germain, 8 août 1570, il fallut réparer les dégâts faits à l’église par les religionnaires.

Avant 1858, on lisait au bas d’une guirlande de feuillage, seul vestige de l’ancien vitrail de la chapelle de St-Roch, la date de 1580. Le 4 janvier 1592 Symon… « verrier », faisait baptiser son fils François. Omisit cognomen, dit l’acte. Enfin la même année, apparaît pour la première fois le nom de Paul de Boullongne dont on suit la trace dans les registres paroissiaux jusqu’en 1623. Il est parrain de Paul, fils de Claude Dupalaix le jeune, tailleur d’habits. Dans l’acte au bas duquel sa signature est apposée, il est qualifié de c paintre, demeurant en cette ville » ; dans un autre acte de 1610 on l’appelle « peintre vittrier ».

Paul de Boullongne était certainement de la famille de ces de Boullongne ou de Boulogne qui illustrèrent la peinture française pendant le cours du xviie siècle et une partie du xviiie. On ignore son origine. Peut-être était-il de Paris, comme Louis de Boullongne, le premier de la dynastie ?

Quoiqu’il en soit, il parait avoir joui dans sa villed’adoption d’une réelle considération, et par son mariage avec Catherine Jallier, il fut apparenté aux meilleures familles du Beaujolais.

Catherine Jallier était en effet la nièce de Pierre Valsol, docteur en droits, avocat et juge d’appeaux au bailliage de Beaujolais. Sa famille certainement originaire de Thizy[2] était fort nombreuse. Une de ses sœurs Suzanne s’était mariée le 8 janvier 1583 avec Louis du Crozet, sieur du Roquet, fils de Claude du Crozet, procureur du roi et de Catherine Gaspard. Une seconde, Jane, épousa Claude Mercier, marchand ; une troisième, Claudine, épousa Claude Cue, aussi marchand ; on connaît encore, Louise, Claudine, et Gabriel, prêtre sociétaire de N-D des Marais. Leur père était sans doute Pierre Jallier, docteur en droits et juge de Thizy.

De son mariage avec Catherine Jallier. Paul de Boullongne eut neuf enfants ;

1° Loys, baptisé le 3 janvier 1599 eut pour parrain son oncle Louis du Crozet et pour marraines Vérane de Romans, femme d’Étienne de la Roche, lieutenant général civil et criminel au bailliage de Beaujolais et Marie Hacte, femme de l’enquêteur Delasalle.

2° Antoine, baptisé le samedi 24 mars 1600 qui eut pour parrain honnête Buye, bourgeois et pour marraines Néma Roland et Philiberte Versaud.

3° Loyse, baptisée le mercredi 11 février 1601 ; parrain Me Pernet Delasalle enquesteur de ce pays de Beaujolois ; marraines, dame Loyse Bessie femme de M. l’avocat du roy aud. pays, Christophe Flot, et dame Suzanne Jally (Jallier), femme de M. du Crozet, bourgeois de Villefranche.

4° Lydie, baptisée le dimanche 11 août 1602 ; parrain Pierre Jallier, docteur en droits et juge de Thizy ; ses marraines Lydie Renaud, veuve de feu noble de Richard de Sarracin et Loyse Jallier.

5° Jeanne, baptisée le 27 octobre 1604, son parrain Thomas Jouanard, boucher et sa marraine Claire Bérer.

6° Gabriel, baptisé le 6 janvier 1606 ; parrain Gabriel Jallier, prêtre et sociétaire de Villefranche ; marraines Lucrèce Mabiez et Bénigne du Crozet.

7° Antoine, baptisé le 2 décembre 1610 ; parrain noble Guillaume Gaspard, seigneur de la Beluyse, conseiller du roi et élu du pays de Beaujolais ; marraine, Claudine Gaspard.

8° Charlotte, baptisée le 7 août 1612 ; parrain Ligier Donet, maître peyrolier ; marraine Charlotte d’Agreolles.

