Rêve de d’Alembert, où Bordeu entre en scène avec d’Alembert et mademoiselle de Lespinasse, est bien plus scientifique. Elle est aussi fort intéressante, en ce qu’elle expose, d’une façon très-originale et très-spirituelle, les théories du précurseur de Bichat, — quoique Diderot, prenons-y garde, ne se fasse pas faute d’attribuer çà et là, au docteur béarnais, des vues qui lui sont propres[1].
À propos de la sensibilité et de l’appareil nerveux. Bordeu dit à mademoiselle, de Lespinasse :
Il y a autant d’espèces de toucher qu’il y a de diversités dans les organes et les parties du corps.
Et comment les appelle-t-on ? Je n’en ai jamais entendu parler.
Ils n’ont pas de nom.
Et pourquoi ?
C’est qu’il n’y a pas autant de différence entre les sensations excitées par leur moyen, qu’il y en a entre les sensations excitées par le moyen des autres organes.
Très-sérieusement, vous pensez que le pied, la main, les cuisses, le ventre, l’estomac, la poitrine, le poumon, le cœur, ont leurs sensations particulières ?
Je le pense. Si j’osais, je vous demanderais si parmi ces sensations qu’on ne nomme pas…