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CHAPITRE XXV.}}

DES PHILOSOPHES QUI SE SONT SIGNALÉS SOUS LE RÈGNE DE SÉDÉCHIAS, ROI DES JUIFS, ET DE TARQUIN L’ANCIEN, ROI DES ROMAINS, AU TEMPS DE LA PRISE DE JÉRUSALEM ET DE LA RUINE DU TEMPLE.

Sous le règne de Sédéchias, roi des Juifs, et de Tarquin l’Ancien, roi des Romains, qui avait succédé à Ancus Martius, le peuple juif fut mené captif à Babylone, après la ruine de Jérusalem et du temple de Salomon. Ce malheur leur avait été prédit par les Prophètes, et particulièrement par Jérémie, qui même en avait marqué l’année. Pittacus, de Mitylène, l’un des sept sages, vivait en ce temps-là, et Eusèbe y joint les cinq autres, car Thalès a déjà été mentionné, savoir : Solon d’Athènes, Chilon de Lacédémone, Périandre de Corinthe, Cléobule de Lindos, et Bias de Priène. Ils furent nommés Sages, parce que leur genre de vie les élevait au-dessus du commun des hommes, et comme ayant tracé quelques préceptes courts et utiles pour les mœurs. Du reste, ils n’ont point laissé d’autres écrits à la postérité, si ce n’est quelques lois qu’on dit que Solon donna aux Athéniens. Thalès a aussi composé quelques livres de physique, qui contiennent sa doctrine. D’autres physiciens[1] parurent encore en ce temps, comme Anaximandre, Anaximène et Xénophane[2]. Pythagore florissait aussi alors, et c’est lui qui porta le premier le nom de philosophe[3].

CHAPITRE XXVI.

FIN DE LA CAPTIVITÉ DE BABYLONE ET DU RÈGNE DES ROIS DE ROME.

En ce temps-là, Cyrus, roi de Perse, qui commandait aussi aux Chaldéens et aux Assyriens, relâchant un peu de la chaîne des Juifs, en renvoya cinquante mille pour rebâtir le temple. Mais ils se bornèrent à en jeter les fondements et à dresser un autel, à cause des courses continuelles des ennemis, de sorte que l’ouvrage fut différé jusqu’au règne de Darius. Ce fut alors qu’arriva ce qui est rapporté dans le livre de Judith que les Juifs ne reçoivent point parmi les livres canoniques. Or, sous le règne de Darius, roi des Perses, les soixante-dix années prédites par Jérémie étant accomplies, la liberté fut rendue aux Juifs, pendant que les Romains chassaient Tarquin le Superbe et s’affranchissaient de la domination de leurs rois. Jusque-là, les Juifs eurent toujours des prophètes ; mais à cause de leur grand nombre, il y en a peu dont les écrits soient reçus comme canoniques, tant par les Juifs que par nous. Sur la fin du livre précédent, j’ai promis d’en dire quelque chose, et il est temps de m’acquitter de ma promesse.

CHAPITRE XXVII.

DES PROPHÈTES QUI S’ÉLEVÈRENT PARMI LES JUIFS AU COMMENCEMENT DE L’EMPIRE ROMAIN.

Afin que nous puissions bien voir en quel temps ils vivaient, remontons un peu plus haut. Le livre d’Osée, qui est le premier des douze petits prophètes, porte en tête : « Voici ce que le Seigneur a dit à Osée du temps d’Ozias, de Joathan, d’Achaz et d’Ezéchias, rois de Judée[4] ». Amos de même dit[5] qu’il prophétisa sous Ozias ; il ajoute et sous Jéroboam, roi d’Israël, qui vivait vers ce temps-là. Isaïe, fils d’Amos, soit du prophète, soit d’un autre Amos, indique au commencement de son ouvrage[6] les quatre rois dont parle Osée au début du sien, et déclare comme lui qu’il prophétisa sous leur règne. Michée marque aussi le temps de sa prophétie après Ozias[7], sous Joathan, Achaz et Ezéchias. Il faudrait joindre à ces prophètes Jonas et Joèl, dont l’un prophétisa sous Ozias, et l’autre sous Joathan, au moins selon les chronologistes, car eux-mêmes n’en disent rien. Or, tout cet espace de temps va depuis Procas, roi des Latins, ou Aventinus, son prédécesseur, jusqu’à Romulus, roi des Romains ou même jusqu’au commencement du règne de son successeur Numa Pompilius ; car l’époque d’Ézéchias se prolonge jusque-là. Ce fut donc en cet espace de temps que jaillirent ces sources de prophéties, sur la fin de l’empire des Assyriens et au commencement de celui des Romains. Comme en effet c’est à la naissance de la monarchie des Assyriens que les promesses du Messie furent faites à Abraham, elles devaient être renouvelées à ces prophètes

  1. En ces premiers âges de la science, physicien et philosophe, c’est tout un, la physique ayant pour objet la phusis tout entière, c’est-à-dire l’ensemble des choses
  2. Xénophane de Colophon, chef de l’école Eléatique, florissait vers 550 ayant J.-C
  3. Sur ces philosophes, voyez plus haut, livre 8, chap.2 et les notes
  4. Ose. 1,1
  5. Amo. 1,1
  6. Isa. 1,1
  7. Mic. 1,1