9° Pierre, baptisé le 3 février 1615 ; parrain Pierre Bohaire, painctre ; marraine, Antoinette Bonnet.

Paul de Boullongne fut grand-père en 1622, en même temps que parrain de sa petite-fille Bénigne, fille de Thomas Delaye, pâtissier et de sa fille Lydie. Sa signature est apposée à l’acte avec celle de Bénigne du Crozet sa nièce, une des enfants de Louis du Crozet et de Suzanne Jallier. À partir de cette date, on perd sa trace, d’autant plus facilement que les registres des mariages et des décès de cette époque sont en déficit.

Ferdinand Duhe est qualifié de peintre, en 1603 ; il était marié à Marie Chevilliard qui fut marraine d’un des enfants du peyrolier Ligier Donet.

Pierre Bohaire qui fut parrain du dernier enfant de Paul de Boullongne travaillait probablement avec ce dernier. Il était marié avec Louise Degut. Paul de Boullongne fut en 1613 le parrain de son premier enfant Antoinette. Pierre Bohaire eut successivement Just, Gaspard, Françoise et Claude. Dans l’acte de baptême de Gaspard, de 1615, il est qualifié de « painctre et victrier », il fut donc sans conteste un peintre en vitraux.

Telle est la liste des artistes qui ont contribué à la décoration de N-D des Marais. Il reste malheureusement peu de choses de leur œuvre. Les guerres religieuses, la main des hommes aussi bien que les injures du temps se sont liguées pour les anéantir à peu près en totalité. Contre les éléments ou la fureur populaire il n’y a rien à dire, car on ne peut rien empêcher. Mais que dire des dévastations causées par l’ignorance, telles celles commises il y a cinquante ans ! Que dire des imageries modernes qui ont remplacé les splendides verrières d’autrefois La renaissance du vitrail de nos jours nous est garant que de pareilles erreurs ne se reproduiront plus.

Dr A. Besançon.
  1. Des déprédations avaient été commises antérieurement par des amateurs avec la complicité, inconsciente sans doute, de personnes qualifiées plus que toutes autres pour les empêcher. La lettre ci-dessous, adressée par M. Chanrion, maire, à M. de Sermezy à Charentay, le 17 avril 1835 (Arch. de Villefranche, D 38, dossier 8, f° 85 v°) est intéressante à reproduire :
    « Il parait qu’il y a quelques années, M. Carraud, marchand de bas à Lyon, ainsi que vous, Monsieur, auriez, du consentement sans doute de M. le curé de cette ville, fait prendre dans l’église divers vitraux coloriés qui en faisaient l’un des principaux ornemens, vitraux que vous auriez fait remplacer par des verres blancs. M. Carraud, qui a senti que ces vitraux ne lui avaient pas été régulièrement concédés, M. le curé n’étant pas le maître d’en disposer, s’est empressé de rendre ceux qu’il avait en sa possession, sur la simple invitation qui lui en a été faite. D’un autre côté, M. le sous-préfet me signale que vous êtes possesseur de plusieurs vitraux de notre église, qui ont été détachés par vous des croisées de cette église, par le nommé Janin, vitrier en cette ville et autres ouvriers ; il m’engage à vous inviter à les faire rapporter ».
    On ignore la suite donnée à cette réclamation.
  2. 25 mars 1483. Donation par Pierre Jailler bourgeois de Thizy d’une pension de 20 s. à la société de St-Georges. (Arch. Rhône, fonds des chapelles de Thizy, St-Georges, liasse 1.) — 1480. Vente par Hemery de la Roche à Antoine Jailly, bourgeois de Thizy de prés et bois à Lagresle. — 7 août 1578. Devant Pierre Jallier, juge ordinaire des terres de Thizy, etc… donation aux sociétaires de St-Georges de Thizy de 10 s. t. de pension annuelle par Robert Tricaud. (Les Tricaud en Beaujolais. Lyon. 1903)